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Eclaircie après la pluie -
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6 novembre 2010

le naturalisme au 19ème, principalement en peinture

Zola

Le naturalisme (au même titre que l'impressionnisme et  le réalisme) est un courant artistique important du 19ème siècle qui s'est révélé en littérature, avec Zola et Maupassant , et en peinture (pendant la période de 1870 à 1890), pour sevolter contre l'industrialisation en plein essor au 19ème, et contre le courant scientiste (Le scientisme a atteint son apogée à la fin du xixe siècle, puis au cours du xxe siècle, surtout en Union soviétique, et reste vivace en ce début de xxie siècle) et son chef de file, Auguste Comte, qui monopolisait la description de la nature humaine ; la parution en 1877 de l'Assommoir marque cette volonté.
Zola s'intéressait également à la peinture et dans sa littérature, il décrivait un tableau, mettant en scène un peintre :
Son besoin de rivaliser avec   les peintres est tel chez Zola  qu'il donne sa propre version d'un tableau qui ressemble à celui de Manet "Le déjeuner sur l'herbe" qui symbolise le premier tableau impressionniste.

Dans l'Oeuvre, Zola décrit un tableau de son héros, le peintre Claude Lentier:

Un long silence se fit, tous deux regardaient, immobiles. C'était une toile de cinq mètres sur trois, entièrement couverte, mais dont quelques morceaux à peine se dégageaient de l'ébauche. Cette ébauche, jetée d'un coup, avait une violence superbe, une ardente vie de couleurs. Dans un trou de forêt, aux murs épais de verdure, tombait une ondée de soleil; seule, à gauche, une allée sombre s’enfonçait, avec une tache de lumière, très loin. Là, sur l'herbe, au milieu des végétations de juin, une femme nue était couchée, un bras sous la tête, enflant la gorge; et elle souriait, sans regard, les paupières closes, dans la pluie d'or qui la baignait. Au fond, deux autres petites femmes, une brune, une blonde, également nues, luttaient en riant, détachaient, parmi les verts des feuilles, deux adorables notes de chair. Et, comme au premier plan le peintre avait eu besoin d'une opposition noire, il s'était bonnement satisfait, en y asseyant un monsieur, vêtu  d'un simple veston de velours. Ce monsieur tournait le dos, on ne voyait de lui que sa main gauche, sur laquelle il s'appuyait, dans l'herbe.

Emile Zola, l’Oeuvre 1886

"Le Déjeuner sur l'herbe est la plus grande toile d'Edouard Manet, celle où il a réalisé le rêve que font tous les peintres: mettre des figures de grandeur naturelle dans un paysage. On sait avec quelle puissance il a vaincu cette difficulté. Il y a là quelques feuillages, quelques troncs d'arbres, et, au fond, une rivière dans laquelle se baigne une femme en chemise; sur le premier plan, deux jeunes gens sont assis en face d'une seconde femme qui vient de sortir de l'eau et qui sèche sa peau nue au grand air. Cette femme nue a scandalisé le public, qui n'a vu qu'elle dans la toile".(texte de Zola dans lequel Zola évoque le tableau de Manet ci-dessus).

Les peintres plantent leurs chevalets en pleine nature, comme les impressionnistes et fondent, en 1848, l’Ecole de Barbizon

– forêt de Fontaineblea
u. Ce mouvement accorde une importance primordiale au paysage dans la peinture ; les paysans en sont les acteurs – et non des scènes historiques ou mythologiques - et les peintres s’attachent à décrire le prolétariat paysan et ouvrier.
Une part importante du mouvement naturaliste consiste en la perspective darwinienne de la vie et la croyance en la futilité des efforts de l'Homme face à la puissance de la Nature.

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Jean-François Millet, Jean-Baptiste Camille Corot séjournent à Barbizon, à la lisière de la forêt de Fontainebleau, où ils exécutent des toiles « sur le motif » – c’est-à-dire sans esquisse préalable, devant le « morceau de nature » qu’ils ont choisi.

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Claude Monet, Essai de figure en plein air : femme à l'ombrelle tournée vers la gauche

Contrairement aux paysagistes classiques, qui peignaient une nature irréelle et idéalisée, les impressionnistes vont s'efforcer de rendre l'éphémère, la vision fugace. Selon l'heure du jour, la saison ou le temps qu’il fait, un même paysage connaît de sensibles variations. Pour fixer sur la toile les rapides sensations visuelles qui se modifient à chaque instant, ces jeunes peintres vont devoir renouveler leur méthode de travail, trouver une technique pour traduire avec sincérité ce qui s'offre à leurs yeux.

Édouard Manet, la Musique aux Tuileries

Le réalisme de Gustave Courbet, l’attention portée par Édouard Manet à la ville et au monde contemporain sont aussi des éléments essentiels. Pour cette jeune génération, en effet, la peinture ne peut plus se référer à l’idéal glacé du classicisme. Une révolte est amorcée, que ces artistes vont également exprimer en se rebellant contre les institutions artistiques, en créant leurs propres circuits pour se faire connaître.

 

Paul Signac, Brise, ConcarneauPaul Signac, Brise, Concarneau

Dans les années 1880, Paul Gauguin rejoint Pissarro à Rouen. Doyen des impressionnistes, ce dernier est le plus ouvert aux innovations de ses confrères et apporte son soutien à Cézanne comme à Gauguin ; les jeunes peintres apprécient son affabilité et sa disponibilité légendaires. C'est vers lui que se tourne aussi Paul Signac en 1885.

Georges Seurat, Un dimanche après-midi à la Grande JatteGeorges Seurat, Un dimanche après-midi à la Grande Jatte

Fervent admirateur des impressionnistes, et de Monet en particulier, Signac en adopte les touches fragmentées et les couleurs pures. Sa rencontre avec Georges Seurat marque les prémices d'un nouveau mouvement pictural, le néo-impressionnisme, dans lequel la touche morcelée des impressionnistes laisse place à de minces tirets, parfois à des points – d'où le nom de « pointillisme » bientôt donné à cette technique.

 

Dès 1885, Pissarro adopte le procédé dans ses toiles. Il peut ainsi retrouver une vigueur nouvelle dans ses compositions, que la touche floue et allusive de l'impressionnisme avait eu tendance à dissoudre. Signac s'engage à son tour dans cette voie, que Gauguin, lui, refuse de suivre.

 

- William Bouguereau (1825 - 1905)

Ses tableaux sur la mythologie grecque foisonnent et renvoient aux thèmes déjà repris par la Renaissance et le néo-classicisme, périodes qui ont influencé sa peinture, il a notamment abondamment traité des sujets allégoriques.
De nombreuses scènes , champêtres et bucoliques constituent son répertoire.

Un bon nombre de ses tableaux illustrent également les thèmes des liens familiaux et de l'enfance.
Dans le contexte du XIXème siècle, où l'influence du modernisme grandit en histoire de l'art pour en devenir finalement le courant officiel, l'art académique se trouva discrédité, dévalué, sévèrement critiqué par une pensée moderniste favorable à l'art d'avant-garde et mis à l'index.
Les artistes académiques comme Bouguereau connurent alors une dévaluation très significative. Pendant des décennies, le nom du peintre a même fréquemment disparu des encyclopédies généralistes et des enseignements artistiques ou fut simplement mentionné comme celui d'un exemple à ne pas suivre, objet de moqueries.

Fichier:William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - A Little Coaxing (1890).jpg

Câlineries - Bougueureau 1890

- Audubon

Jean-Jacques Audubon (ou John James Audubon aux États-Unis), né le 26 avril1785 aux Cayes (Saint-Domingue), mort le 27 janvier1851 à New York,

Né de père et de mère français, élevé à Nantes et à Couëron, Jean-Jacques Audubon arrive au Nouveau Monde en 1802 et se prend de passion pour ce continent inexploré, le dernier de la planète. Cinq ans plus tard, il émigre avec sa jeune épouse dans une bourgade des bords de l'Ohio, sur le front de la marche vers l'Ouest, et conçoit le projet qui va occuper le reste de son existence : repérer, observer, peindre, décrire tous les oiseaux du continent nord-américain.

Dans les premières années du vingtième siècle, cinquante ans après sa mort, les premiers écologistes américains entendirent son message et prirent pour emblème "le premier ornithologue pratique d'Amérique"(comme il se qualifiait lui-même).
Aujourd'hui, la National Audubon Society (600.000 membres) est la première organisation américaine de protection de la nature. Sa vigilance a permis de sauver plusieurs espèces menacées.
c'est à juste titre que les actuels protecteurs de la nature américains voient dans le personnage un précurseur qui ouvrit la voie à une remise en cause des relations d'une nation tout entière avec la nature. Traduite en actes, cette évolution des mentalités aboutit, dès 1872, à la création du premier parc national - précisément à Yellowstone, pour sauver les derniers bisons.

- Jules Bastien-Lepage(1848 - 1884)

Voir "Les foins" de 1877, dans l'article consacré à la représentation du travail dans la peinture.

- Léon Lhermitte (1844 - 1925)

Léon Lhermitte est né dans l'Aisne en 1844, et y séjourna jusqu'à l'âge de vingt ans environ.
Ceci explique certainement son profond attachement à la vie rurale et son oeuvre abondante, presque uniquement consacrée à l'évocation des travaux et des jours de la campagne contemporaine.
Dans "La paye des moissonneurs", le sujet et la technique relèvent du mouvement naturaliste. Pourtant, Lhermitte ne fait pas de ce tableau un manifeste contre l'abrutissement auquel sont soumis les travailleurs agricoles, comme l'avait fait Jules Bastien-Lepage dans son tableau "Les foins" de 1877, lui aussi dans les collections du musée d'Orsay. Il se contente d'un constat dénué de tout élément polémique où il met en œuvre ses exceptionnelles capacités artistiques, de la composition générale remarquablement équilibrée au rendu extrêmement précis des plus infimes éléments.

Léon LHERMITTE «La Paie des moissonneurs»

La paye des moissonneurs (1882)
Huile sur toile H. 215 ; L. 272 cm
Paris, musée d'Orsay

- Fernand Cormon (1845 - 1924)

La peinture officielle de la IIIe République.
Fernand Cormon a effectué une carrière exemplaire sous la IIIe République, exécutant nombre de commandes publiques. Régulièrement médaillé au Salon depuis 1870, il n’y présente rien en 1879 afin de se consacrer à une toile monumentale, Caïn, exposée l’année suivante. Très attendu, le tableau crée l’événement. Il est acheté par l’Etat et vaut la Légion d’honneur à son auteur. Contrastant avec l’exécution lisse et les couleurs claires des autres œuvres du Salon, il se rattache à la peinture d’histoire par son sujet et au naturalisme par son traitement.

 

Fichier:Fernand Cormon 004.jpg

Caïn fuyant avec sa famille (1880) -
Musée d'orsay

Ce tableau illustre le destin misérable de Caïn (Un hagard Caïn et obstiné menant sa tribu), le fils aîné d'Adam et Eve, qui après l'assassinat de son jeune frère Abel est condamné à une perpétuelle errance. 

- Johann Berthold Jongkind

Johan Barthold JONGKIND, peintre paysagiste hollandais vécut principalement en France où il fut très estimé de ses pairs et du public.         

Connu comme "le peintre de Honfleur et des rues de Paris", Manet l'appelait "le père du paysage moderne", et les jeunes peintres, au premier rang desquels Monet, un temps  son élève, furent séduits par son audace et ses natures qui annonçaient dès 1860 l'impressionnisme.
Indépendamment de son caractère propre, l'œuvre de Jongkind se situe,  comme un trait d'union entre les œuvres de Corot et de Monet, annonciatrice de la vague impressionniste de la fin du XIX ème siècle.

En 1862, il fait la connaissance de Boudin et Monet, avec lesquels il peint au Havre.
Monet
écrira à propos de Jongkind qu'il fut après Boudin son maître et qu'il lui doit "l'éducation définitive de son œil".

L'entrée du port d'Honfleur  - 1863
 Toledo Museum of Art, Ohio

Chaque été, Jongkind retourne sur la côte normande, entre Trouville et Honfleur.
C'est là qu'un changement profond s'opère dans son œuvre, les points de vue s'élargissent et se diversifient, et le jeu subtil de la lumière devient l'élément central de ses huiles et de ses aquarelles. Il s'applique à rendre celui-ci par de multiples décompositions de petites touches de couleurs, en évitant les teintes sombres et plates des ciels bas et nuageux de ses débuts.

Jongkind est fidèle à ses origines, son amour de l'eau et des bateaux, sa formation de naturaliste observateur attentif de la réalité : loin de la foule des estivants, il préfère les abords de la mer ou des ports où il peint des scènes animées par le travail des hommes (pêcheurs, marins...).

L'école de Barbizon (Corot, Millet, Charpin...)

Albert Charpin(1842 -1924) est un peintre français de paysages naturels et de scènes rurales des activités de la ferme notamment pastorales. Les caractéristiques de ses peintures esont les poses naturelles et la sérénité de ses acteurs, dans un contexte de lumière du jour matinale, avec des cieux nuageux. Il fut un membre de l'école de Barbizon.
Une de ses peintures, Le retour à ferme, est exposée au musée des beaux-arts de Chambéry :

Fichier:Charpin natureasis.jpg

Le retour à ferme

 

La cathédrale de Mantes peinte par Corot

Emile Zola estime que Corot est « le doyen des naturalistes » :
«le sentiment vrai qu'il a de la nature, la compréhension large des ensembles, surtout la justesse et l'harmonie des valeurs en font un des maîtres du naturalisme moderne ».C’est sans doute Baudelaire qui a le mieux résumé l’œuvre de Corot : Jean-Baptiste Corot peint la nature avec « autant d’intelligence que d’amour ».
Son pinceau ne se départit jamais de la modestie, allant de pair avec « une touche spirituelle ». C’est pourquoi beaucoup voient en lui le premier impressionniste


Millet
est associé à Gustave Courbet dans l’élaboration d’un nouveau naturalisme
, mais sa démarche n’est pas réellement politique : il souhaite montrer le caractère éternel de la lutte de l’homme pour son existence, dans le bouleversement social de l’exode rural.
A partir de 1865, ces thèmes nostalgiques, adoucis par un style naturaliste classique inspiré de Poussin, rencontrent un grand succès. Les silhouettes se détachant sur les plaines de la Brie acquièrent leur monumentalité par la noble simplicité d’un archétype sculptural.
Millet se tourne également vers le paysage, de plus en plus lyrique, où l’homme est en étroite communion avec la nature
.

 

Fichier:Jean-François Millet (II) 005.jpg

Femme au four de Millet (1851)

L'avènement du Second Empire (1852-70) devait marquer une rupture dans l'histoire artistique du XIXème siècle en France, entre d'un côté un art officiel, et de l'autre un art indépendant.

La politique culturelle de l'Empire :

  • encense un art académique affadi (le style "pompier") représenté par Meissonnier, Cabanel et Bouguereau, comblés d'honneurs par le régime et à la tête de l'Académie des Beaux-Arts,
  • et dénigre un art réaliste, souvent miséreux, que vont illustrer Courbet, Millet, Daubigny, Rousseau..

Cette rupture se manifestera sur de multiples plans :

- politique : la plupart des peintres réalistes ou naturalistes sont républicains et opposants au Coup d'Etat de Napoléon III.

- esthétique : ils détestent les "grandes machines" historiques ou mythologiques des peintres académiques, et souhaitent exprimer les beautés simples de la nature, la vie de leurs contemporains les plus humbles.

- sociologique : les nouveaux venus sont issus de milieux populaires et ne sont plus liés à l'aristocratie au pouvoir 

- géographique : ils sont en quête de sites préservés de la révolution industrielle (Barbizon, Normandie)

 
 

En  guise de conclusion :

REALISME: 1840-1865
les peintres vont être attachés à dénoncer les conditions de vie sociale ; peinture porteuse d'un élan social et humanitaire
scènes de la vie quotidienne 

NATURALISME :1845-1865
rejet du monde industriel ; retour à la nature, à l'ecologie, à des choses simples et essentielles.

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Commentaires
C
Bonjour<br /> <br /> <br /> <br /> Vous dites : "Dans le contexte du XIXème siècle, où l'influence du modernisme grandit en histoire de l'art pour en devenir finalement le courant officiel, l'art académique se trouva discrédité", ce qui est exact, mais n'est-ce pas plutôt "dans le contexte du XXème siècle" ? Au XIXème, au contraire, cette peinture plastronnait. (Le coup de pied au cul donné par les Impressionnistes a été tout à fait salutaire mais a jeté un injuste discrédit sur le travail souvent remarquable des peintres dits "pompiers" et qu'on appelle aujourd'hui "naturalistes". On trouve le même phénomène en cinéma avec la Nouvelle Vague qui a jeté le discrédit sur les parfois très bons films des cinéastes dits "de qualité française"...)
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