La jeunesse et les jeunesses

La jeunesse un état ou/et une catégorie sociale spécifique ?

Cette société n'aime pas ses vieux.
Ceux-ci s'efforce de rester jeune ou tout au moins d'avoir l'air jeune, de ne pas être ringard.
Pourtant on a l'impression que les jeunes sont mis à l'écart de la société.
Ils ont peur de cette société qui semblerait ne pas vouloir d'eux bien qu'elle les singe mais en même temps ils font peur. Raison de plus de les tenir à l'écart.
Ils ont même manifesté pour la retraite qui concerne les vieux . Eux ne serons à la retraite aux mieux que ans 1/2 siècle. Dans très longtemps et d'ici là...Le monde ne sera-t-il pas radicalement différent ?
Avant les jeunes générations croyaient au progrès, à l'ascenseur social maintenant à la retraite et à sa vie meilleure qu'il ne faut surtout pas nous raccourcir.
Les jeunes ont donc rejoint les vieux dans la rue. Ils sont les bienvenus, cela gonfle les chiffres des manifestants. Mais les vacances d'automne vont vider les rues. C'est sur quoi parier le gouvernement pour faire passer sa réforme, le reste (parlement, conseil constitutionnel) n'étant qu'une formalité.
Les jeunes vont partir en vacances avec leurs parents ou fleurir la tombe de mamie qui n'a pas profité de la retraite à laquelle elle avait rêvé toute sa vie de labeur.

Ouf, les politiques ont peur des jeunes, ils montent au créneau  ("Attention aux casseurs") pour empêcher les jeunes de se joindre au mouvement des vieux. Ils savent bien que ces jeunes n'ont rien à perdre et encore davantage aujourd'hui. En outre ces jeunes sont souvent jusque boutistes et veulent en découdre à tout prix pour se faire une place dans cette société qui la leur refuse.

Les politiques savent bien que les jeunes ont souvent réussi à faire reculer le pouvoir par exemple sur le CPE, la réforme des lycées de Darcos, Le CIP de Balladur...
La loi sur les retraites vient d'être promulguée par Nicolas Sarkozy, mais la lutte continue, les jeunes ont bien obtenu le recul du gouvernement Villepin sur le CPE, alors que ce nouveau contrat de travail devait permettre l'embauche facile des jeunes. La loi sur le CPE  avait été promulguée par le président de la république de l'époque, Chirac.

La jeunesse voulait se faire entendre et monter qu'elle pouvait parler de sa propre voix sans répéter les slogans des vieux, d'autant que la prolongation de la vie de travail des vieux n'était guère favorable aux jeunes. En effet, la génération des plus vieux restant plus longtemps au travail, la génération des jeunes pouvait vivre ses "travailleurs prolongés" comme des concurrents, les vieux libérant moins de postes pour les jeunes, même si le marché du travail n'est pas seulement une affaire quantitative, ce que ne manque pas de souligner la droite.

La jeunesse est tenue à l'écart de la société et nombre de jeunes vivent un certain déclassement en une seule génération par rapport à leurs parents. Il sont obligés de rester longtemps chez leurs parents pour faire des économies et par conséquent entrés plus tard dans la vie autonome.
Cela n'est pas qu'un sentiment, les chiffres officiels  montre cette dépendance des jeunes, s'ils veulent éviter la paupérisation , on dit  aujourd'hui la précarisation.  Ainsi le taux de pauvreté atteint 20 % des jeunes (de moins de 25 ans), contre 11 % des actifs adultes et 8 % des retraités. Il vaut mieux avoir des parents retraités si on raisonne à partir des chiffres, en moyenne. Les adultes ont protégés leurs acquis au détriment de ces jeunes pauvres qui ont servi de variable d'ajustement pour la société

Comment redonner espoir aux jeunes qui constituent l'avenir d'une nation ?

L'effort de la société doit porter sur :

• - l'éducation.Actuellement, seulement 40 % des jeunes français font des études supérieures. on est loin de l'objectif fixé par Chevènement, il y a une vingtaine d'années. Les français ne font pas trop d'études supérieures par rapport à cet objectif ni par rapport à d'autres pays tel le Japon ( qui lui a atteint les 80 % d'une classe d'age sortant diplômée de l'université), tel la Corée du Sud (60 %), tel les États-Unis (55 %)...D'autant que nous sommes loin de "l'équité des chances" (telle que la définit François Dubet dans son ouvrage "les places et les chances", Dubet y parle plutôt d'égalité des places - égal "équité" pour d'autres intellectuels) et même de l'égalité des chances tant célébrées par la droite qui parle de société méritocratique.L'effort éducatif de la nation a baissé : il est passé de 7,5 % du PIB à 6,5 entre l'année 2000 et 2010, soit une baisse de 15 %. Il faut donc faire un effort d'investissement dans ce domaine éducatif. Cet effort devra porter notamment sur l'université qui devra se démocratiser. Il faudra se donner un nouvel objectif de pourcentage d'une classe d'age diplômée de l'enseignement supérieur et consacrer une plus grande proportion du, PIB à cet enseignement qui représente 1,5% du PIB contre 4 % dans les pays nordiques.

- Priorité à l'emploi des jeunes.La plupart des jeunes au travail sont en situation de précarité. Le CDI protège ceux qui ont un emploi et la probabilité alors de perdre son emploi pour celui qui a un CDI est de 1 % par an. Les travailleurs qui ont un CDI et qui souvent ne sont plus très jeunes sont donc protégés par rapport aux jeunes qui entrent sur le marché du travail et son beaucoup moins touchés par le chômage. Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est actuellement de 23,3 % de la population active, contre 9,3 % pour l'ensemble de cette population.La plupart des jeunes qui ont un emploi, obtiennent à 80 % un CDD, c'est une variable d'ajustement de la main d'œuvre comme les intérimaire qui ne sont pas réembauchés quand la crise se fait sentir, comme en 2008 par exemple. Quand cette flexibilité n'est pas permise, elle est replacée par les stages au nombre de 1 000 000 par an  qui constituent un emploi au rabais faiblement rémunéré (une rémunération minimum est maintenant obligatoire). Il ne devrait servir qu'à découvrir l'entreprise et bien souvent, ils ne servent qu'à avoir recours à un main d'œuvre bon marché, corvéable à merci. Le gouvernement devrait relancer un n énième plan d'emploi des jeunes avec les syndicats de salariés et le patronat qui avec l'État fournit les emplois.

• - troisième priorité :
  lutter contre la paupérisation des jeunes qui doivent désormais être soutenus dans leur niveau de vie.
  Les bourses sont trop faibles pour subvenir aux besoins des étudiants et sont souvent compléter par un travail qui nuit à la réussite des études. La dépendance à la famille est nécessaire. Les étudiants ont besoin d'un revenu minimum, au même titre que les retraités, le RSA n'est qu'un début pour soutenir les jeunes sans emploi, actuellement, il est nettement inférieur au minimum vieillesse. les jeunes à la recherche d'un premier emploi doivent pouvoir bénéficier d'un "revenu d'insertion".

Yes,  hirsch can do it, maintenant, il est banni

Enfin l'écart de revenu entre les jeunes actifs et leurs ainés s'est considérablement accru : en 1975, il était de 15 %, il a maintenant presque triplé puisqu'il est de10 %.
Ces revenus sociaux ont un cout qui est largement compensé par les versements des familles aisées qui veulent bien soutenir leur enfant pour qu'il réussisse ses études supérieures. Ces solidarités familiales pourraient être mutualisées et versées directement à tous les jeunes qui ainsi seraient plus autonomes et joueraient moins les Tanguy, ce qui ne les amusent guère.

Actuellement la dette publique est énorme (1700 milliards d'euros, soit 27 000 euros par habitant). Elle opère des transferts entre générations, en effet ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui devront la rembourser.

Cette société est comme Cronos, elle dévore ses enfants et donc elle est appelée à mourir elle-même. Ils nous faut concentrer nos moyens sur la jeunesse, c'est une question de survie.

Cette société a peur de sa jeunesse, en la mythifiant. Les manifestants ont accepté  sa présence ordonnée (comme lors d'une retraite au flambeau) dans les défilés contre la réforme gouvernementale des retraites pilotés par Eric Woerth , en faisant attention aux casseurs étrangers à la manifestation. La droite pour discréditer le mouvement a bien insisté sur les casseurs, sur l'immaturité des jeunes qui feraient mieux de travailler et de penser à leur avenir de futur travailleur, d'autant que les places dans les grandes écoles sont chères et ne sont qu'octroyer qu'aux élèves dociles et méritants. Et puis les jeunes ne renoncent pas, sauf s'ils partent aux vacances de la toussant, avec leurs parents, fleurir la tombe de mamie qui est morte jeune et n'a pas profité de la retraite qu'elle a tant attendu après une vie de labeur; une retraite bien méritée comme la hiérarchie dit dans ces discours d'adieu.
Cette jeunesse est jusque boutiste, elle n'a rien à perdre, et elle l'a prouvé dans le passé, même avec des lois promulguées, elle a fait reculer le gouvernement de Villepin en refusant le CPE qu'on avait fait justement que pour eux,, elle a fait reculer Darcos sur la réforme des lycées, elle a fait reculer Balladur sur le CIP, le contrat d'insertion professionnelle...
Comme le montre une enquête européenne récente, les jeunes d'aujourd'hui semblent plus politisés et radicaux. : 13 % se positionnent à l'extrême-gauche, contre 7 % en 1990.

Existe-t-il des jeunesses ou  une jeunesse ?
La jeunesse est plurielle. Certes il existe un culture jeune inhérent à cet age,à la position sur le parcours de la vie. Cette culture est plus communicationnelle ("Allo, tu sors ce soir..."), plus émotionnelle, plus festive.
Mais on peut constater des différences entre les jeunes. Il y a ceux de banlieue, ceux de province, ceux qui sont diplômés et  ceux qui ne le sont pas, ceux dont les parents sont pauvres ou chômeurs, ceux qui sont mal logés et les autres...
Cela crée des tensions dans la société et chez les jeunes eux-mêmes.

Le gouvernement a beau répété qu'il a sauvé le régime de retraite par répartition, les manifestants n'ont pas arrêté la grève contre cette réforme des retraites de gaité de cœur.
Finalement le gouvernement est conscient qu'il ne faut pas trop fanfaronner et qu'il faudra bien donné un peu de grain à moudre au syndicat qui se sont montrés très raisonnable durant cette période, souhaitant être à l'origine du mouvement même s'il est parti du ras le bol des  pauvres et des jeunes.
Ces jeunes ont refusé l'embauche au rabais que les différents gouvernements ont proposé (CPE, CIP...), on leur concoctera un autre plan d'emploi des jeunes tant leur mise à l'écart est trop criante, et puis cela satisfera les syndicats qui ont montré leur responsabilité.
En attendant la prochaine réforme des retraites, cela occupera le gouvernement remanié qui se montrera ainsi très social en négociant cette fois-ci avec les syndicats. Ce énième plan pour l'emploi des jeunes devrait : 

- renforcer encore l'alternance qui a bonne cote en permettant d'alterner en formation la théorie et la pratique de l'entreprise (mais tout dépend de l'entreprise qui pré-embauche)
- le pré-recrutement, justement, où les partenaires sociaux devront avancer prudemment (par exemple, faire financer la formation par une entreprise) , en échange, diplôme en poche, le jeune serait tenu de travailler dans cette entreprise durant un certain laps de temps, comme les fonctionnaires qui doivent un certain temps à l'État quand ils sont embauchés sur concours).
- la solidarité entre générations.
Lier l'emploi d'un jeune avec le maintien dans l'emploi d'un sénior qui transmettrait son savoir (faire) , moyennant un aménagement de son organisation du travail. L'entreprise pourrait alors bénéficier d'une aide pour cette sorte de tutorat par un salarié plus âgé.

L'entrée des jeunes dans les manifestations contre cette réforme des retraites tient plus du rite de passage au monde adulte (il faut bien des rituels dans ce monde qui n'en a plus beaucoup ; s'opposer au ministre de l'éducation en ait un, même Fillon y avait eu droit) que des retraites qui ne sont qu'une illusion de craie vie où l'on pourra faire enfin ce que l'on veut. On ne commence pas à vivre quand on devient impotent. Il est trop tard, c'est trop aléatoire.
Elle est aussi l'expression d'un malaise devant l'emploi de demain et d'une entrée dans la vie active toujours plus différée et toujours plus précaire. Cette jeunesse a reçu plein de mauvaises nouvelles :

- il faut sauver cette la planète dont le ressources sont limitées
- il n'y a plus de travail
- l'école est coupable, elle est coupée des entreprises
- les français sont allergiques aux réformes
- les travailleurs français sont toujours en grève
- c'est la faute à la mondialisation, à la crise, aux banques, aux jeunes qu'on a trop écoutés et qui ne veulent pas des emplois merdiques qu'on leur offre si généreusement.
- les étrangers viennent manger notre pain.
- les pays émergents nous concurrencent
- les fonctionnaires sont trop nombreux et ont un poil dans la main
- Les riches ont trop, peur des nombreux pauvres qui n'ont que ce qu'ils méritent dans cette société d'assistés
-...

On voit bien que dans les sociétés européennes vieillissantes les jeunes trouvent difficilement leur place. Les forces sociales sont en faveur des plus nombreux, de ceux qui peuvent imposer leur loi en démocratie.
Qui a élu Sarkozy ? Majoritairement les retraités.
Qui ont les plus gros patrimoines ? Que les plus gros revenus lèvent le doigt.