Souverain : l'Empereur Napoléon bonaparte (7/)
C'était il y a un peu plus de deux siècles : dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, Napoléon, sacré empereur par le pape Pie VII, pose sur sa propre tête une couronne de laurier avant de couronner Joséphine.
Sacre de l'empereur Napoléon Ier et couronnement de l'impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 par Jean-Louis David (en 1805-08)
Mille ans après Charlemagne, la France avait un nouvel empereur. Napoléon commanda au peintre David quatre tableaux à la mesure de l'événement.
Un fils de la Révolution
Successivement premier lieutenant, puis capitaine, Napoléon commande l'artillerie française lors du siège de Toulon, ville tombée aux mains des Anglais. Sa victoire révèle ses talents de tacticien : un chef de guerre est né.
Le 13 vendémiaire de l'an IV (5 octobre 1795), le général Bonaparte réprime l'insurrection royaliste de Paris dirigée contre le Directoire.
En retour, il est nommé général de division et commandant en chef de l'armée de l'Intérieur.
Dès lors, ses succès lui valent une popularité grandissante. A tel point que le Directoire, le considérant comme un rival potentiel, s'empresse de l'éloigner de France.
En 1798, la campagne d'Egypte lui est confiée. Un après, Bonaparte est de retour en France.
Le lieutenant Buonarparte, le Général, Bonaparte au pont d'Arcole par Antoine-Jean Gros, portait inachevé par David (1798)
Antoine Jean Gros (1771-1835), formé par David, mais admirateur de Rubens, a la tête épique, le sens du mouvement. Il rencontre Bonaparte en Italie et dès lors il est le chantre de l'épopée impériale et un portraitiste lyrique
Du Premier Consul à l'Empereur
A Paris, les opposants au Directoire voient en Bonaparte la possibilité de le renverser. Celui-ci sait le bénéfice qu'il peut retirer d'une telle opération.
Baras, homme-clé du Directoire et Séyes par David peint en 1817
Le Directoire affaibli, c’est pour l’ambitieux Napoléon l’occasion idéale pour agir.
Les 18-19 Brumaire (novembre) 1799, il s’empare du pouvoir et se fait nommer Consul provisoire. Il fait ensuite adopter une nouvelle Constitution qui le place officiellement à la tête de la France, en tant que Premier Consul. En instaurant le Consulat, la Constitution de l'an VIII met un terme définitif à la Révolution.
Les 18 et 19 brumaire (9 et 10 décembre 1799), il participe au coup d'Etat qui annonce la naissance du Consulat. Dès le mois suivant, Bonaparte fait adopter une nouvelle constitution dite de l'an VIII et devient Premier Consul. Bonaparte s'attèle alors à la réorganisation du pays.
La prise de pouvoir qui s'ensuit vont marquer le début d'une production artistique entièrement dévolue à la glorification du nouveau maître de la France. C'est le temps :
- des grands portraits équestres (David, Gros, Regnault)
Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard (1800),château de Malmaison. de David
Ce tableau est suivi de trois répliques exécutées à la demande du modèle, faisant de cette œuvre le premier portrait officiel du Premier Consul, qui sera largement diffusé par la gravure, ce qui contribue à en faire l’un des portraits les plus célèbres de Napoléon. David décide de présenter les deux premières versions du portrait équestre dans le cadre de l’exposition payante des Sabines, ce qui provoque un tollé dans la presse qui critique le peintre de ne pas les avoir exposé au Salon dont l'accès est libre, alors que les deux toiles ont été payées par leurs commanditaires. Cela vaut à David une réputation de cupidité
- des premières peintures de batailles (la bataille de Marengo de Lejeune) et
Bataille de Marengo de Lejeune (1802)
La bataille de Marengo eut lieu le 25 prairial an VIII (14 juin 1800), près du petit village de Spinetta Marengo, à 70 km au nord de Gênes, dans le Piémont.
- des allégories (Prud'hon). comme dans le tableau "Le Triomphe de Bonaparte", Pierre-Paul Prud’hon 1800
Pendant une courte période les peintres et sculpteurs peuvent encore représenter le Premier Consul tel qu'il est avec ses particularités physiques.
Même si certains comme David, Appiani et Ingres sont déjà entrés dans une logique d'idéalisation, d'autres comme Isabey et Gros, proches relations de Napoléon, donnent encore une image objective de sa physionomie.
Jean Auguste Dominique Ingres, "Bonaparte Premier Consul" (1803)
Napoléon ne veut plus servir directement de modèle aux peintres et aux sculpteurs. Ceux-ci doivent s'inspirer de gravures ou de portraits antérieurs. C'est de cette manière que fut réalisée la commande des portraits consulaires passée aux peintres
La mise en place des réformes nécessite de pacifier les relations internationales. D'où ses efforts pour mettre fin aux conflits qui déchirent l'Angleterre, l'Espagne, la Hollande, l'Angleterre et la France.
Mais, à peine la paix signée (25 mars 1802), les royalistes exilés au Royaume-Uni fomentent un complot contre Bonaparte. Un événement crucial qui pose une question : comment survivrait le régime si le Premier Consul venait à disparaître ?
Seule la fondation d'une dynastie pourrait asseoir définitivement les acquis de la Révolution et du Consulat.
C'est ainsi que le 2 août 1802, Napoléon Bonaparte, au faîte de sa popularité, se fait élire consul à vie. Le Sénat ratifie la Constitution de l'an X qui consacre la toute puissance de Napoléon Bonaparte.
Au début de 1803, on avait vainement tenté d’obtenir de Louis XVIII une renonciation à ses droits sur la couronne de France. Devant son refus, on évoqua le mythe de l’empire carolingien, moins choquant que la monarchie pour les partisans de la république, d’autant que la notion d’empire s’entendait aussi de manière plus abstraite : Bonaparte ou la France révolutionnaire étendaient leur empire sur l’ensemble des territoires conquis.
En avril 1804, le Conseil d’Etat suggéra officiellement la création de l’Empire, et le Sénat adopta le 18 mai 1804 la nouvelle constitution confiant le « gouvernement de la république » à Napoléon Bonaparte, empereur héréditaire.
Ce sénatus-consulte fut validé par plébiscite.
Il convenait alors de donner à la nouvelle dynastie la protection divine du sacre et du couronnement : la cérémonie eut lieu à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804, en présence du pape Pie VII qui, en échange de l’adhésion des évêques de France au Concordat et de leur soumission au pape, accepta de procéder aux deux cérémonies.
Napoléon Bonaparte est proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er.
Dès le couronnement, comme il l’avait fait avec ses portraits le représentant en Premier consul lors de la commande de 1803 pour la Belgique (à laquelle Ingres avait déjà participé pour la ville de Liège), Napoléon voulut diffuser son image d’empereur. En 1805, il se tourna vers les artistes les plus en vue, mais les résultats furent inégaux, d’autant qu’il ne posait jamais et que les peintres devaient avoir recours aux gravures ou à d’autres tableaux qu’ils devaient de plus adapter au nouveau profil de l’Empereur, assez distinct de celui du Premier consul. En outre, chaque artiste avait son style et sa conception propres, et les ambiguïtés du nouveau régime furent très vite sensibles entre les différentes perceptions.
Les peintres napoléoniens :
David, Ingres, Antoine jean Gros (1771-1835), Meissonier, François Pascal Simon Gérard(1770-1837), Anne-Louis Girodet de Roussy- Trioson ( 1767-1824).
Par Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson
L’Impératrice Joséphine, impératrice des Français (1763-1814) en grand costume Impérial assise sur son trône par le baron François Pascal Simon Gérard :
Madame Bonaparte dans son salon
Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français ( 1763-1814) en costume impérial
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cques Louis David avait incarné le « peintre classique » :
La conversion à l'Empire de David et le retentissement de son « Sacre de l'empereur Napoléon Ier » (1805-1507), où le sens épique de l'histoire est uni à un réalisme minutieux dans les portraits, libèrent l'élan grandiose qui, de Gros et Géricault à Delacroix et Chassériau, couvrira des murailles ou d'immenses toiles.
Gros portrait de l'Impératrice Joséphine ; Géricault "Le cavalier blessé" ( 1814) ;
L'épopée napoléonienne inspire David (le Sacre, la Distribution des aigles),
Gros (Pestiférés de Jaffa du Louvre, 1804 ; la Bataille d'Aboukir de Versailles, 1805 ; la Bataille d'Eylau du Louvre, 1810). C'est elle qui exalte l'imagination michelangelesque de Géricault et enfante les grands « massacres » de Delacroix. Le mythe du héros, le sens tragique de l'histone naissent alors.
David reste l'admirable portraitiste de Madame Récamier, de Madame de Verninac (Louvre) ou du Vieillard au chapeau (Anvers).
Il finit sa vie à Bruxelles, et exerce une influence européenne par ses disciples (J. Franque et J.-B. Wicar à Naples, Navez et Odevaere en Belgique, Riesener en Russie, Léopold Robert en Suisse, Debret au Brésil). Il aura été le maître de Gros, Gérard, Girodet, Ingres, Isabey, comme d'artistes mineurs, mais honnêtes, quelquefois bons portraitistes (Jacques Luc Barbier-Valbonne, la Comtesse Marie Guillemine Benoist, J.-L. La Neuville, Constance Charpentier). Parmi ses multiples élèves on compte Cl. Dubufe, le critique Delécluze, E. Fragonard, Garneray, Martin Drolling, Granet, les académiques A. de Pujol, Rouget, Schnetz.
- Antoine Jean Gros (1771-1835), formé par David, mais admirateur de Rubens, a la tête épique, le sens du mouvement. Il rencontre Bonaparte en Italie et dès lors il est le chantre de l'épopée impériale et un portraitiste lyrique (Bonaparte à Arcole, 1796 ; Fournier Sarlovèze, 1812 ; Murat) ou déjà romantique (Christine Boyer, la Baronne Legrand).
- Anne Louis Girodet-Trioson (1767-1824), curieux élève de David, sensible à Chateaubriand (Funérailles d'Atala) et à Mac Pherson (les Ombres des guerriers français conduites à Ossian), écrivain lui même, possède un goût de la poésie et un charme un peu morbides.
- Jean-Baptiste Isabey (1767-1855) garde dans ses miniatures le souvenir des leçons de David.
- Autres miniaturistes : François Dumont, Augustin et les élèves d'Isabey, Aubry, Garneray, Jean Urbain Guérin. Portraitiste davidien sérieux, Henri François Riesener (1767-1828), oncle de Delacroix et fils du grand ébéniste, jouit en son temps d'une grande réputation.
Pierre Paul Prud'hon : L’impératrice Joséphine. Vers 1805.
Huile sur toile, 244 x 179 cm. Paris, Musée du Louvre
Théodore Géricault : Officer des chasseurs commandant une charge. 1812.
Huile sur toile, 349 x 266 cm. Paris, Musée du Louvre
Autres portraits de Napoléon :
:
Jean-Baptiste Isabey, Jean-Auguste-Dominique Ingres
Napoléon dans les jardins de Malmaison (1801) - Napoléon Ier sur le trône impérial (1806)
Napoléon
en costume de sacre de roi d'Italie,
par Appiani
Les revers napoléonniens
A partir de 1811 commence la chute de l'Empire.
Passage de la Berezina par l'armée française Passage de la Berezina par l'armée française, fin novembre 1812, pendant la campagne de Russie.
Gravure de Johann Adam Klein d'après Franz von Habermann. (Institut de France, bibliothèque Thiers, Paris.) Le 4 avril 1814, Napoléon abdique en 1814. (Le 18 avril 1814, peu après sa première abdication, Napoléon fait ici ses adieux à sa garde, aux célèbres grognards, dans la cour du Cheval Blanc ; le moment fut selon la légende très émouvant. L'Empereur aimait être à Fontainebleau).
Paul Delaroche s'intéressa au mythe napoléonien et réalisa quelques peintures remarquables en particulier Napoléon à Fontaineblau qui représente l'empereur déchu après son abdication. Cette œuvre aura suffisamment d'impact pour éclipser"Les adieux de Fontainebleau" d'Horace Vernet sur le même sujet. Il peint aussi "Bonaparte franchissant les Alpes" comme une reponse réaliste au portrait idéalisé de David.
Napoléon abdique une seconde fois avant d’être déporté dans l’Île de Sainte-Hélène. C’est là qu’il dictera ses mémoires (Mémorial de Saint Hélène qui sera publié en 1823). Il meurt le 5 mai 1821, ses cendres seront transportées aux Invalides (Paris) en 1840. |