L'intensification du travail aujourd'hui

Jean-Pierre Durand a été invité par Françoise à donner une conférence à Rouen, aux formateurs permanents du réseau académique des GRETA sur ce thème de l'intensification du travail, à la demande de la hiérarchie, pour que ces derniers ressentent toute la considération que le réseau leur porte.
Jean-Pierre Durand est professeur d'université, et au Centre Pierre Naville. Il a eu une trajectoire complexe qu'on peut résumer en quelques dates marquantes :
- 87 : étude du développement de l'informatique et de ses conséquences sur la société

- 90 : l'après-fordisme (modèle des néo-libéraux : les trente glorieuses, selon une expression qui a fait flores depuis)

- aujourd'hui : le chômage structurel et l'intensification du travail (les collaborateurs- anciens agents du service public, aujourd'hui privatisé donc modernisé de France telecom - sans accent, mondialisation oblige-), ne le démentiront pas.

L'économie est caractérisée, aujourd'hui, par :

- une productivité du travail qui augmente moins
- une consommation qui stagne (maintenant tout le monde est équipé d'un portable, la tv trône dans toute les pièces de la maison) . La production trouve ici ses limites (la production physique peut être stockée. Trop de vaches subventionnées font des montagnes de beurre dont le stockage par la Communauté européenne coûte cher). La société actuelle produit beaucoup d'informations qui est une espèce de production non durable. Mais là aussi, les limites sont vite atteintes. On ne peut pas consommer sans limites plus d 'informations.
- le marché de renouvellement stagne aussi (les automobiles, par exemple, tombent moins souvent en panne). Certes, on peut faire en sorte que nous renouvelions nos portables en les rendant rapidement obsolètes (en proposant des téléphones qui photographient ou qui obéissent à nos ordres, qui deviennent de véritables petits ordinateurs convertis à internet ou à la tv...). Les "accrocs"aux nouvelles technologies vont pouvoir encore pianoter. Le Nouvel Observateur, pas avare de renouveau, a fait paraître un article sur ceux que les Américains (le nouveau monde) appellent déjà les geeks.

l'intensification du travail ne se mesure pas. Elle est une charge ressentie bien que le travail mécanisé soit devenu  au premier abord moins pénible.
Les flux tendus - qui se caractérisent par l'absence de stocks (aujourd'hui, le stock est sur nos routes dans des camions) fragilisent la production (la moindre grève à des répercussions fâcheuses). Ils constituent une fragilisation volontaire de la production. Les salariés doivent travailler sans s'arrêter, sont impliqués dans cette production, qu'il le veuille ou non."LE FLIC EST DANS LE FLUX", sans chef direct. Le salarié est un élément de cette chaîne...On peut diminuer les niveaux hiérarchiques. Le flux est objectif par nature.