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Eclaircie après la pluie -
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9 avril 2011

Manet, celui qui a osé rompre avec l'académisme

Manet (1832-1883) est considéré comme le précurseur de l'impressionnisme. De futurs impressionnistes l'admirent (Renoir, Monet).

Il est un des premiers à sortir de son atelier pour mieux capter la lumière réelle, "j'ai fait ce que j'ai vu", dira-t-il. Ce n'est pas vraiment un impressionniste mais il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des « scènes de genre » (sujets espagnols et odalisques par exemple).


Manet est issu d'une famille aisée. Il se destine très tôt à une carrière dans la marine, tout en ayant un véritable goût pour l'art et pour le dessin. Son échec  au concours d'admission à l'École Navale le conduit malgré tout à s'embarquer sur un bateau-école à destination de l'Amérique du Sud.
Au cours de ce long voyage, il réalise de nombreux dessins et décide de se consacrer finalement à l'art. De retour à Paris, quelques mois plus tard, il  entre dans l'atelier du peintre Thomas Couture, pour y étudier la technique de la peinture.


Il fera le portrait de ses parents alors qu'il n' est encore qu' un jeune artiste. (Voir ci-dessous).
Il a choisi de devenir peintre en 1850 après avoir échoué à entrer dans une école de la marine. Il rentre dans l'atelier de Thomas Couture  où il restera 6 ans (jusqu'en 1856). Il complète sa formation par la copie
(dans les grands musées européens) de grands maîtres  dont Rembrandt, Velázquez...
Au Musée du Louvre qu'il fréquente assidûment, il réalise ses  premières peintures en copiant des toiles de Titien, de Tintoret, Daumier, Delacroix ou Courbet.

Fichier:Edouard Manet 077.jpg

Portrait de M. et Mme Auguste Manet,
par Édouard Manet (1860)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier tableau totalement personnel de Manet est "Le Buveur d'Absinthe". Il est si peu académique, qu'il est refusé par le jury pour l'exposition du Salon de 1858, où siègent Ingres et son ancien professeur Couture. Peint en1858.


En 1862 débute sa période espagnole.

Pendant cette période Manet choisi des thèmes hispanisants (danseuse, chanteur, tauromachie...).  Il est  influencée par Vélasquez , il ne se rendra en Espagne qu'en 1865.
En 1863,il s'affirme:rapidement comme l'un des artistes les plus célèbres et les plus controversés . Il peint des œuvres comme "Olympia"(il peint une prostituée ; Manet affirme la supériorité de l'art par rapport, au sujet qui peut être scabreux) et "le déjeuner sur l'herbe" qui déclenche un scandale représentant une femme nue, une vraie femme  de la vie quotidienne entourée d'hommes habillés, la rendant encore plus nue. Elle a une pose nonchalante. Cette personne a conscience de sa nudité.

Fichier:Edouard Manet 024.jpg

Edouard Manet "Le Déjeuner sur l'herbe" (1863)

351Fichier:Edouard Manet 038.jpg

"La Vénus d'Urbino" peint par Le Titien en 1538-Manet avait copié ce tableau et en a tiré son"olympia" en 1863

 

Fichier:Edouard Manet - Mlle Victorine Meurent in the Costume of an Espada.JPG

Mlle V. en costume d'espada, également appelé Victorine Meurent en costume d'espada,
réalisé par Édouard Manet en 1862. L'œuvre fut présentée au salon des Refusés de 1863
tout comme" le déjeuner sur l'herbe".

Trop accablé par la critique qui le juge immoral, Édouard Manet décide finalement de repartir en Espagne quelques temps, pour y revoir les peintures de Vélasquez et de Goya qui sont pour lui de véritables sources d'inspiration, tant par les sujets et la composition que par la technique.
Ce voyage lui permet ainsi de retenir les sujets de plusieurs tableaux représentant des scènes de corrida, dont le célèbre " Toréador Mort " qu'il peint à son retour à Paris.

Fichier:Edouard Manet 073.jpg

"L'homme mort" ou "Le torero mort" par E.Manet en 1865

En 1866, "Le Fifre", toile extrêmement sobre, et forte à la fois est refusée par le jury du Salon. 
Exclu par ailleurs de l'Exposition Universelle de 1867, il obtient le soutien d’Émile Zola dans son idée de  
créer sa propre salle d'exposition Place de l'Alma où il présente 53 de ses tableaux et quelques eaux-fortes. Mais cette cette exposition est un échec. 
 

Le fifre (1866)

Après l'échec de sa propre salle d'exposition, il tente de revenir au salon en 1869 pour présenter son "Déjeuner à l'Atelier" et le "Balcon" où est représentée Berthe Morisot, sa belle-soeur, rencontrée quelque temps auparavant dans les galeries du Louvre. IL la persuade de poser pour lui.
Ces toiles sont une nouvelle fois très mal accueillies, car on considère que ses personnages sont privés de tout contenu émotif et que ce sont en quelques sortes des natures mortes, car ils sont présentés sans perspective. 
Sous l'influence de Berthe Morisot mais aussi de Eva Gonzales qu'il rencontre cette année là, il décide alors de réaliser des toiles de "plein air".

Le balcon entre 1868 et 1869

 

La proclamation de la Troisième République en septembre 1870, conduit Manet, ardent républicain, à s'engager dans la Garde Nationale.
En 1873, il expose au salon "la toile "Le Bon Bock", tableau tout à fait naturaliste, sous l'influence de l’œuvre de Zola, tandis qu' il choisit de ne pas se joindre à l'exposition des jeunes impressionnistes de 1874 dans l'Atelier de Nadar, malgré son amitié pour Monet et les autres peintres de cette école, tels que Renoir, Sisley, Pissarro, Degas, et Berthe Morisot qui se réclament de lui.
De tous ces jeunes disciples, l’ami le plus intime de Manet est incontestablement Claude Monet, futur chef de file de l’impressionnisme. Les familles des deux peintres, deviennent vite très proches et passent de longues journées ensemble dans la verdure d' Argenteuil, chez les Monet. Ces visites régulières sont l’occasion pour Édouard Manet de réaliser plusieurs portraits intimistes de son ami, de s’essayer à imiter le style et les thèmes favoris de ce dernier, en particulier l' eau.


Fichier:Edouard Manet 010.jpg

Tableau d’Édouard Manet : Portrait de Claude Monet peignant sur son bateau-atelier à Argenteuil (1874)

 

Argenteuil (1874) par Manet

L’émulation est visible dans ce tableau, où Manet force volontairement son trait pour se rapprocher de l’impressionnisme par nature plus tranché de Monet, avec une Seine d'un bleu marin.

Cette admiration réciproque n’empêche cependant pas les deux hommes de développer, indépendamment l’un de l’autre, leurs propres styles. On peut ainsi utilement comparer deux vues de Paris réalisées le même jour sur le même sujet en 1878 à l’occasion de l' Exposition universelle.

Fichier:Edouard Manet 054.jpgFichier:Monet-montorgueil.JPG

 

 

 


 

 

 

 

 

"Rue Mosnier aux drapeaux" (1878) de Manet


 

 

 

 

"Rue Montorgueil" de Monet (1878)


Édouard Manet est également très lié au peintre Edgard Degas, bien que ce dernier n’ait pas fait spécifiquement partie du groupe des Batignolles. Les deux hommes sont inséparables aux heures sombres de la guerre de 70.
À la différence d’Edgar Degas, qui affiche une prédilection de plus en plus poussée pour la représentation du monde du travail et de la classe ouvrière, Édouard Manet a toujours préféré s’intéresser aux moments de loisirs : le thème du repos et de la détente, certes un peu frivole, permet cependant au peintre de capter avec précision et sensibilité le vécu de ses contemporains. Les cafés, et dans une moindre mesure les restaurants, constituent de ce point de vue l’endroit rêvé pour surprendre les scènes de la vie quotidienne des gens que Manet côtoie.

Fichier:Edouard Manet 031.jpg

"Chez le père Lathuile" (1878)

C’est dans le même univers que se situe la dernière œuvre majeure de Manet, intitulée Un bar aux Folies Bergère, réalisée alors que le peintre était déjà profondément rongé par la syphilis.
Cette œuvre qu'il peint en 1887 est présentée au Salon. 
Celle ci qui est l'une des plus achevées de l'artiste est faite d'une composition exceptionnelle dans laquelle se résume toute l’œuvre de l'artiste.
Quand il meurt, à Paris, en avril 1883, il laisse derrière lui une oeuvre faite de plus de quatre cents toiles, mais aussi des aquarelles et pastels en grand nombre.

"L'évasion de Rochefort", plus qu'un paysage marin est surtout un hommage  Henri Rochefort qui était devenu « la coqueluche du Boulevard» à la suite de son évasion d’un bagne de Nouvelle-Calédonie. Manet, alors malade, a demandé à rencontrer Rochefort pour obtenir des détails sur l'aventure, et le 4 décembre 1880, il écrit à Stéphane Mallarmé, (dont il a exécuté un portrait en1876 en retour d'une défense à Londres) : « J'ai vu Rochefort hier, l'embarcation qui leur a servi était une baleinière couleur gris foncé; six personnes, deux avirons. Amitiés. » C'est à partir des récits de Rochefort qu'il compose deux tableaux dont l'un, où les personnages sont plus précis, est conservé au musée d'Orsay à Paris, l'autre au Kunsthaus de Zurich.

L'évasion de Rochefort (1881)

INVENTEUR DU MODERNE 

 

28 ans sans que le peintre ne fasse l’objet d’une grande exposition à Paris. Le musée d’Orsay ouvre ses portes ce mardi 5 avril à Edouard Manet, peintre nourri à la tradition des grands maîtres, artiste parfois scandaleux mais toujours très soucieux d’intégrer le monde moderne à sa peinture.

 

Pour le commissaire Stéphane Guégan, l’orientation choisie pour l’exposition Manet s’est imposée naturellement car « l’un de ses apports est d’avoir fait entrer le monde moderne comme sujet, comme thématique, comme imaginaire… dans la grande peinture (…) C'est-à-dire faire entrer le monde du second empire dans tous ses aspects. Ses aspects visibles et ses aspects plus occultes… jusqu’à la prostitution à travers Olympia. »

De ce mois d’avril au 3 juillet 2011, le musée d’Orsay retrace en plusieurs thèmes et quelques 235 œuvres le parcours relativement bref du peintre. Mort à l’âge de 51 ans, Édouard Manet n’a en effet peint que durant une vingtaine d’années, produisant près de 400 peintures quand Monet en réalisait 3 000. Essentiellement vendus à l’étranger, nombre de ces tableaux ne voyagent quasiment plus. Ce qui explique aussi la complexité et la difficulté de rassembler les travaux de Manet. Stéphane Guégan explique que « l’exposition combine des œuvres très connues, des grands chefs d’œuvres et des choses que l’on aimerait faire découvrir au public. ».

 

 

 

Manet décrié, insulté, ridiculisé est devenu le chef de file reconnu des « avant-gardistes », et si le peintre a été lié aux acteurs du courant impressdionniste, il est à tort considéré aujourd’hui comme l'un de ses pères,  il n'en est qu'un puissant inspirateur autant par ses morceaux de peinture que par ses thèmes de prédilection. Sa manière de peindre soucieuse du réel reste en effet foncièrement différente de celle de Claude Monet ou de Camille pissarro. Toutefois, certaines de ses œuvres sont proches de l'impressionnisme, c'est le cas de : L'Évasion de Rochefort, Portrait de Claude Monet peignant sur son bateau-atelier à Argenteuil et Une allée dans le jardin de Rueil.

Le maître laisse plus de quatre cents toiles et d’innombrables pastels, esquisses et aquarelles qui constituent une œuvre picturale majeure à l'influence certaine sur les artistes de son temps comme le groupe des batignolleset bien au delà : Manet est en effet reconnu internationalement comme l’un des plus importants précurseurs de la peinture moderneet ses tableaux majeurs sont visibles dans les plus grands musées du monde. C'est en 1907, ironie de l’histoire de la peinture, qu'Olympia« refusée » en 1863, entre, 44 ans après sa création, au Musée du Louvre (il est aujourd'hui au Musée d'Orsay). En l’an 2000, l’une de ses toiles s’est vendue à plus de vingt millions de dollars.

 

Edouard MANET «Une allée du jardin de Rueil»

 Une allée dans le jardin de Rueil (1883) de Manet

 «Œillets et clématite dans un vase de cristal» (-1882)

 

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Édouard Manet (1832-1883)  - L'asperge (1880) huile sur toile H,16,5 ; 21,5 cmParis, musée d'Orsay

Ce tableau, minuscule, a été peint 3 ans avant sa mort. Manet avait vendu 800 francs un tableau représentant une botte d'asperges à Charles Ephrussi. Il a reçu de ce collectionneur russe la somme de 1000 francs. Plutôt que de rembourser la différence, Manet peint une asperge posée sur le bord d'une table avec sa pointe violacée qui se redresse (suggérant à certains spectateurs une allusion sexuelle alors que Manet avait simplement rendu la vision d'une simple asperge aux couleurs complexes) en ajoutant un mot ainsi libellé : "il en manquait une à votre botte."
Manet est un naïf, élégant et plein d'esprit qui a peint l'une des plus belles nature morte. Une nature morte poétique,mystérieuse conne les regards indifférents de ses modèles, il bouscule les codes de son temps sans volonté de bousculer pour bousculer.

Ainsi, il n'a été ni impressionniste, ni romantique, ni réaliste il s'inscrit dans une continuité sans fin de la peinture, à la suite des anciens qui furent ses maîtres mais avec la volonté que la peinture existe pour elle-même.

Edouard MANET «Une botte d'asperges»

 "Une botte d'asperges" (1880)
Huile sur toile 44 cm x 54 cm

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