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Eclaircie après la pluie -
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2 novembre 2010

Visages et corps

Visages sereins et corps mutilés ou l'inverse.
Ce qui importe est le contraste entre les deux parties de l'homme, celle qui raisonne, exprime, tandis que l'autre redondante, répète.

Le Louvre ouvre ses portes à Patrice Chéreau
cet automne où il illustrera ce thème parce qu'il lui semble intemporel.

C'est vrai que les visages sont expressifs et reflètent une certaine éternité  et le corps, inerte, semble mort dans les tableaux depuis la représentation du christ.

https://storage.canalblog.com/07/00/199079/8860192.jpg

Hans Holbein le jeune (1521)
le christ mort, dans son tombeau

Portraitiste recherchant derrière les apparences les expressions signifiantes des visages, il cherche à unir aux traditions gothiques les nouvelles tendances humanistes.

Le réalisme est d’une rare violence :
Jésus apparaît sous les traits d’un cadavre maigre, verdâtre, ses yeux sont révulsés et sa bouche est ouverte, comme si personne n’avait pris la peine de les lui fermer. Sa main droite, comme tendue vers le spectateur, (le tableau, au musée de Bâle, est accroché à hauteur d’yeux) est squelettique, effroyable. On ne reconnaît le Christ dans ce corps en état de putréfaction qu’aux fameux stigmates et aux séquelles laissées par les supplices.

Fichier:Champaigne - Le Christ mort couché sur son linceul.jpg

Le Christ mort couché sur son linceul,
Philippe de Champaigne  vers 1654

Ce Christ mort est moins réaliste que celui d'Holbein, moins effrayant, son visage est plus détendu tel qu'il est traditionnellement représenté par la religion. Champaigne a peut-être vu le tombeau de Hans Holbein.

Pierre BONNARD

Pierre Bonnard - "Autoportrait,  le boxeur" -(1931)

Bonnard a une sorte de goût pour les points de vues inhabituels. Ses cadrages sont souvent insolites. Il tord l’espace. Les perspectives ne sont pas conformes. Et ceci est fait délicatement,  silencieusement…Ce tableau est exemplaire de ce point de vue.

 

Francis Bacon (1909-1992) -
"Portait avec viande" (1954)

Anglais d’origine, Francis Bacon naît en Irlande (Dublin) le 28 octobre 1909 où il passe ses seize premières années dans un climat familial tendu, peu de contacts avec sa mère et parfois trop avec son “salaud de père” comme il ne cessera de l’appeler tout au long de sa vie. Le bonhomme, militaire et prompt au châtiment, le chasse d’ailleurs de la famille à 17 ans lorsqu'il découvre son homosexualité, il le surprend vêtu de sous-vêtements féminins.
   
Dès lors, Bacon mène une vie de bohème de Londres à Berlin et Paris, ville qu’il affectionne, avant de retourner à Londres en 1929. Il y travaille comme décorateur et commence à peindre ses premières huiles et gouaches en autodidacte, influencé par Picasso, Rembrandt et Vélasquez à qui il rend hommage plus tard avec sa série des “Papes”. Il subit aussi l’influence de Bunuel, le cinéaste.

La peinture de Bacon est  sans concession comme pour dire que le corps n’est que le vestige de la viande.

La peinture de Bacon (1909-1992) est angoissante. Elle nous met mal à l’aise. Elle montre une viande à l’état brut qui nous rappelle notre condition. La peinture de Bacon n’est ni informe ni difforme et n’a que faire du contour. Elle exprime autant le refus de la peau sans chair de "La Déposition de la croix" de Fra Angelico (c. 1400- c. 1455) que la chair sans peau de la "Leçon d’anatomie" de Rembrandt.    
Le visage du pape laisse sortir un cri de douleur tandis que son corps est immobile, assis dans son trône.

Fra Angelico 073.jpgLa leçon d'anatomie de Rembrandt

Fra Agelico, 1432-1434
Tempera sur bois

  «[...]     La leçon d'anatomie de Rembrandt,

oui, j'en suis aussi demeuré tout surpris.
Te rappelles-tu les couleurs des chairs ?
C'est de la terre, surtout les pieds [...]
Il y a aussi, parfois,
je devrais dire toujours,
un rapport d'opposition
entre le ton du costume et celui du visage.»

Vincent Van Gogh à son frère Théo

Le  tableau de la leçon d'anatomie a été peint en 1632 ; Rembrandt n'a que 26 ans.  

Bacon réalise ses premières grandes toiles en 1933, dont plusieurs Crucifixions, présentées dans le cadre de deux expositions collectives à la Mayor Gallery de Londres.
Dès 1944, il se consacre uniquement à la peinture et commence à se faire connaître, notamment avec “Trois études de figures au pied d'une crucifixion ”, un tableau d'une rare violence expressive et “deux figures” qui représente deux hommes dans un lit, une peinture qui fait scandale. Bacon peint Une Etude d'après le Portrait du pape Innocent X (1953) de Vélasquez (voir plus haut) et peint son premier autoportrait en 1956.

Francis Bacon, 
Étude d'après le portrait du pape Innocent X de Vélasquez (1953)

Francis Bacon, 
Étude d'après le portrait du pape Innocent X peint par Velasquez, 1953

- Giacometti

L’artiste se concentre sur l’étude de la tête humaine, s’attachant plus particulièrement au regard. Giacometti commence alors une nouvelle phase esthétique : les membres des figures sont étirés jusqu’à l’extrême, et désindividualisent le modèle.
De même, les visages deviennent comme des lames de couteau (Le Nez, 1947). Il peint également des portraits et autoportraits où le regard est perdu dans un réseau de lignes qui emprisonnent la figure.

giacometti-le-nez.1244471545.jpg

Le nez (1947)

 

Des hommes au corps filiforme...au regard perçant.

http://www.productionmyarts.com/blog/wp-content/dessiner-un-visage.jpg

 

 

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