Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Eclaircie après la pluie -
Eclaircie après la pluie -
Publicité
12 août 2011

Le lobbying, est-ce sale ?

LOBBYING, encore un anglicisme qui ne s'impose pas. En bon français on pourrait dire "groupe de pression" ou "groupe d'intérêts communs", un peu long il est vrai et ce mot est même péjoratif quand aujourd'hui on dénonce les groupes d'intérêts en politique.

Il (ce lobbying) est inhérent à l'économie de marché. Comme le marketing ou la pub.

Tout entreprise est fière de son produit et doit le faire savoir au consommateur qui le choisira plutot que celui de son concurrent.

De quels moyens disposent l'entrepreneur et ses collaborateurs : de tous les vecteurs de communication dont la communication directe auprès des prescripteurs (des décideurs qui influencent le consommateur potentiel qui a confiance en son prochain (son médecin, sa femme de ménage, son épicier, son professeur, le politique qu'il a élu...)

Alors ce n'est pas sale de faire du lobbying.

 Les humanitaires font aussi du marketing direct pour accéder aux dons et utilisent aussi les techniques de l'identité visuelle pour se distinguer de leurs concurrents ; les industriels de l'industrie pharmaceutique doivent faire savoir aux médecins qu'il ont trouvé une nouvelle molécule qui soigne. Les parlementaires sont informés avant de voter une loi...

Ce qui pourrait être sale est l'économie de marché. C'est un autre débat.

Encore faudrait-il ne pas dévoyer ce lobbying ! Même les tenants du capitalisme ultra-libéral sont obligés de le réguler (empêcher les lobbys d'offrir des cadeaux trop ostentatoires aux prescripteurs ou aux politiques.)

Prenons au hasard quelques exemples :

  1. - Le lobby du vin
  2. - Celui des médicaments
  3. - Celui de l'Europe. les lobbyistes de Bruxelles.


    • - Les producteurs de vin (la filière vini-viticole) se sont organisés pour défendre, promouvoir leur breuvage auprès des Français et de leurs représentants au parlement tant l'alcool est réglementé, s'agissant d'un produit qui influe sur la santé publique qui préoccupe les parlementaires, écartelés entre le clientélisme et l'amélioration de la santé de leurs électeurs.
    Certains parlementaires ont déjà choisi leur camp, celui de la défense systématique de cette filière quand une restriction sur le vin apparaît. ils se sont organisés en association : l'ANEV (association nationale des élus de la vigne et du vin).
    Ces lobbyistes luttent contre les autorités sanitaires qui souhaitent par  un durcissement de la loi Evin, notamment et organisent de nombreux colloques et réunions diverses qui utilisent les arguments favorables d'études pour montrer que le vin ,"injustement diabolisé", "consommé modérément", est excellent pour la santé, que l’alcool n'est pas une drogue, que le vin est différent des alcools forts, que c'est un produit traditionnel de l'agriculture comme le cidre. Ce lobbying semble payant en France où le vin a été réintroduit dans les buvettes des stades, où l'alcool n'est pas interdit au volant quelque soit l'age (il suffit d'être majeur).
    Thème favori de ces lobbys dans leur colloques : "Vin et santé : la vérité".


    Illustration: une bouteille d'alcool et des verres.


    Inversement, il y a les anti-alcool, les anti-nucléaires, les anti-ogm (on aura reconnu les écologistes durs, les ayatollahs de l'environnement que pourfend Luc Ferry), les anti-climatosceptiques.
    Sont-ils également des lobbyistes comme les autres ?
    Ils défendent des idées, ils pensent que ces produits sont dangereux, que la planète se réchauffe ; ils ont des arguments pour affirmer leurs dires ; ils sont convaincus et veulent se protéger et pourquoi pas les autres aussi ; en démocratie, ils peuvent s'exprimer, ils n'ont aucun intérêt financier ; pas comme ceux, les industriels qui vendent leur produits sains, inoffensifs, qui ne produisent pas de co2 qui risquerait de réchauffer la planète.
    Ainsi toutes les entreprises du CAC 40, aujourd'hui, pratiquent le "greenwashing" (Le terme Greenwashing est un terme anglophone qui peut être traduit par verdissement d'image. Le terme Greenwashing est utilisé par les groupes environnementaux pour désigner les efforts de communication des entreprises sur leurs avancées en termes de développement durable, avancées qui ne s’accompagnent pas de véritables actions pour l’environnement, mais qui améliore la rentabilité) et le font savoir (ça, c'est du lobbying).
    La grande distribution vend aussi des produits bio, dont l'impact social et environnemental, sont parfois très néfastes (notamment production éloignée...).
    EDF est le principal producteur d'énergie nucléaire en France et d'énergie renouvelable (il ne faut pas mettre ces œufs dans le même panier, on ne sait jamais ces écolos peuvent convaincre les électeurs comme en Allemagne et Sarko peut imiter Merkel). En revanche, on voit mal AREVA dénigrer le nucléaire, elle qui recycle le combustible usé (l'uranium) jusqu'à ne pas être très transparente pour ne pas divulguer son activité aux concurrents. Il y a des limites à ne pas franchir comme la radioactivité de la catastrophe de Tchernobyl dont on nous a assuré que les déchets irradiés transportés par l’atmosphère, n'avaient pas franchi la frontière.franco-allemande (une vraie ligne Maginot).

  • Les lobbyistes professionnels, ceux dont c'est le métier à plein temps qui sont payés par leur client pour faire pression sur les politiques et qui interviennent auprès des parlementaires, ont vu leur activité encadrée depuis une loi,tardive, mise en application en 2010. Cette loi vise à éviter les dérapages de certains lobbyistes  manipulateurs qui agissent de façon inacceptable voir illégale, ne se bornant pas à informer de manière objective les députés sur des réalités de plus en plus complexes  mais en influençant leur décision dans le sens des intérêts particuliers.

Ces lobbies économiques (les seuls vrais lobbies où des risques de trafic d'influence ou de corruption existent),  travaillent pour des entreprises privées ou publiques dont elles défendent les intérêts particuliers  ou pour des fédérations professionnelles. On connaît le lobby bancaire, le lobby du sucre...et bien d'autres...Le lobby de l'industrie  pharmaceutique qui a fait parler de lui,en ces temps peu sûrs où la maladie est devenue insupportable, où les dépenses de santé ont explosé provoquant des trous à la sécurité sociale et ailleurs.
Les lobbies "sociaux" sont aussi des groupes d'influence qui mettent en œuvre des stratégies de communication. Prenons comme exemple les associations humanitaires, pour faire affluer les dons des généreuses personnes qui ont mauvaises consciences,celles-ci utilisent les techniques du marketing direct.
Les hommes politiques sont plus ou moins sensibles aux lobbies. Les cumuls des mandats en France ne permettent aux hommes politiques de creuser les dossiers. En outre ceux-ci ne tranchent pas toujours en faveur de l'intérêt général y compris en matière de santé.
Souvent les hommes politiques se montrent sensibles au chantage à l'emploi. Ainsi toute restriction, en matière d'alcool par exemple, peut aboutir à des licenciements chez les producteurs de vins, ce qui n'est pas bon pour sa réélection.

 

  • Le lobbying en matière de santé est très présent. L'enjeu est de convaincre les autorités sanitaires que nos produis (à base de  tabac, d'alcool, les produits ogm, produits agroalimentaires...ne sont pas nocifs et que, lorsqu'il s'agit de nouveaux médicaments ou même d'alicaments, ceux-ci permettront de mieux soigner une maladie ou d'empêcher son apparition, bref que notre médicament sera efficace et n’entraînera pas d'effets secondaires néfastes.

L'industrie pharmaceutique, qui a d'ordinaire bonne presse auprès des malades potentiels que nous sommes tous un jour ou l'autre, a fait beaucoup parlé d'elle des derniers temps :
- vente historique de vaccins inutiles, pour une épidémie de grippe qui ne s'est pas déclaré contrairement à ce que disait l’OMS relayée par le ministre de la santé de l'époque, Roselyne Bachelot.
- médicament des laboratoires Servier, le Mercator, vendu pour combattre le diabète et remboursé par la Sécurité Sociale, à l’origine de nombres effets indésirables (parfois appelés secondaires) et quelquefois mortels. Les autorités médicales ont mis très longtemps avant de retirer ce médicament du marché !
Les laboratoires pharmaceutiques sont entre les mains de pouvoirs publiques, eux-mêmes entourés d'experts scientifiques travaillant souvent pour ces mêmes laboratoires.
Ces laboratoires sont représentés par leur fédération, le L.E.M.M. qui intervient auprès des hommes politiques. Il a sauvé la tête des visiteurs médicaux, commerciaux des laboratoires qui étaient dans le collimateur de l'IGAS lequel préconisé leur suppression. Un projet de loi qui devrait être voté en septembre  prévoit qu'ils interviennent collectivement auprès des médecins des hôpitaux alors qu'ils continueront auprès des médecins de ville a vanté les mérites des médicaments de leur laboratoires, dissimulant parfois leurs effets indésirables.
Bien que le nombre de ces visiteurs est diminué (ils sont encore 15 000),il sont 1 pour 10 médecins

Ils pourront continuer leur lobbying auprès des prescripteurs de ville et des champs. Ce système de vente (avec petits cadeaux à la clé) est efficace pour les laboratoires : exprimée par habitant la consommation de médicaments est de 52 en France contre 40 en Europe. Selon un économiste de la santé, la France dépense 20 000 euros par médecin en un an.
Il y a trop de médicaments en France : 12 000 ! alors que bien souvent ces produits nouveaux ne sont pas de véritables innovations (les 400 nouveautés enregistrées chaque années sont en réalité déjà commercialisées mais sous une autre formes).
L'enjeu est le déremboursement par la Sécurité Sociale d'un médicament jugé inefficace par l'afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, qui deviendra dans la nouvelle loi l'ansm, l'Agence nationale de sécurité du médicament). Peu de chances que cela arrive ( 3 membres sur 4 de cet organisme travaillaient ou avaient travaillé pour une firme pharmaceutique.

 

  •  le lobbying européen :


Corruption au Parlement Européen

En matière de lobbying, l’Union européenne fait l’objet de toutes les attentions.
Parce que le droit communautaire prime sur le droit national dans la quasi-totalité des cas, parce que les pouvoirs sont concentrés dans un nombre de lieux réduits. Bref, pour faire du lobbying, c’est à Bruxelles qu’il faut être.

« La représentation d’intérêts fait légitimement partie d’un système démocratique. Dans le cadre des efforts qu’elle déploie pour renforcer la confiance du public, la Commission européenne a établi un registre facultatif et adopté le présent code de conduite afin d’assurer une transparence accrue de la représentation d’intérêts, des intervenants dans ce domaine et de leurs activités », écrit la Commission européenne sur le site qu’elle consacre au registre des représentants d’intérêts ouvert depuis juin 2008.
La première phrase nous indique que le lobbying est une pratique acceptée.
La deuxième phrase nous indique que ce registre est facultatif, c’est-à-dire non obligatoire.

On estime actuellement que 3000 groupes d’intérêts employant jusqu’à 10 000 personnes font du lobbying d’une manière ou d’une autre à Bruxelles. Les fédérations commerciales européennes représenteraient un tiers de ces groupes, les bureaux de consultants un cinquième, les entreprises individuellement, ONG et syndicats (patronaux ou d’employés) chacun environ 10%, les représentations régionales et les organisations internationales 5% chacunes, et enfin les think tank 1% .

Cette variété d’acteurs du lobbying peut être grossièrement scindée en deux catégories en fonction des intérêts défendus : des intérêts qu’on peut qualifier de « civiques », (causes environnementales, régionales, sociales et communautaires, intérêts des consommateurs), et des intérêts liés aux producteurs (qu’il s’agisse du secteur marchand en général, d’une profession en particulier ou des intérêts des travailleurs).

L’ "Acte Unique Européen", signé en 1986, et la mise en œuvre du programme annexé au livre blanc sur la gouvernance européenne de 2001 ont provoqué une forte intensification du lobbying auprès de la Commission.
En effet, à mesure que celle-ci acquérait de nouvelles compétences dans des domaines assez techniques, tels que l’environnement, les consommateurs ou dans une moindre mesure les affaires sociales, elle avait besoin de plus en plus d’informations et de données techniques afin de faire correctement son travail, ce qui l’a rendue plus perméable aux services des groupes d’intérêts qui disposaient de l’expertise nécessaire.
Mais ceux-ci n’ont pas négligé pour autant le Parlement. En effet à mesure que s’étendait le champ d’application de la , il devenait de plus en plus nécessaire de convaincre les parlementaires de ses idées. Les activités de lobbying auprès des institutions européennes sont donc devenues de plus en plus importantes.

Les lobbies sont omniprésents, surtout dans le cas des politiques d’intégration comme la P.A.C.. Ils ont effectivement tout intérêt à informer et à convaincre les instances de l’Union, plutôt que les instances nationales, en raison de la primauté du droit européen.

Le lobby OGM et la commission européenne

(D'après un article de Libération.fr)

"La Commission européenne a toujours été l’amie des OGM, comme en témoignent les 125 autorisations d’importation accordées depuis 1998. Mis à part les six dossiers retirés par les industriels eux-mêmes, on ne compte absolument aucun refus en douze ans ! Les instances communautaires écartent systématiquement les objections avancées tant par les scientifiques que les autorités sanitaires nationales ou les associations de défense de l’environnement. La création, en 2002, de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA), au lendemain du scandale de la vache folle, n’a strictement rien changé à ce biais favorable aux champions des biotechnologies. Et pour cause  : la Commission a peuplé l’AESA de personnalités acquises à la cause des OGM quand elles ne sont pas directement issues de l’industrie elle-même.
José Bové, eurodéputé vert et vice-président de la commission agriculture du Parlement européen, vient ainsi de lever un beau lièvre : la présidente du conseil d’administration de l’AESA, la Hongroise Diána Bánáti, a dissimulé qu’elle avait été membre du comité des directeurs de la branche européenne de l’International Life Science Institute (Ilsi), le«lobby de l’agrobusiness», comme le qualifie Bové.

Dangers. Cet organisme prétend donner des conseils scientifiques indépendants dans tous les domaines agro-alimentaires, alors qu’il ne fait que reprendre à son compte les données fournies par ses membres, au rang desquels on compte tous les grands des OGM que sont Monsanto, Syngenta, Bayer, BASF, etc."

 


 

  • D'après le quotidien  Le Monde du 29 Août 2011 :
    "Fukushima a mis en évidence la puissance du lobby nucléaire japonais, qui finance nombre d'élus et une grande partie de la publicité dans les médias." suite à la démission de Naoto Kan, après 15 mois de pouvoir.
    Après le séisme du 11 mars et la catastrophe nucléaire qui  a suivi , il avait engagé le débat sur le problème des retombées radioactives de la centrale de Fukushima et de l'avenir énergétique du Japon.
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité