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Eclaircie après la pluie -
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9 août 2011

Une mort aseptisée

Notre destinée biologique est la mort, nous avons tenté de la fuir alors que dès notre naissance nous sommes voués à sa disparition.

Pas l'humoriste et cinéaste, WOODY ALLEN qui a dit que :

"la vie était une maladie sexuellement transmissible".

Woody Allen à Cannes : « Je suis contre la mort ! »

"Je suis plutôt pessimiste, je l'ai toujours été, même enfant. Je suis un mélancolique, c'est comme ça. Un accident de la nature car ma sœur, elle, est plutôt d'humeur joyeuse. Pour moi, la vie est une expérience cauchemardesque. le seul moyen d'être heureux c'est de se mentir ! Nietzsche et Freud l'ont dit. Je suis d'accord. Pour être heureux, il faut vivre dans l'illusion car l'entreprise de la vie est plutôt attristante." (Woody Allen à Cannes - 2011)

Pourtant cette mort n'a jamais été autant virtuellement présente,

- à la télévision (films d'action, journaux télévisés...),
- au cinéma,
- dans les jeux vidéos.

La mort y est surreprésentée mais elle est tue des images. C'est une mort virtuelle.

Elle a toujours été confiée à des intermédiaires, tantôt religieux qui ont créé l'enfer et la résurrection pour faire peur et pour consoler.
Religieux encore importants de nos jours, pour enterrer les morts à l'église, tantôt civils qui en ont fait un métier lucratif, les "pompes funèbres", ou tantôt ésotériques.
La prise en charge collective est assurée. Il faut éliminer les cadavres producteurs de miasmes quand ils se décomposent.

La prise en charge individuelle n'est plus assurée que par des fossiles folkloriques, nostalgiques du passé quand l’Église était omniprésente (par des frères de charité appelés les Charitons), ou par les bigotes comme la tante Micheline, croyante qui lavait et habillait le mort en Dimanche pour aller voir Dieu, avant d’assurer une veillée avec la famille éplorée de la brebis égarée de Dieu, partie pour rejoindre le troupeau (cette prise en charge individuelle est gérée épisodiquement par le diocèse où agissent ces laïcs.)


Les frères de charité

On éloigne parfois la maladie honteuse que la médecine n'a pas su vaincre : "mort de vieillesse ou d'une longue maladie...".
Par euphémisme la rubrique nécrologique des journaux parle des décès, des disparitions...
On éloigne cette mort qui fait peur par des rites où l'homme s'est toujours distingué des animaux par ces rites funéraires, par le deuil. La rupture des liens avec le défunt est l'occasion des oraisons funèbres laudatrices.


Aujourd'hui un débat agite nos parlementaires, le débat sur l'euthanasie :

- l'euthanasie serait une mort choisie par la personne souffrante (elle demande la mort) avec l'aide de ceux qui l'accompagne dans la mort. C'est une mort rationnelle, propre (une simple piqûre), rapide  et sans souffrance. L'alternative est une mort dite douce (avec des soins palliatifs).

Il a existé en France un autre débat :
Celui sur la peine de mort : exemplarité de la peine maximale ou la mort est  laissée à la justice humaine.


La médecine a remplacé la religion.
Celle-ci est dotée d'un pouvoir magique. Repousser la mort, garder la jeunesse. La jouvence, comme on disait, les bains de jouvence.

Pourquoi avons-nous peur de la mort ?

Nous cherchons à la fuir, à l'éviter, à survivre coûte que coûte, toutes nos créations visent à nous rendre éternels : notre progéniture, l'art doivent y contribuer... On cherche à perdurer, à se pérenniser alors que notre corps se réduira en poussière.

La maladie est refusée.
Le malade l'a bien cherché. Il est responsabilisé, au pire il aurait pu guérir comme a su le faire Servan-Schreiber qui est mort quand même.
Au moins ma maladie à moi, n'est pas encore guérie par la médecine, au pouvoir omnipotent. On appelle ça une maladie orpheline ou rare. Pas si rare parce que 3 millions de personnes en sont touchées, presqu' autant que la maladie d'Alzheimer ( 35 millions dans le monde aujourd'hui).
Au moment du diagnostic, on découvre sa propre mortalité. Mais il ne faut pas l'évoquer car ainsi on augmente l'espérance de vie. La finitude de l'homme est ainsi toujours tue bien qu'évidente.
Pourtant cette vie prolongée nous parait dérisoire, cette vie remplie par le travail salarié où le salarié n'est qu'un esclave obéissant. Nous renonçons aux nouveaux amis, à la consommation qui fait de nous des acteurs économiques. Nous renonçons à être acteur tout court, sachant les vanités de cette vie si courte devant l'éternité de la disparition, malgré la mort médicalisée, aseptisée, niée, ou douce  ou qui appelle une renaissance selon les religions ou les gourous d'une science au service de leur folie.

Pourquoi taire la mort ?
On devrait parler de celle-ci dès notre plus jeune age pour nous y préparer puisqu'elle est inéluctable.
Finalement on y est accoutumé sans le savoir, en voyant les animaux disparaitre, en nous rendant au cimetière, en écoutant des histoires d'ogres ou de sorcières...
La mort n'a pas disparue, elle nous est de plus en plus insupportable, nous la tenons à distance (l'espérance de vie augmente, notre génération  n'a pas connu la guerre avec ses voisins, un pet de travers et nous courons chez le médecin qui nous envoie à l’hôpital), nous mourons de plus en plus loin des nôtres dans des structures médicalisées.

" je vais mourir, je voudrais parler de mon expérience, de mes peurs, de ce j'ai accompli, de mes peines, de mes joies...
- je n'ai pas le temps et puis arrête de radoter. Arrête de monter le bourichon aux jeunes qui doivent réussir leur vie entamée.
- Je voudrais parler de ce que j'espère pour...Ah, je me meurs, tant mieux pour tout le monde, je disparais, vous n'entendrai ce vieillard chercher un sens à la vie."

Render Jeux vidéo - Renders Darksiders 2 death mort cavalier de l apocalypse horseman

 

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