$Ma caricature par Loïc Schvartz : j\" style=$

Loin de moi l'idée de trancher ce débat très vaste, qui mérite une approche scientifique et non une subjectivité qui s'étale dans des livres écrits par des profs qui voudraient bien être des écrivains qui seront portés à l'écran s'ils dépassent 100 000 exemplaires vendus ; qui ne mérite pas non plus des instruments de mesures bricolés (l'éducation nationale a utilisé des bases de données consignant les faits de violence vécus par les profs, la deuxième ne relatant que les incidents graves moins subjectifs que la violence en général, ainsi les profs ont eu successivement à remplir deux bases de données : le dispositif CIVIS qui a remplacé la base SIGNA qui a été installée dans tous les établissements à la rentrée 2001 pour centraliser toutes les informations saisies, tant cette notion de violence est subjective dans une société qui à la fois ne la supporte plus dans la réalité mais reste fascinée par son fantasme virtuel.
D'après les dernières données se sont moins d'un élève sur mille qui a été impliqué dans des actes de violence graves souvent décrites avec complaisance dans les médias ; cela fait des récits spectaculaires qui émeuvent l'opinion publique où seule une minorité d'établissements sont concernés (principalement dans les collèges et dans les lycées professionnels qui accueillent les publics les plus difficiles).
Ces 0,1% représentent néanmoins 5 000 élèves en valeur absolue, donc 5 000 familles sont touchées par an ce qui est loin d'être aussi négligeable que la statistique le laisse penser. Comme dirait l'autre, "pour faire peur, derrière les chiffres de la statistiques, il y a des drames" que notre société de la protection et de la sécurité à 100% rendent intolérables. La société y était davantage habituée autrefois, quand elle croyait encore au progrès, dans une société encore rurale des années 50- 60 où les liens de proximité étaient plus étroits.

La violence existait donc et elle était mieux supportée.
C'est ce que montre le film "la guerre des boutons", succès d'Yves Robert, dans les années 60 qui proposait une vision folklorique de ces enfants en bande qui s'affrontaient et autant que je me souvienne de l'Internat dans ces mêmes années, au prestigieux Lycée État d'Évreux, c'était une époque où les bagarres éclataient souvent dans la cour de récréation, après avoir englouti notre pâte de fruits et le pain rassi de la veille. Ces bagarres se déroulaient derrière la baraque des WC, entre des haies de spectateurs désœuvrés, après les cours d'allemand de Herr Leray qui servit d'interprète à la justice allemande pendant la encore proche deuxième guerre mondiale (une vraie guerre celle-là, même si au début elle fut appelée drôle, tant elle mit longtemps à démarrer). Je me battais contre quelqu'un que je voyais allemand et noble de surcroit, De Neidhart, pas très catholique comme dirait Frêche, alors que je savais mon combat perdu d'avance, tant j'étais gringalet pour ne pas dire (euphémisme quand tu nous tiens), "épais comme un carrelet". Mais j'avais encore le sens de l'honneur dans la peau, en me battant en duel chevaleresque comme tous français de souche qui respecte son identité.
Je ne suis pas nostalgique de cette époque où j'ai vécu de loin la décolonisation. (Rapport avec la violence ?).
Un garçon se devait d'être courageux, prouver sa bravoure, ne pas apparaître pleutre, lâche...Pourtant je suis de la dernière génération qui n'a pas vraiment connu la guerre, est-ce la raison pour laquelle notre société ne supporte plus la vue de la violence comme si nous en étions rassasié ; je sais que pendant mon enfance bercée par les cow-boys et les indiens qui tombaient comme des mouches à la moindre fusillade, mon père prisonnier pendant la seconde guerre mondiale ne supportait pas la vue d'un simple colt que l'on cachait au-dessus du buffet Henri II que nous avions été chercher dans une carriole tirée par le cheval du grand-père, pistolet destiné à tuer virtuellement des humains.
Tout ca pour parler de la perception éminemment subjective de la violence...et de la perception de la place des enfants dans notre société d'aujourd'hui. Tiens, à propos de place des enfants :
Y a-t-il plus de pédophilie chez les prêtres aujourd'hui, qu'auparavant ?
Pas un jour sans que l'on découvre de nouveaux cas de pédophilie ...anciens pour la plupart mais dénoncés il y a peu.
"Laver son linge sale en famille" dit-on. Cela veut dire qu'avant il y avait des affaires que la famille, sacrée, réglait elle-même ou étouffait de plus en plus. Il faut prendre famille, au sens d'une institution parmi lesquelles on compte l'église, l'école, l'armée, la justice et l'Académie Française... ; qui vit Claude Lévy-Strauss dans ses rangs et qui voit maintenant Simone Weil qui libéralisa l'avortement, sur ses bancs..."Tout fout le camp". On assiste aussi aujourd'hui à une crise d'autorité de ces institutions dans nos sociétés occidentales où l'enfant et l'individu sont sacralisés.
Alors les politiques combattent ce manque en essayant de protéger ces institutions chancelantes :
ils suppriment les allocations familiales aux familles aux enfants absentéistes de l'école,
ils instituent un couvre-feu à Nice,
ils font une loi sur la détection des enfants violents dès deux ans, comme si il existaient un déterminisme de la violence chez l'individu. Çà c'est de la prévention efficace...

Résumé de "La Violence Dans La Classe"

La violence dans la salle de classe est un des problèmes majeurs de la vie scolaire. Mais bien rares sont les témoignages à son sujet : ce livre transgresse d'abord le tabou du silence. Il met à jour la violence telle qu'elle apparaît aux enseignants et aux enseignés, leurs représentations respectives révèlent un clivage profond entre les points de vue des uns et des autres. Si certaines scènes mettent en lumière une violence brutale, la majorité des témoignages recueillis montre qu'elle n'est pas toujours spectaculaire, mais bien plutôt sourde ou latente, jouant entre l'interdit d'une parole et le refus des corps. Ces descriptions sont ensuite reprises et analysées à la lumière de la psychanalyse, de l'anthropologie philosophique et de la neurobiologie. Tout en s'appuyant sur cette recherche pluridisciplinaire, Eric DEBARBIEUX a le mérite supplémentaire de ne pas en rester au niveau du constat ou de la théorie. Il propose un ensemble de solutions immédiates pour que l'enseignant puisse traiter cette violence.

Mais de quelle violence parle-t-on ?

De la grande violence qui fait la une des médias (profs brutalisés, élèves poignardés...ou de la violence "quotidienne" à laquelle on s'accoutume (insolences, bousculades, injures, intimidations diverses entre élèves qui deviennent conformistes, ils jouent au dur ou/et au cancre, parfois pour de vrai, ils passent alors à l'acte... violent, le plus souvent en bande pour casser du "bourge" qui habite en pavillon. Ce comportement devient une mode qu'il convient d'afficher, même si on ne l'approuve pas pour être tous pareils. C'est dur de résister à la pression du groupe, il faut avoir l'air racaille pour se sentir protéger des agressions) ? Ces incivilités pourrissent la vie et sont peu détectées et vivement ressenties.

Les causes sont difficiles à élucider :
- pour les uns le manque d'autorité et la place de l'enfant sont en causes. Des sanctions sont réclamées : exclusion, éloignement de certains élèves jugés dangereux pour les autres,"États généraux de la sécurité à l'école", module de formation des maîtres à la gestion des conflits...

Des sanctions et des punitions plus lourdes doivent responsabiliser les élèves.
- pour les autres, il faut chercher les causes dans la désaffection qui touchent les institutions et chez ceux qui les sont mal payés pour les faire difficilement fonctionner. Ces institutions d'un État qui fuit les quartiers défavorisés sont des cibles privilégiées et justifient des politiques sécuritaires (ainsi on renforce la "sanctuarisation" des établissements).
Les causes sont aussi recherchées dans l'exclusion sociale vers le chômage qui frappe également ceux qui ont pas mal réussi à l'école décourageant la bonne volonté de ceux qui souhaite s'insérer par l'école.

Pourtant, le nombre d'incidents recensés par l'Éducation Nationale entre 2008 et 2009 a régressé : 11,6 pour 1 000 en 2008 contre 10,5 incidents dans le secondaire en 2009. 85% des auteurs sont des élèves et seulement 184 établissements sont classés à risques. (D'après le Nouvel Obs qui a consacré un petit dossier(?) à cette problématique ou problème si vous n'aimez les néologismes employés à tort et de travers).

Le passage au monde du travail, au monde actif mondialisé et en crise, où l'on licencie nombre de salariés, où le chômage des jeunes augmentent sans fin, où ce monde du travail est le seul endroit où on joue un rôle social plus ou moins reconnu, peut être ressenti comme une violence que les nantis infligent aux plus fragiles, ceux qui n'ont pas encore d'expérience, les jeunes écoliers qui peuvent se sentir frustrés et démunis, sur la défensive devant cette société qui ne les accueille pas.

En réalité chez ces adolescents violents se cache un formidable appétit de vivre mais... autrement. Cette violence est un langage qui faute d'être décodé, se voit opposer des politiques sécuritaires devant cette horde primitive dangereuse qu'il faut contenir par des murs surélevés, des lois sécuritaires, des sanctions durcies.
La demande implicite des quartiers a-t-elle été prise en compte par les divers ministres de la ville qui se sont succédés ?
On connait les violences graves avec les incidents répertoriés dans les bases de données et par les livres à charge commis par ceux qui ont fuit l'école et ses difficultés. Que disent ceux qui vivent dans la communauté scolaires ? Que disent ceux qui vivent au quotidien cette violence ?
Il faudrait que tous les acteurs rédigent des "cahiers de doléances" pour que l'on aboutisse à un vrai traitement du problème que ne résoudra pas des États généraux déjà oubliés comme les autres qui ont précédé celui-ci (femme, industrie, enfance, de la bioéthique, de la presse, du sanitaire..., pour ne citer que les plus récents).
Un conseil scientifique de la sécurité à l'école a été installé par le ministre de l'Éducation Nationale, Luc Chatel, présidé par Eric Debardieux. Ces États généraux se sont déroulés le 7 et 8 avril à la Sorbonne
Le ministre a proposé 5 orientations en clôture de cette manifestation :

Mesurer la violence dans les établissements scolaires.
La formation des professeurs qui devient dans la bouche du ministre… gestion des conflits, prévention de la violence et la « tenue de la classe ».
Renforcer le plan de sécurisation des établissements.
Responsabiliser les acteurs et donner du sens aux sanctions scolaires. Ce qui signifie supprimer les allocations familiales si nécessaire pour faire comprendre aux parents ce que décidément ils ne comprennent pas.
Mise en place d'un programme dit « Clair » (Collège, lycée, ambition, innovation, réussite) qui sera expérimenté dans une centaine d'établissements avant d'être généralisé. Ce qui rappelle, mais en beaucoup moins ambitieux, la création des ZEP.

Luc Chatel marginalise le problème et réduit ses propositions à des mesures sécuritaires qui ne traite pas le problème.

Philippe Mérieu, le gourou tant décrié par la droite et tout nouveau Conseiller Régional écologiste ( Europe Écologie) , en Rhône-Alpes, y voit plutôt un signe de notre "incapacité à construire démocratiquement le bien commun" et le triomphe d'un "libéralisme autoritaire qui exige, en même temps, la liberté absolue pour les marchands d'excitants et la répression féroce pour les excités". Mais ajoute-t-il dans une tribune du monde, "si l'on veut néanmoins traiter de manière spécifique la question des violences scolaires", les recherches éducatives ont déjà tout dit, mais tout reste à faire.
Propositions de solutions :
- Il faut créer des unités pédagogiques à taille humaine
- Il faut créer des équipes stables. Une sociologue américaine, Denise Gottfredson l'affirme aussi : "Plus les professeurs forment une équipe stable et soudée, moins les élèves sont victimes de harcèlement". Or en France, les enseignants débarquent juste là après leurs études. Ils font deux ou trois ans puis se dépêchent de demander leur mutation. Dans ces conditions comment monter des projets avec les élèves et nouer des liens nécessaires avec les parents ? Il faut sédentariser ces jeunes professeurs en favorisant l'engagement dans des projets partagés.
- Il faut permettre aux professeurs d'assurer une présence éducative dans l'établissement en plus des heures d'enseignement.
- les activités d'apprentissage doivent faire place à une exigence de rigueur, de précision et de vérité.
- Il faut instituer des rituels structurants permettant de faire baisser la tension.
- Il faut développer l'éducation artistique et sportive pour permettre aux élèves de métaboliser leur violence intérieure et apprendre la maitrise de soi.
Cela suppose une véritable formation des enseignants intégrant la discipline, la psychologie, la didactique et la pédagogie... et la gestion de la classe. L'institution a beaucoup de mal à reconnaitre le problème spécifique de la violence à l école et , par delà des dénégations séculaires, renvoie le professeur victime de violence à son problème personnel d'autorité alors que cette agitation devrait être prise en compte collectivement pour la limiter. Il ne s'agit pas de jouer le jeu des peurs, des angoisses, des fantasmes inhérents à l'adolescence et de les amplifier en lançant des mots d'ordre hyperboliques du genre "tolérance zéro". On oublie facilement les profs bordélisés par les enfants de bonnes familles qui fréquentaient l'école dans ce temps là, dont on toléraient les turpitudes. Il fallait bien que jeunesse se passe. "Qui n'a pas péché me jette la première pierre". "On leur donnerait le bon Dieu sans confession".
Aujourd'hui cette violence commence à être reconnue et dénoncée, ainsi que l'échec scolaire. Certes on utilise des euphémismes pour désigner les expérimentations menés par le gouvernement, mais personne n'est dupe. On propose à ces élèves en difficultés de les retirer de classe "normale" et de les placer dans des établissements dénommés "Écoles de la réussite".
L'institution a défini cette politique sur son site "education.gouv.fr" :
On peut y lire ceci:
L’Éducation prioritaire en réponse aux difficultés scolaires

"La politique de l’éducation prioritaire est une réponse aux difficultés sociales et scolaires concentrées dans certains établissements. Elle s'appuie sur une discrimination positive au service de l'égalité des chances. Elle tend à développer l’emploi des moyens publics qui permet de lutter contre les inégalités sociales et économiques dans les écoles et collèges.

La politique de l’éducation prioritaire relancée
en 2006 sur des bases renouvelées

En 2006, le plan de relance permet la création des réseaux ambition réussite (RAR) dans les zones où la difficulté est la plus importante et des réseaux réussite scolaire (R.R.S.). Ces réseaux favorisent la continuité des apprentissages tout au long de la scolarité obligatoire. Ils mettent en cohérence les actions engagées dans le temps scolaire et hors temps scolaire.
Le plan de relance de 2006 a renouvelé les principes de la politique d’éducation prioritaire :

Pilotage renforcé,
organisation simplifiée,
formalisation des projets avec le contrat de réseau,
développement de l’ambition scolaire pour tous.

L’accompagnement des équipes pédagogiques et la dotation en personnel supplémentaire ont été renforcés, notamment dans les RAR. Une attention particulière est portée au suivi des réseaux et à l’évaluation des acquis des élèves.
L’inscription de l’éducation prioritaire dans le cadre de la dynamique "Espoir banlieues" de la politique de la ville constitue un atout pour accroître l’efficacité de cette politique et lutter contre les inégalités.

Ce n'est pas Amara qui le démentira.

Dans ces établissements de "réussite éducative", les élèves qui ont manifesté un rejet de cette école "normale" se voit attribuer enfin des moyens adéquats qui permettent de lutter efficacement contre le refus d'apprendre qui cache un profond désarroi qui s'exprime parfois par la violence.
L'élève est responsabilisé dans ses activités d'apprentissage.
Il signe un contrat qui engage les parties (l'élève et une équipe pédagogique) sur un programme personnalisé de réussite éducative. L’objectif est de fournir une réponse la plus individuelle possible au contexte de vie de l'élève qui se trouve bien au centre du système éducatif. Les partenaires sont également impliqués (parents de l'élève, communes, accompagnement des équipes pédagogiques...). Pour en savoir plus, voici le dispositif mis en place, tel que le décrit la municipalité d'Athis Mons.

Dans une interview à l'Express, en 2003 Finkelkraut et Denis Kessler du MEDEF donnaient leur sentiment sur l'école et sur la violence qui y régnerait.
Pour Finkelkraut qui n'a plus confiance dans l'école publique, alors que lui, fils d'immigré polonais en avait bénéficié, pense que toutes les réformes ont été conduites mais qu'elles ont abouti à un désastre à cause du dogme du collège unique où si des élèves vont trop vite, on leur demande de ralentir. "Aujourd'hui règne", dit-il, "la suspicion du bon élève et l'émulation a été détruite. La société a submergé l'école, c'est à dire les marques, les identités, la volonté consumériste d'avoir tout tout de suite, société qui érige le diplôme en droit de l'homme et qui débouche sur la violence."
De son côté Denis Kessler pense que l'école doit choisir entre donner à tous des acquis fondamentaux y compris technologiques ou seulement donner tous les acquis fondamentaux et laisser à l'entreprise le soin de délivrer les compétences techniques professionnelles".
La France n'aurait pas choisi entre ces 2 pôles de l'enseignement et beaucoup de jeunes sortent du système avec aucune formation professionnelle et parfois illettrés, in-insérables dans l'entreprise d'aujourd'hui, productive, en concurrence avec les pays émergents. Et il ajoute, "S'il y a un endroit de tolérance zéro en matière de violence, c' est bien l'école. il y a là une urgence absolue".

Le nostalgique de l'école ancienne, de l'école d'autrefois, qui ne formait que quelques élites qui suffisaient au monde économique de l'époque rejoint le MEDEF dans sa critique de l'école actuelle qui serait trop laxiste, écouterait les violents et excuserait leurs débordements que la gauche attribuerait exclusivement aux difficultés sociales. Il est vrai que depuis la dernière loi d'orientation de 89, l'école n'est plus une priorité.
Finkelkraut qualifie le racisme, les inégalités sociales, le chômage des banlieues d'alibi sociologique.
Lui, bien que fils d'immigré, comme les maghrébins, a bien réussi ; certes il ne craignait pas l'effort et les maîtres et leurs connaissances dont il était avide pour enseigner à son tour à l'école Polytechnique, ces maîtres au statut élevé dans la société, savaient se faire respecter en ce temps là où l'on manquait de tout, parce que l'on sortait de la guerre.
Laissons à Kessler le soin de conclure : " L'école et l'entreprise ont ceci en commun, qu'elles reposent sur une relation asymétrique qu'on appelle le principe hiérarchique.".

Prof d'autrefois ayant de l'autorité.

La violence et l'école

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