la métamorphose de la famille

On parle beaucoup de la famille en ce moment de l'année (Cf article du Monde 2 et dossier dans Philomag, le mensuel de déc./janv.2010).
En effet les fêtes de noël approchent.
Et Noël qu'est-ce c'est, si on est pas chrétien ?

C'est la fête de famille par excellence, immuable qui réunit les générations, les frères, les sœurs, les parents, les enfants, bref la famille élargie.
La petite famille refermée sur elle-même -la famille réduite - vit sous le même toit toute l'année; on l'appelle alors un foyer).
La famille se réunit et montre son harmonie,  gomme ses différences.
C'est la dernière institution qui tienne le coup, même si elle s'est transformée, dans sa composition, dans les rôles des uns et des autres. L'ordre règne.
Ne parle-t-on pas d'une famille politique, d'une famille de mots  pour insister sur leur appartenance à la même origine. Dans une famille, on partage en gros les mêmes valeurs, liées à un lignage commun. Même sang, même éducation ou alors on est plus tolérant et on accepte plus facilement les différences qui deviennent des nuances que l'on peut surmonter.

Famille  réduite ou mononucléaire : quésaco ?
Composée du père, de la mère et des  enfants. C'est à dire qu'elle comprend le noyau des parents. On dit aussi famille traditionnelle, par rapport à la famille qui a tendance à se développer, qui est la suivante :
La famille monoparentale, composée d'un  seul parent et se développe parallèlement :
La famille recomposée : familles issues de parents ayant eu des enfants d'une précédente union. Donc une famille recomposée comprend un couple d'adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d'une union  précédente de l'un des conjoints.

Shaquille O’Neal has filed to divorce his wife after nearly five years of marriage and four children together.
(Shaquille O'Neal a entamé une procédure de divorce après avoir été marié 5 ans. Il est né de cette union, 4 enfants)

Il y a aujourd'hui davantage de divorces (rupture officielle du mariage liant précédemment deux personnes). Il se distingue de la séparation de fait, sans conséquence.

Donc davantage de familles où il reste au foyer un seul conjoint (le plus souvent la mère), tandis que l'autre conjoint recompose, s'il en a l'opportunité et s'il le souhaite, une autre famille dite alors recomposée où le conjoint rapporté rencontrera des difficultés pour exercer un rôle de parent, alors qu'il n'est pas le géniteur des enfants de son nouveau conjoint.
Il sera considéré comme le nouveau conjoint de maman ou papa.

On voit bien alors que l'on distingue bien le rôle de la parentalité de celui, de la conjugalité.

Tous ces mouvements autour de l'institution du mariage (ainsi que la création du PACS), ont fait dire que la famille traditionnelle était attaquée.

Il est vrai que cette famille s'est transformée radicalement au 20ème siècle,  le mariage résistait avec la naissance des enfants, or ceux-ci ne sont plus la condition pour que le mariage soit envisager par un couple ?
La famille traditionnelle se disloque encore davantage si on regarde sa composition :

Une famille traditionnelle avec des vieux

Plus de grands parents dans la famille (l'INSEE en donne une définition : couple marié ou non + les enfants), plus de vieux parents ? Autonomes les vieux  ou à l'hospice.
La femme est devenue plus autonome financièrement et exerce à égalité avec le géniteur l'autorité parentale
Des enfants que les parents ne comprennent plus. "L'école des parents" pour réapprendre le rôle de chacun des parents. On a l'impression que les parents ne connaissent plus leur rôle, lorsque l'on voit fleurir ce type d'institution et que la société civile ou légale a besoin de leur rappeler.
C'est le sens de la loi sur la suppression des allocations familiales votée par le parlement. Il s'agit de rappeler aux parents que l'école est obligatoire. Est-ce efficace pour que les parents exercent leur autorité parentale ?

Mais l'esprit de famille demeure malgré les transformations de celle-ci : voir les agapes et les cadeaux de Noël de la famille, la recherche du cocooning (être dorloté par les parents) ; les enfants ne partent plus de chez leur parent avant trente ans en moyenne
Le Pacs s'est stabilisé et ne concernent pas que les homosexuels qui réclament au nom de l'égalité le droit au mariage et la possibilité d'élever des enfants pour un couple de même sexe, avec un statut pour l'élément du couple qui ne joue pas le rôle de la mère maternante.

Une mère et son bébé
(par une femme-peintre italienne : Artemisia Gentileschi en1610)

Les psychanalystes freudiens nous apprennent que la mère est irremplaçable dans la relation mère - enfant. C'est elle qui donne l'affection, dont l'enfant a besoin tandis que le père partage son autorité avec la mère qui s'est vu reconnaitre ce droit par la loi à l'autorité parentale conjointe ( au nom de la légale "égalité des sexes", même si les femmes continuent d'exercer les tâches domestiques plus que les hommes d'après les enquêtes  - mais il ne faut pas le dire trop fort).
Les rôles parentaux sont bien dissociés par les freudiens et leurs héritiers ( à la mère l'affection, au père l'autorité) mais identiques selon les législateurs.
Une seule institution reconnait cette égalité, c'est l'État et la fonction publique en général. L'inégalité des sexes est un fait acquis pour certaines religions.
C'est dire si l'évolution sociale de la place de chacun des parents n'est pas terminée et il n'est pas étonnant que certains pères abandonnent tout rôle dans l'éducation des enfants tandis que les femmes sont submergées par le triple rôle qu'elles doivent parfois tenir : pourvoir à une partie des ressources financières de la famille, pourvoir à la majorité des tâches domestiques, pourvoir à l'éducation attentionnée et pleine d'affection des enfants qui ont beaucoup de mal à entrer dans une société qui refuse leur concurrence.
Cette éducation est devenue non répressive, on laisse les enfants exprimer leurs désirs, leurs besoins. Non répressive ne veut pas dire permissive, même si la confusion est entretenue par les adversaires de cette manière d'éduquer.
La prépondérance accordée à la mère est à relativiser.

Piero della Francesca - "Portraits de Federico da Montefeltro et de sa femme Battista Sforza" (1465)

Dans les siècles passés,beaucoup de mères bourgeoises confiaient leur enfant nouveau-né à des nourrices chargées de leur prodiguer des soins élémentaires comme le lait au sein. Ces mères abandonnaient pour leur bien leurs enfants. On peut retrouver cet "abandon" chez des femmes qui n'ont pas l'instinct maternel. Élisabeth Batinder les déculpabilisent en leur disant dans un livre devenu un best-seller remarqué, qu'elle n'ont pas à en rougir de honte, dans la mesure où cet amour inné pour sa descendance n'existe pas. Ouf cela remet dans le jeu les homosexuels  qui peuvent se passer de mère pour  élever avec amour leur(s) enfant(s) dans leur famille homoparental.
E.Badinter démontre le caractère culturel de l'amour maternel;cela veut dire que tout le monde pourrait l'acquérir, même les hommes qui se retrouvent un rôle parental, merci Élisabeth. Les femmes vont pouvoir passer de 3 à 2 journées seulement avec ces nouveaux pères qui paternent.
Les mariages sont de plus en plus tardifs à (30 ans en moyenne) et les séparations sont de plus en plus nombreuses.
Les philosophes y voient des conséquences nuancées. dans les deux cas la cause en est attribuée au mariage d'amour qui a de plus en plis remplacé le mariage de raisons qui assurait les ressources du mari à la femme traitée comme une chose sans humanité. Celui-ci n'est pas remit en cause, il est considéré comme un progrès qu'il n'est pas question de remettre en cause. Mais les hommes et les femmes vivent plus longtemps et sont aussi plus exigeant quant à la volupté ressentie, donc il est normal pour Pasccal Bruckner qui a écrit récemment " le mariage d'amour a-t-il "échoué ? " qui a tendance à répondre oui. la solution serait dans la dissociation de la vie de couple (conjugalité ou matrimonialité) de la vie avec les enfants que l'on a conçu ensemble fondant parla-même une famille qu'il n'est pas question d'abandonner comme un vulgaire Jean-Jacques Rousseau délaissant ses enfants.

D'un côté une injonction de fidélité dû au choix (d'en faire),de l'autre un dialogue constant entre la raison et les passions qui sont souvent résolus par l'adultère. Luc ferry de son côté a écrit et édité par Plon un livre intitulé"la révolution de l'amour pour lequel la famille n'a jamais été aussi prisée, alors que le couple d'aujourd'hui est fondé sur l'amour. Le divorce n'est que la rançon de cette révolution. Le constat est le même que celui de Bruckner, mais pour Luc ferry ce type de mariage n'est pas un échec, d'ailleurs personne ne veut revenir à un mariage de raison et il préconise d'élargir ce mariage aux homosexuels et de donner des droits à l'autre parent homo,
Dans les 2 cas cela revient à reconnaitre les liens de l'amour sans abandonner qui que ce soit, quel que soit la fragilité de cet amour entre adultes consentants.
Donc on assiste aujourd'hui à :
- un recul du nombre de mariages (331000 en 1950 ; 254700 en 1995)
- un développement des familles recomposées, avec un conjoint au moins divorcé (l'INSEE  recense 580 000 familles de ce type).
- une parenté bouleversée dissociant la fécondation (fécondation in vitro, hommes donneurs de gamètes), la gestation (mère porteuse). La loi bio-éthique doit être modifiée
- le nombre de divorces augmente (il est d'environ 1 divorce sur 2 mariages). En 1994 plus de 2 millions d'enfants mineurs vivaient avec 1 seul parent (généralement, la mère).

- les naissances hors mariage augmentent (En 2007, les naissances hors mariage ont représentées 50,5% du total des naissances contre 48,4% en 2006, selon les résultats de l'enquête INSEE de recensement. C'est la première fois en France que les naissances hors mariage prennent le pas sur les autres.)

Une famille célèbre a retrouvé son harmonie, après s'être déchirée en justice par avocats interposés, la famille de Liliane qui n'a eu qu'une fille, Françoise qui trouvait qu'elle avait de mauvaises fréquentations.Tout est entré dans l'ordre, les actionnaires et les politiques français de l'Oréal peut dormir tranquille.
L'affaire de famille est réglée et la dynastie Bettencourt sort même renforcée de cette épreuve.
La classe dominante doit vivre cachée, à l'abri du bon peuple qui se fait plumer. Ce bon peuple aimait cette brouille familiale très 19ème siècle. Le riche, le super riche était devenu bouc émissaire et l'argent ne faisait pas le bonheur. C'était rassurant .
L'affaire Woerth/Bettencourt continue.

Pour Maurice Godelier, célèbre anthropologue français, la promotion de l'individu, depuis le citoyen de la révolution française, a ébranlé la famille. Cette reconnaissance de l'individu est devenu irréversible et a entrainé la société d'aujourd'hui, avec l'éclatement de la famille nucléaire traditionnelle.

Le pape bénissant les enfants de dieu le jour de Pâques à la Basilique Saint-Pierre à Rome

La chrétienté a, des siècles durant, dominé l'Occident jusqu'à la séparation de l'église et de l'État (en 1905 en France) qui a reconnu la prépondérance de celui-ci dans les affaires publiques (la politique de la famille est devenue une affaire gérée par l'État), le mariage était un sacrement ineffaçable ( donc divorce interdit, pas de sexe avant le mariage ; l'adoption était désapprouvée, le remariage des veufs ou veuves était également réprouvé dont l'union sacrée par l'Église se poursuivait au-delà de la mort.
Au 20ème siècle l'individu s'est libéré de toutes ces contraintes sociales (transmettre un nom, un patrimoine, pérenniser la dynastie) et religieuses:
- en choisissant son conjoint (mariage d'amour, de passion, de désir évoqué par nos philosophes) ; maintenant, l'Etat reconnait le concubin (la majorité des enfants naissent hors mariage).
Ces bouleversements sont récents, d'où des résistances (mamy Boutin fait de la résistance) ou des lois qui se font attendre.

L'amour, la passion , les désirs parfois s'épuisent, d'où les nombreux divorces et leurs conséquences qui doivent sérieusement être prises en considération. La famille dans sa structure n'est que l'image de la société. Ce n'est pas son idée de la famille que l'on doit essayer d'imposer ou l'idée que sa religion se fait de la famille.
Dans la famille, les adultes quels qu'ils soient, doivent assurer la protection d'un enfant encore fragile, son éducation lui apprendre à devenir autonome, à devenir adulte à son tour. Peut-on obtenir ce résultat quand  les adultes mariés  se déchirent, se tapent dessus, au sein de la famille traditionnelle ?
Certes il reste beaucoup de choses à faire au niveau de la société toute entière pour que la famille soit encore plus ce lieu de solidarité, de familiarité, de liberté, d'égalité, de fraternité que nous recherchons tous : plus de vraie égalité entre l'homme et la femme, moins d'inégalités sur cette planète où l'homme ne régnera pas en maître éternellement.

Les parents devront assumer leur rôle égal vis à vis de leurs enfants après leur séparation qui signifie seulement que leur amour a pris fin.

PS

Despite the rumors going around, Prince William and Kate Middleton are not going to be parents any time soon.

Maintenant les princes peuvent épouser une roturière, comme le prince Andrew, en Angleterre bien qu'elle ne soit pas du même monde ; les veufs peuvent entretenir une liaison avec leur ancienne amie (Cf le prince Charles) ; les princes célibataires peuvent pérenniser leur dynastie(Cf le Prince Albert à Monaco ; les people, basketteur en NBA et actrice à la télé ( qui se sont mariés en grande pompe) peuvent se séparer sans craindre une excommunication comme Henri VIII.