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Eclaircie après la pluie -
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12 octobre 2010

Un mythe biblique, David et Goliath ou Kerviel et le Société Générale

Dans le mythe David et Goliath, quel le petit, quel est le géant ?

Quel est celui qui nous venge quand nous sommes petits et que nous devons accepter l'autorité des parents ? Ne serait-ce pas David qui avec son épée coupe la tête du géant Goliath ?

Le mythe biblique les a immortalisés. L'un ne va pas sans l'autre comme Abel et Caïn, Tristan et Iseult ou Sodome et Gomorrhe (Dans la Genèse, Gomorrhe fut l'une des deux villes détruites - Sodome et Gomorrhe - au temps d'Abraham par une « pluie de feu » venant de Dieu, en raison des mauvaises mœurs de ceux qui y vivaient).

http://www.mml.cam.ac.uk/aspects/assets/amw56/Fr3/Images/tristan.jpg
Tristan et Iseult

Le petit qui triomphe du grand, çà nous a tout le temps réjoui, comme une vengeance de l'éducation qui nous humilie en même temps qu'elle nous élève. Elle pointe ce que nous ne savons pas...encore. Soyons patients et curieux, nous saurons un jour et nous serons plus hauts que nos maîtres. N'est-ce pas le but de toute éducation : que "le disciple dépasse le maître" ? Le maître en est parfois bouleversé au point de perdre la tête.
Dans le récit biblique, David coupe la tête du géant Goliath qui pensait triompher facilement  et ainsi faire gagner son peuple, les philistins contre ces hébreux envahisseurs venus d'Égypte.

Fichier:David and Goliath by Caravaggio.jpg

Le caravage vers 1599 David et Goliath

Il existe d'autre versions par Le caravage de David et Goliath, en 1610 et 1607.

Puisque vous êtes curieux (n'avez-vous pas dépassé votre maître), vous vous êtes demandé d'où pouvez bien venir ce mythe de "Tristan et Iseut". A moins que vous ne le sachiez déjà ? Tant pis pour moi, je ne pourrez pas jouer au maitre, d'ailleurs j'ai dépassé l'âge et l'envie de jouer. Et puis je ne le savais pas.
C'est un récit celte du moyen age qui raconte l'histoire d'un couple passionné mais c'est une histoire triste puisque les deux amants meurent à la fin, mais ce n'est pas notre propos et si vous voulez en savoir plus, lisez ce récit ou rendez vous sur ce site ( vous pouvez cliquer ici).

                            Kerviel-Bouton. Le face à face
Kerviel et Bouton (l'ancien PDG de la Société Générale)
 

Revenons à notre David national, celui qui veut se faire passer pour un héros anonyme qui a défié sa banque, voulant faire oublier qu'il n'était qu'un simple trader qui est devenu déviant, qui n'a plus joué le jeu de l'employé subalterne, docile, au service de l'enrichissement de sa banque qui le prenait pour quantité négligeable avant qu'il ne lui fasse perdre 4,9 milliards d'euros, alors qu'il aurait voulu que sa machine, son ordinateur lui en fasse gagner plus en spoliant ceux qui avait confié leurs économies à cette vénérable banque qui était aussi véreuse que lui.
Jérôme Kerviel en peu de temps est passé de petit trader sans envergure que l'on ne surveillait même pas, (tant son employeur avait tout confiance en lui, cet employeur qui lui avait confié si peu de responsabilités) à quelqu'un capable de faire vaciller une banque et qui plus est,  en pleine crise financière (qu'on est pas loin de lui reprocher de l'avoir provoqué), qui était même sur le point de faire vaciller le système financier internationale dans son ensemble.
Le tribunal a jugé en droit, Kerviel n'était qu'un petit trader machiavélique, à qui la Direction dans le cadre de son contrat de travail lui avait prescrit des taches qu'il exécutait en toute autonomie sans être contrôler obligatoirement. Ce contrôle, éventuellement défaillant, ne relève pas du tribunal . La Société Générale n'a commis aucune faute au regard de la loi, seul son employé est coupable de l'avoir trompé.

http://blog.crdp-versailles.fr/hgmetiers302a/public/traderG_468x310.jpg

Il est vrai que cette progression a été provoquée par Kerviel lui-même et son système de défense qu'a approuvé son dernier conseil, maitre Metzner qui est aussi le conseil de la fille de Liliane Bettencourt, qui a accusé sa mère d'être un peu zinzin et de dilapider sa fortune auprès d'un photographe qui réchauffait sa vie terne, d'une personne fortunée et malheureuse.

D'abord Kerviel est passé pour un petit trader dont l'anonymat avait l'air de convenir, puis on le vit à la télé où il donnait des interviews, puis il sortit un livre sur son affaire,"l'engrenage", où il passait pour une victime de la banque qui fermait les yeux quand il rapportait de l'argent et qui l' attaquait quand il en perdait. Enfin  arriva son procès où il fut si largement condamné que l'opinion publique prit fait et cause pour lui.
On a eu l'impression que la banque se vengeait à son tour de ce "David" qui la présentait sous un mauvais jour.

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Le tribunal a jugé en droit, Kerviel n'était qu'un petit trader machiavélique, à qui la Direction dans le cadre de son contrat de travail lui avait prescrit des taches qu'il exécutait en toute autonomie sans être contrôler obligatoirement. Ce contrôle, éventuellement défaillant, ne relève pas du tribunal . La Société Générale n'a commis aucune faute au regard de la loi, seul son employé est coupable de l'avoir tromper.

La banque est devenue la mal-aimée du grand public qui voit en elle une institution aidée par l'État qui devait moraliser le capitalisme. La banque est sortie de la crise indemne. Les profits sont revenus, la hiérarchie d'antan qui a été virée, est partie avec de l'oseille, plus riche qu'elle n'était en rentrant. La banque ne fait pas de prêt à l'économie réelle; elle préfère toujours gagnée de l'argent sur les marchés financiers avec ces traders qui l'enrichissent.

A l'inverse, Kerviel est apparu effectivement comme une victime, contre lequel le tribunal s'est acharné en prescrivant la peine maximale et des dommage et intérêts qu'il ne pourra pas payé en versant ces dommages et intérêts durant toute une vie à la banque. Celle-ci l'a bien compris et a fait savoir qu'elle n'en demandait pas tant?

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Elle voulait simplement continuer à fonctionner comme avant et que la faute de Kerviel soit entièrement reconnue sans que la banque est faillie, auquel cas ses actionnaires auraient été en droit de lui réclamer réparation.
La banque a toujours fonctionné comme cela, s'enrichissant sans cesse, avec la façade des succursales en marbre, avec des employés qui montaient dans la hiérarchie (ceux que la même hiérarchie coopte) et qui était mieux payés que les autres qui n'avait pas eu la chance de rentrer dans ce secteur de services.
Il apparait maintenant que l'opinion publique ne supporte plus cet enrichissement, elle souhaite plus de justice, au moment où on demande des sacrifices, même aux plus pauvres, pour combler les déficits du budget de l'État et des comptes sociaux (sécurité sociale, retraites....). Maintenant, on parle d'affaire kerviel/Société Générale là où l'on aurait parlé de l'escroquerie de Kerviel. En plus ce dernier ne s'est pas enrichi lui-même, son "escroquerie" visait à le faire passer pour un grand trader aux yeux de la banque et de sa hiérarchie pour monter lui-même. Où est le scandale, si la banque veut survivre dans ce système et pérenniser le travail de ses140 000 salariés ? Ce même enrichissement de la banque ne faisait pas scandale tant que Kerviel rapportait de l'argent. On a parler de l'affaire quand il a commencé à en faire perdre à sa banque.

http://www.midilibre.com/img/photos/biz/diaporama/1415833/kerviel.jpg

Kerviel entouré de son avocat

Kerviel est vite passé pour un bouc-émissaire et on a commencé dans les médias à évoquer la corporation des traders dont les conditions de travail étaient dantesque. De nombreux livres, écrits par d'anciens traders, sont parus à ce sujet pour nous faire pleurer sur leur sort.

Ceci dit, l'analyse du système financier qui est opaque, est intéressante mais ce n'est pas un point de vue judiciaire qui ne condamne que les comportements individuels fautifs.
On peut supposer aussi qu'un seul homme peut mettre en péril une banque et même toute la finance française. Cet homme est banal quelqu'un issu de la classe moyenne qui veut intégrer l'aristocratie de la banque, les traders en faisant mieux qu'eux et qui est dépassé par la mécanique qu'il a imaginée. Mais ces fraudes-là sont exceptionnels et ne peuvent être le fait de personnes qui ont une connaissance globale de l'entreprise (y compris du back-office) avec un excès de confiance lié aux gains antérieurs qui fait perdre la raison et on est amené à prendre des positions aléatoires.
Les banques sont conscientes de ces phénomènes, elles qui mettent en place des contrôles (mais les contrôleurs n'ont pas envie de se fâcher avec les traders qui apporte l'argent que la banque gagne) ou répartissent leur risque et limite l'action des traders.
Ainsi Kerviel, celui qui venait du back-office, a donné l'apparence de la réussite ( on gagne 10 fois plus en étant trader qu'en restant au back-office)  après de ses collègues, de ses amis, de sa famille, mais le personnage réel connait l'ampleur de ses pertes.
De quoi devenir schizophrène comme Jean-Claude Romand, le faux médecin qui a trompé toute son entourage puis à tué toute sa famille. II fallait à tout prix caché l'ampleur du désastre tel un joueur qui, croit se refaire en continuant à jouer.

Emmanuel CarrèreEmmanuel Carrère a publié un roman sur Romand "l'adversaire"

Quand les transactions sont fructueuses il n'est pas rare de voir des bonus être distribués aux opérateurs qui multiplient ainsi leur salaire fixe, cela n'incite pas à aller chercher des noises à ceux qui permettent ces  gains.
La moindre perte est souvent difficile à encaisser par les traders qui peuvent perdre à la longue leur sang-froid, même si souvent les choses s'arrangent à moyen terme. Il ne faut pas prendre trop de risque et savoir abandonner une position même si on perd.
Jérôme Kerviel a su gérer le poids psychologique de ses transactions dans le montrer.

Il est passé au yeux de la population française comme un héros qui, a mis en péril, seul, sa banque symbole du capitalisme particulièrement rejeté en France, tout au moins ses excès. Il s'est ainsi attiré l'indulgence et la sympathie de ceux qui rejettent le pouvoir et ses complices de la finance.
Celle-ci est opposée à l'industrie qui produit des biens tangibles, "made in France", alors que la crise a accentué les transferts vers les pays émergents avec son lot d'entreprises qui jettent à la rue ses ouvriers.

http://www.casawaves.com/images/industrie%20francaise.png

 

La France a connu et admiré d'autres Robin des bois, des David qui se sont levés devant des Goliath pour les faire fléchir sinon les battre alors qu'il était a priori donnes pour perdant.
Par exemple, De Gaulle, ce petit mais grand par la taille, Général de brigade a résisté depuis Londres au défaitisme du maréchal Pétain et à l'envahisseur allemand.

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/image/Resistance/AppelGalDeGaulle18juin40.jpg

De même l'équipe de foot du Luxembourg, constituée d'une majeure partie d'amateurs a su résister avec vaillance à une équipe de France qui n'a pu lui marquer que 2 buts.
 
Kerviel qui ne veut pas être le seul responsable et son conseil ont fait appel du jugement du Tribunal Correctionnel de Paris. Affaire à suivre donc. A terme, la stratégie de défense de maitre Metzner qui est apparue comme calamiteuse (il a dressé le tribunal, contre Kerviel qui fut sévèrement condamné) va-telle devenir payante : faire appel à l'indulgence de l'opinion publique qui défends toujours David contre Goliath.

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