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Eclaircie après la pluie -
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5 janvier 2011

Evolution des canons de la beauté : de Vénus à Vénus Beauté.

  • Période préhistorique

Une statuette a été sculptée il y a 23 000 ans Av.J.C, elle ornait une grotte préhistorique. Les découvreurs l'ont nommé vénus de Willendorf. Cette Vénus gironde est une femme certainement féconde et nourricière.

http://asfolhasardem.files.wordpress.com/2008/11/venus_of_willendorf_03.jpg
la Vénus de Willendorf

 


Les paléontologues ont nommé parfois Vénus, des statues préhistoriques féminines nues,
aux formes arrondies et/ou proéminentes au niveau des seins, du ventre ou des fesses.
Il s'agissait en fait de
créations artistiques humaines montrant au contraire le niveau
déjà important de l'art et de la conscience divine.

Dans la mythologie romaine, elle est la Déesse de l'Amour et de la beauté et à l'origine protectrice de l'agriculture, proche de Flora (floraison) ou Feronia (fertilité). Puis elle fut assimilée à Aphrodite (Déesse de la mythologie grecque). Elle est mère de Cupidon (Eros), des amours et d'Enée.

 

Les attributs de Vénus étaient :
le miroir, la ceinture, le sourire engageant et l'éloquence des yeux.

Le mot français vénérien dérive de Vénus.
La laideur est représentée par les monstres et plus particulièrement par Méduse.

Le Caravage - Méduse - 1599

En effet, derrière le masque trompeur d'une belle apparence, un visage aux beaux traits, se montre l'envers du décor, les serpents de sa chevelure qui menacent la vie.

La laideur est souvent associée au mal, au manque, à la mort et
la beauté au bon, au bonheur, à la vie joyeuse.
La beauté procure des plaisirs, des illusions dont on a besoin pour vivre, comme le dit Nietzsche dans « Le Livre du Philosophe » : ‘'la vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenues pour des vérités'', ‘'nous ne vivons que grâce à des illusions, et nous avons donc besoin, pour vivre, de l'art à chaque instant''.

Comment les anciens représentaient Vénus dans l'antiquité ?

Deux artistes ont dominé la sculpture grecque : Phidias et Praxitéle.
Tous deux ont représenté Vénus,

  • Praxitèle au 4ème siècle avant J.C..

La Vénus capitoline ci-dessous, est tirée d'une œuvre originelle de Praxitèle vers -300

 

File:Capitoline Venus Musei Capitolini MC0409.jpgFichier:Capitoline Venus Louvre Ma336.jpg

Autre copie de Praxitèle, au 2ème siècle après J.C.d'une Vénus  du type du capitole

Le geste de la main n'a pas qu'une portée pudique, il désigne aussi les symboles de la fécondité que sont la poitrine et le sexe. Le dessein de l'artiste est de représenter la beauté parfaite. Elle est représentée par le corps d'une femme avec un visage parfait.
Dans la Grèce d'avant cette époque la beauté était représentée par un corps viril, aux muscles harmonieux.
La femme représente avec Praxitèle l'incarnation de la beauté suprême.

 

<b>Callimaque</b> : <b>Vénus</b> : <b>Aphrodite</b> : <b>Caius Julius Caesar (Jules César)</b> : Aphrodite du type Vénus Génitrix

Autre Vénus capitoline

La Vénus de Milo est une célèbre sculpture grecque de la fin de l'époque hellénistique (vers 130-100 av. J.-C.) qui pourrait représenter la déesse Aphrodite (Vénus pour les romains). Découverte en 1820 dans l'île de Milo, d'où son nom.

Fichier:Venus de Milo Louvre Ma399.jpg

Vénus de Milo, Marbre,(vers 130-100 av. J.-C.)

Cette œuvre romaine d'époque impériale en marbre de Paros est considérée comme la meilleure réplique d'un original grec disparu attribué au sculpteur athénien Callimaque, actif au 5è siècle avant Jésus-Christ. Jules César commandera une réplique au sculpteur Arcésilas en 46 avant Jésus-Christ, pour la placer dans le temple de la Vénus Genetrix (la mère en latin) à Rome. L'empereur prétendait descendre de la déesse.

Statue de "Vénus geneterix" (génitrice : mère féconde) dans la roseraie du jardin des Plantes de Paris.

Fichier:Venus genitrice roseraie jd plt.jpg

Vénus - Statue en marbre de Louis-Marie Dupaty (1810)

Autres œuvres représentant vénus :

  • Au 15ème siècle : "La naissance de Vénus" par Botticelli :

Fichier:La nascita di Venere (Botticelli).jpg

La naissance de Vénus (1485) par Sandro Botticelli - Galerie des Offices Florence

A la renaissance l'influence de l'antiquité est évidente. La Vénus de Botticelli est comparable à celle de Praxitèle, si ce n'est que la chevelure très longue  a remplacé le drapé ou la main.
Pendant mille ans on n'avait pas vu en Europe un nu féminin presque grandeur nature, la représentation d'une femme qui dévoile gracieusement son corps parfait.Les grecs appellent cette déesse de la beauté et de l'amour Aphrodite .
Cette naissance de Vénus est une scène païenne mais mythologique alors qu'à cette époque la quasi totalité de la production artistique était constituée de thèmes religieux et de quelque portraits.
Elle est la perfection incarnée. Cette incarnation pourrait être aussi bien le fait des animaux qui pourrait être plus beau encore.
Vénus est comme en apesanteur, elle est fragile et pure comme le blanc de son visage. Cette femme très pudique est diaphane, elle est une idée de la beauté au contraire des femmes charnues et lourdes de Rubens. la femme émerge de la nature tandis que l'homme maitrise cette nature.

On retrouve cette extraordinaire effervescence de la renaissance, avec cette Vénus volage de Cosimo (Pierro Di Cosimo,1462-1521) :

Vénus, Mars et l'Amour

  • Au 16ème siècle une Vénus du Titien :

Elle devient plus profane, moins pudique .

Fichier:Anadyomene.jpg

Vénus sortie des eaux - Le Titien (1525)

  • Au 17ème siècle vénus est représentée par une peinture Diego  Velasquez, datée de 1649- 51 : La Vénus à son miroir. le 17è est le siècle du Baroque.

L’art baroque est réputé pour évoquer l’émotion et la passion et non la rationalité et le calme qui se dégage de la peinture de la renaissance. Cette vénus est consciente se sa beauté, elle s'en émerveille. C'est ne beauté qui se suffit à elle-même.
De l'allégorie de la beauté on est passé à son narcissisme.

Même Cupidon ne peut rien faire. Ses mains qui tendent le miroir sont attachées. Il n'a pas ses flèches et se perd dans la contemplation de cette belle femme, certes lascive, mais fermée. Inversement on peut penser que Vénus nous voit dans le miroir et elle contemple l'effet que produit sa beauté sur nous.

Autre miroir tendu par Amour et dans lequel Vénus se mire. Il est peint par RUBENS :

Fichier: 0 Vénus et Cupidon - PP Rubens - Musée Thyssen-Bornemisza (2) JPG.

"Vénus et l'Amour" peint vers 1610

  • Au 18è siècle Vénus nous tourne-t-elle le dos ?


Goya "La Maya desnuda" - (1799)

Maya veut dire mignonne. C'est encore une Vénus, mais qui devient particulièrement profane. Elle n'a plus  les attributs d'une déesse. Surgi l'infini du désir, des sentiments, de l'humain et non plus un infini divin. Goya préfigure les beautés romantiques.
D'une remarquable longévité artistique (plus de 60 ans), il débute comme peintre de l'aristocratie heureuse du XVIIIe siècle. Ses premières œuvres se rapportent à des sujets légers de la société espagnole.
Elles rappellent la peinture gracieuse de Fragonard, son contemporain...(Voir ci-dessous).
Loin des conventions de son époque, il fait preuve d'audace dans ce nu où il représente une marquise de la cour. Elle est sa Vénus, lascive, offerte, les bras légèrement repliés derrière sa tête regardant franchement l'effet qu'elle produit.

Fichier:Fragonnard Naissance de Vénus.JPG

La naissance de vénus par Fragonard (1755)

 

Avec Fragonard et Goya, il 'y a plus d'absolu dans la beauté, elle devient subjective et multiple. En 1764 Voltaire écrivait qu'il était impossible de faire un traité du beau car il est trop divers. La beauté est fait de moments de rencontre, comme entre Goya et sa marquise qui était aimée d'un autre homme et qui mourra en 1802.

  • La beauté au 19eme dans la peinture à l'époque classique :

http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/IMG/jpg/1807-1848_Ingres_Venus_Anadyomene.jpg
Ingres, Venus Anadyomène 1848

Fichier:William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - The Birth of Venus (1879).jpg
"La naissance de Vénus" en 1879 par Bouguereau

Le sujet du tableau est le même que celui de Botticelli à la Renaissance. On peut donc parler d'une peinture classique, académique, la différence entre le 15è et le 19è  est dans l'usage des tresses de Vénus. Celle-ci apparait totalement nue. La référence mythologique n'empêche pas l'érotisation des personnages comme si ceux-ci étaient totalement profanes.
Un critique d'art du 19è, relate sa vision du tableau (au Salon de1879) en ces termes :

"Il me faut bien, hélas ! Commencer par l'œuvre de M.Bouguereau . M. Gérôme avait rénové déjà le glacial ivoire de Wilhem Miéri., M. Bouguereau a fait pis.
Ce n'est même plus de la porcelaine, c'est du léché flasque ; c'est je ne sais quoi, quelque chose comme de la chair molle de poulpe. La naissance de Vénus, étalée sur la cimaise d'une salle, est une pauvreté qui n'a pas de nom. La composition est celle de tout le monde. Une femme nue sur une coquille, au centre. Tout autour d'autres femmes s'ébattant dans des poses connues. Les têtes sont banales, ce sont ces sydonies qu'on voit tourner dans la devanture des coiffeurs ; mais ce qui est plus affligeant encore, ce sont les bustes et les jambes. Prenez la Vénus de la tête aux pieds, c'est une baudruche mal gonflée. Ni muscles, ni nerfs, ni sang. Les genoux godent, manquent d'attaches ; c'est par un miracle d'équilibre que cette malheureuse tient debout. Un coup d'épingle dans ce torse et le tout tomberait. La couleur est vile, et vil est le dessin. C'est exécuté comme pour des chromos de boîtes à dragées ; la main a marché seule, faisant l'ondulation du corps machinalement. C'est à hurler de rage quand on songe que ce peintre qui, dans la hiérarchie du médiocre, est maître, est chef d'école, et que cette école, si l'on n'y prend garde, deviendra tout simplement la négation la plus absolue de l'art ! »

 

Toujours au 19è, mais moins classique, la Vénus tahitienne de Gauguin :

http://www.personal.kent.edu/~rberrong/gauguin/e447.jpg

Paul Gauguin  "Manao Tupapau" (1892)

Paul Gauguin a le fantasme d'une femme libre et naturelle pendant sa période tahitienne. Cette beauté subjective  s'est déjà exprimée au 18ème.
Mais cette femme dominée par son maître Gauguin est-elle vraiment libre ?
Elle exprime dans sa beauté exotique, une crainte qu'elle dissimule à peine en tournant son corps vers son lit, ultime refuge avant les avances de son amant de maintenant. Il se dégage de cette composition un certain relativisme de la beauté. Mais elle n'est pas colonisée comme le sera la Vénus hottentot, ridiculisée, érotisée, standard de  la femme objet.

Cette Vénus exhibée comme un animal de foire, à l'époque coloniale, avec la caution de la science, est une Vénus noire qui a effectivement vécu au 19ème siècle dans la colonie Afrikaaner du Cap (elle ne parlait que le dialecte afrikaans) . Elle s'appelait Sarah Baartman et est née le 29 décembre 1815. Elle mourut à Paris. Ses restes ont été inhumés dans sa terre natale en Afrique du Sud.
Adellatif Kechiche lui a consacré un film qui vient de sortir (27 octobre 2010). Le titre de ce film est "Vénus noire". Il raconte l'enfer vécu par cette jeune femme africaine exhibée à Londres puis à Paris au début du 19ème siècle.
Un moulage de cette Vénus noire fut exposé jusqu'en 1974 au musée de l'homme à paris, ainsi que son squelette.
Elle est jouée par une actrice cubaine inconnue en France, Yahima Torres qui a répondu aux demandes contradictoires de Kechiche. Elle est comme une girouette devant ces foules au regard voyeur tout en restant digne malgré la tristesse qui la submerge.

 

  • Dali et la représentation de Vénus :                                           

           Vénus et Cupidon (1925)                                                              

 

 Vénus de Milo avec tiroirs, en bronze. (1964)

 

 



 

 Une Vénus, venue des colonies -

 

Fichier:Baartman.jpg

 

Abdellatif Kechiche
La Vénus noire d'Abdellatif Kechiche

  • Vénus a été représentée au 20ème siècle, même si la photographie a commencé à se révéler comme un art à part entière.

    Les icônes de ce siècle, mes Vénus,  sont des choix personnels, vous pouvez en avoir un autre.


Louise Brooks

Photo : Louise Brooks par Ochoa. © Ochoa Isy/SUPERSTOCK/SIPA        

 

La garçonne a les cheveux courts, elle fume et boit comme ses compères. Elle conduit des voitures, sort, danse, s’amuse comme les hommes. Cette émancipation s’accompagne également de changements vestimentaires. C’est sous l’impulsion de la créatrice Coco Chanel qu’émerge un nouveau look.

Ses vêtements ne marquent ni sa poitrine, ni sa taille, ni ses hanches. Grande nouveauté, on affiche ses gambettes dévoilées avec des jupes qui s’arrêtent aux genoux. A l’inverse, les frontières entre masculin et féminin ont tendance à s’estomper : le tailleur-jupe voit le jour, le pyjama aussi. Sans oublier l’éternel blazer créé par Chanel qui remporte aujourd’hui encore un franc succès auprès de toutes les fashionistas.
Dans la société bien pensante, on raille ces femmes, on les ignore, on les fustige… Louise Brooks, George Sand, Coco Chanel sont les grandes figures de ce mouvement.

La star de cinéma mystérieuse, incarnant la beauté et qui assume  les rondeurs féminines. Elle ne se cache pas comme une garçonne qui gomme ses formes féminines, ce qui n'empêche pas sa volonté de s'afficher libre.

 

http://musetracks.files.wordpress.com/2009/07/monroe-marilyn-the-legend-4800018.jpghttp://thisrecording.com/storage/marilyn_monroe.jpg

https://mail.google.com/mail/?ui=2&ik=6f0cb278c6&view=att&th=12c30fa67188b69a&attid=0.1&disp=inline&realattid=file0&zw

Marylin, comme Brigitte Bardot n'a pas un corps linéaire. Elles enveloppent l'espace de leur corps qui ne manque pas de dynamisme.
Comme celui d'une Vénus :

http://www.eurweb.com/images/articles/200606/venus_williams(006-swing-shot).jpg

La tenniswoman Vénus Williams (Mannequin à ses heures)

  • Les mannequins anorexiques des défilés de mode :

A l'époque ou la première dame de France était mannequin

Cliquez ci-dessus, sur ce site, il y a d'autres photos qui montrent que ce mannequin "n'avait pas froid aux yeux".

Terminons par une officine, un institut de beauté : de celui-ci Toni Mashall en a fait un film, "Vénus beauté", dont la raison d'être et de nous rendre belle quand on n'est pas sur de l'être vraiment.

 

L'affiche du film "Vénus beauté" :

 

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