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Eclaircie après la pluie -
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19 mars 2010

Jeu de la mort

Défi(nition) : Nouveau jeu qui fait un malheur parmi les jeunes dans les cours de récréation pour frôler la mort ou émission de télévision sur France2 qui dénonce la télé-réalité où la fiction est mélangée avec une réalité (de personnes sélectionnées, briefées par la production, enfermées pendant un certain temps -tant que les personnes enfermées avec vous, veulent bien de vous -, dans un studio de TV avec un décor proche de la vraie vie, regardées par des téléspectateurs transformés en voyeurs).


Chantal Jouanneau : vive la karaté                

 


La Une de Libération annonçant un Dossier sur le jeu   

Vous l'avez compris, le retour que j'avais effectué sur la soumission n'avait pas été inspiré par cette émission documentaire du journaliste C. Nick dont le propos était de transposer à la télévision une expérience réalisée par le psychologue social Milgram en1963 à l'université de Yale (et relatée par ses soins dans un ouvrage paru en 1974 chez Calmann-Lévy et réédité depuis) mais par un dossier consacré à ce thème par la revue Sciences Humaines. Cela était pour moi l'occasion de revenir sur des souvenirs marquants.
Depuis ce thème est largement entré dans l'actualité, je ne pouvais passe à côté sans m'y intéressé à nouveau même si ce sujet d'article était, somme toute, banal.

L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.

Je devais regarder cette émission bien que convaincus par l'expérience de Milgram qui a été beaucoup reprise depuis, tant au cinéma (voir I comme Icare de H.Verneuil) que par d'autres psycho-sociologues et je me souviens d'avoir vu à la télé un film allemand sur ce thème où des universitaires demandaient à des demandeurs d'emploi de participer à une expérience sans risque.
Les chômeurs étaient répartis en 2 groupes ; un groupe de prisonniers (incarcérés dans une prison) et un groupe de gardiens chargés de les surveiller dans leur geôle. Donc un groupe de sous-hommes soumis à la règle de la prison et des gardiens chargés de faire respecter cette règle carcérale qu'ils n'avaient pas choisie ( bref des personnes détenant l'autorité et à qui les prisonniers doivent obéir).
Au final ces prisonniers se révolteront contre leurs gardiens de plus en plus zélés. Ce petit monde reconstitué dans un décor réaliste, ira jusqu'au meurtre pour se défendre et les scientifiques voulant arrêter l'expérience, ne le pourrons et risquerons leur vie qui sera mise en danger par un des gardiens inoffensifs voulant devenir le nouveau démiurge.

I comme Icare/Tout feu tout flamme - VERNEUIL HENRI RAPPENEAU JEAN-PAUL L'Expérience

Ce film, le vous le conseille, tant il m'avait bouleversé, moi qui aime les jeux de rôle et qui joue pour gagner sa vie à recaser les demandeurs d'emploi jetés par les propriétaires des entreprises et leurs agents. Il s'appelle "L'expérience" de Oliver Hirschbriegel.
Cette émission,"Le jeu de la mort", a été largement annoncé dans la presse et dans d'autres émissions de TV.
Ainsi PHILOSOPHIE Magazine annonçait son partenariat en page de couverture avec ce titre en forme de question "La télé nous rend-elle mauvais ? ".
Télérama en a fait sa Une et a consacré des articles  à ce documentaire.



Illustration par des images du jeu de Télérama
(l'électocuteur ne voit pas l'électocuté)

Sachant que la plupart des intellectuels sont contre la télévision qui ne sert qu'à "rendre  disponible le temps de cerveau du téléspectateur pour les spots de publicité"(le PDG deTF1 dixit), on a envie en chœur de répondre "oui, elle nous rend bête sinon mauvais, pas  comme les penseurs qui sont capables de se passer si facilement de distraction, en sachant quand même s'amuser"." Je ne suis pas qu'un bonnet de nuit, je sais rigoler avec mes enfants", ajoutait le redacchef de Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix qui participait au débat qui a suivi, animé par Philippe Hondelatte. Lacroix n'a pas attendu les conclusions de cette émission pour ne pas regarder la TV. Maintenant, il est seulement bien content de ne pas l'avoir eu, "chaque fois qu'on l'éteint, le souffle froid de la mort nous caresse la nuque. ". Il ne faut pas beaucoup regarder la Télévision pour écrire aussi bien. Venir participer à une émission de TV et ne pas l'avoir cetteTV...
Dans le magazine, il a convié pour alimenter le dossier : l'écrivain et journaliste Jean-Claude Guillebaud qui écrit dans le Monde (dans le supplément télévision ): "Il y a un constat, une vérification expérimentale et scientifique que chacun de nous pressent depuis longtemps, estime l'auteur de la confusion des valeurs paru en 2009 chez Declée Brouwer, on pensait bien que la télévision mondialisée est engagée dans un processus de course à l'audience qui fait que la transgression est sans cesse reculée. Au bout du compte, on se dit que l'ultime étape de la captation de l'audience sera la mort en direct", le philosophe de la violence Yves Michaud, Bernard Stiegler, auteur de "la télécratie contre la démocratie", Jean-Louis Missika, sociologue des médias, Christophe Nick, l'auteur du documentaire intitulé "Le jeu de la mort" qui est le co-auteur avec P. Péan en 1997 chez Fayard d'un livre intitulé : "TF1, un pouvoir". Ce dernier dresse un tableau très sombre de l'évolution du paysage audiovisuel dans ce documentaire n'hésitant pas à monter des images, interdite au moins de 12 ans, pouvant choquer les enfants et les adultes qui pensaient ne voir qu'une émission sur un jeu TV,mais qui verra des images violentes tirées la téléréalité que l'auteur dénonce, telles "l'île de la tentation" ou cette émission étrangère où des médecins aguerris dissèquent devant un public médusé, des cadavres. Les candidats montrent qu'ils sont torturés par un conflit entre leurs valeurs morales acquises qui vont de soi en société ("tu ne tueras point"), ce qui n'empêcheras pas 81% d'entre eux de jouer jusqu'au bout et d'envoyer une décharge de 460 volts, dont il se demande si elle n'est pas mortelle compte tenu du râle puis du silence du candidat "répondeur" enfermé  et seul dans son caisson molletonné.
D'ailleurs,  qu'est-ce qu'un jeu télévisé réussi ?
C'est celui où la chaîne a obtenu une grosse part de marché qui rapportera beaucoup de publicités, donc beaucoup de tunes dans les poches de M. Bouygues, proprio. de TF1 dont M. Lelay est un collaborateur zélé qui a bien mérité une retraite heureuse dans sa Bretagne natale.

Soumission à l'autorité L'expérience extrême Convaincre sans manipuler Informer n'est pas communiquer

Donc France 2 a accepté ce dénigrement de la télé (la télé rend l'homme banalement méchant) qui était en réalité une charge contre la TF1 à une heure de grande écoute, TF1 le concurrent à imiter tout en gardant ses valeurs de service public. France 2 n'est pas maso. à ce point ! Mais la part de marché de cette émission racoleuse n'a été que de 18%. Dur de dénoncer la téléréalité avec les armes de la téléréalité. Une mort était annoncée, le téléspectateur affalé dans son divan, une bière à la main se sent flouer.
Ce téléspectateur n'est pas une "tarlouse" comme les rugbyman du Stade Français, il a l'habitude des morts ; des pilotes de F1, morts en direct, au volant de leur bolide dévoreur de carburant polluant, les cadavres d'Haïti après ceux du tsunami, ceux du Rwanda,...ces cadavres de pays lointains qu'on nous montre complaisamment au JT et à qui on a donné plein de sous ;  on s'habitue comme dans un jeu...vidéo.
- Et ce public des talk shows, des jeux, qu'on voit frémir sur tous les plateaux de télé, sert de 5ème injonction, d'ultime recours contre les "questionneurs" récalcitrants. Les débats se sont pas revenus sur le rôle de ce public dans l'expérience. On connait son rôle sur tous les plateaux de TV  ;  chauffé à blanc par un chauffeur de salle auquel il obéit aveuglément sous peine de ne pas voir l'émission depuis le studio. Le public lui-même obéit aux injonctions du chauffeur de salle, encourageant les candidats ou les huant, ce qui ne laisse pas ceux-ci indifférents à ces réactions qu'ils perçoivent comme spontanées.
Les candidats montrent qu'ils sont torturés par un conflit entre leurs valeurs morales acquises qui vont de soi en société ("tu ne tueras point", ce qui n'empêchera pas 81% d'entre eux de jouer jusqu'au bout et d'envoyer une décharge de 460 volts, dont il se demande si elle n'est pas mortelle compte tenu du râle puis du silence du candidat "répondeur" enfermé  et seul dans son caisson molletonné.

http://medias.lepost.fr/ill/2008/11/30/h-20-1341882-1228041205.jpg

Coin de cerveau disponible

- la plupart des candidats justifient leur comportement en prétextant qu'ils savaient que" ce n'était qu'un jeu" , "qu'ils avaient agi en connaissance de cause", ils oublient leur conflit intérieur qui les faisaient tous grimacer, ils oublient leur tentative de triches pour orienter les réponses du répondeur. Il s'agissait bien du Pilote d'un jeu télévisé où les candidats virtuels ne gagnaient rien qu'un modeste défraiement de 40 €.
C'est cette virtualité qui n'a pas été interrogée par les auteurs de cette émission. Elle a pu avoir une influence sur les candidats qui savaient que ce pilote de jeu servait de test et qu'il ne serait pas diffusé. Certes a posteriori, les participants n'ont pas refusé de passer à la télé. Commet lui refuser quoique ce soit !
En revanche C.Nick a bien insisté que tous les candidats se valaient.
- Ceux qui avaient accepté de baisser la manette, se reposant totalement sur l'animateur du jeu qui avec le public,  étaient les seules autorités visibles (l'une assumant toute la responsabilité, l'autre, le public, manifestant bruyamment sa frustration, l'animateur rappelant les questionneurs à leur contrat de départ,
- et ceux qui se sont levés pour dire que le jeu heurtait leur conscience.

La télévision (simple technique de communication) qui peut nous faire découvrir des animaux maltraités ou en voie de disparition, des populations martyrisées, des pays menacés ou détruits par les bombardements, les guerres qui ont lieu sur cette planète, les révolutions ou les catastrophes naturelles, relayant l'appel à nos dons...où parfois les émissions nous ouvrent les yeux sur l'extérieur quand nous n'avons pas les moyens matériels de voyager) n'est pas réellement mise  en cause, mais c'est le Système tout entier qui est contesté, sa gouvernance, son organisation, tout le dispositif déployé par la télévision actuelle, du taxi qui vient nous dérouler le tapis rouge à la gare, en passant par la maquilleuse sympa, en passant par l'animatrice encore plus belle en vrai, jusqu'à l'obéissant et coloré impressionnant public.
Donc le public  exerce son autorité en appartenant au dispositif mis en œuvre par la télé. Rien ne l'y oblige que la lubie de son PDG choisi par le Président de la république seul (pour la TV publique).
Espérons que ce Président est conseillé par d'autres philosophes que ceux qui ne regardent pas la télé.
Après cette émission vous ne regarderez plus la TV comme vous la regardiez avant ont prédit certains cerveaux non disponibles pour la publicité que tous les consommateurs paient sans le savoir.
La TV qui décervelle est un vieux débat dépassé, la question du temps disponible pour regarder des conneries reste entière, il existe certainement d'autres moyens de se détendre, rigoler avec  ses enfants par exemple ou tenir une chronique dans un journal quotidien, de référence, si possible, ou tenir un blog sur Internet qui subit lui aussi des procès. L'écran de notre portable n'a-t-il pas remplacé l'écran grandissant de notre étrange lucarne.

 Lucanus cervus, mâle

Au fait, luca(r)ne, ce coléoptère est-il en voie de disparition comme le thon rouge ? Zut je ne pourrais plus en manger.

 

 

Je finirais de mettre des photos et de corriger les fautes demain. Si vous souhaitez me donner un coup de main, n' hésitez pas.

 

 

 

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