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Eclaircie après la pluie -
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25 mai 2010

La société du "care"

Le nouvel horizon social ?
Concept "bobo"? Ou dépassement de la "fracture sociale"  ?

La réponse à la crise  à droite ?
c'est plus d'initiative, plus de croissance, plus de responsabilités des individus, et son corollaire moins d'assistance.
Une réponse à la crise de la gauche :
En tout cas c'est plus de solidarité entre les individus. Les politiques ne disent pas seulement laisser le social à l'initiative privée, à la charité individuelle, aux associations dites caritatives, ils les (les associations sociales, les individus qui s'intéressent aussi aux autres), ils les entourent de conditions favorables pour développer leurs activités.

Pourquoi cette société du "care" ? (Prononcez Caire comme la ville égyptienne).

http://www.violettetravel.com/administration/images/voyage/Le%20Caire.jpg

Ville du Caire

Après le travailliste Blair (le modèle), c'est le démocrate Obama qui a le vent en poupe. L'américanophile Sarkozy qui a des vents contraires, n'arrive pas à être  copain avec le Président des "States", ce n'est pas faute de lui taper dans le dos, comme de vulgaires potes : " Dites donc, je n'ai pas gardé les oies du capitole avec vous."

Martine a remplacé le "Yes, I can" par le "Yes, I care".
Alors que Mitterrand voulait "changer la vie", rien que ça, avec son ami Mauroy à qui il demanda de ne rien changer, l'essentiel étant d'être réélu.

Mais que veut dire "care" en bon vieux québécois ?
Tout le monde n'est peut-être pas familier avec cette novlangue, à part Jack, toujours à la pointe de la culture, jamais débordé sur sa droite.
Google nous propose une définition : "attention, soins, inquiétude, souci,  surveillance, responsabilité".

Jack Lang bientôt à New YorkNicolas Sarkozy s'entretient avec les membres du «comité de réflexion» sur les institutions, dont Jack Lang (au centre), en juillet dernier au Palais de l'Elysée.

Martine nous propose donc un nouveau concept "la société du soin".
En son temps Chirac avait fait un triomphe avec "la Fracture sociale" qu'il constatait dans la société, en empruntant ce concept à un gauchiste Olivier Todd. Sarkozy avait bien compris que les Français voulait rompre avec ce fainéant de Chirac ; il proposa la "rupture"...Quelle rupture ? 
La rupture avec Mai 68 dont  cette société permissive est l'héritière, une société de fainéants irresponsables parce que composée d'assistés qui ne travaillent que 35 heures par semaine comme l'a voulu la Dame à laquelle  le Blogueur-journaliste Jean-Michel Apathie a décerné le prix de "La Nunucherie", trouvant que son "galimatias de bons sentiments" qui n'est qu'une "pseudo-philosophie"... de bonne femme aurait-il pu ajouter, mais il ne l'a pas fait, laissant la misogynie à Laurent Fabius ("Mais qui va garder les enfants", il est vrai que cela concernait l'autre Nunuche du parti socialiste qui se prend pour le Dieu des béatitudes ou de la "bravitude".

Ségolène Royal et Martine Aubry

Ségolène et Martine se voient régulièrement"

Cette société du soin, Martine Aubry en a parlé pour la première fois le 2 avril, lors d'une interview au journal numérique "mediapart". :
" La société du bien-être passe par une évolution des individus entre eux. Il faut passer d'une société individualiste à une société du "care" . La société prend soin de vous, vous devez prendre soins des autres et de  la société." a déclaré Martine lors de son entretien. Elle a été relayée par le journal le monde, dans un article du 14 avril 2010 et intitulé :" Martine Aubry cherche à redynamiser la pensée sociale progressiste."

Mais qu'entend Martine par cette "société" du soin?

Certes, nous avons vu qu'elle regrettait l'évolution actuelle de le société vers plus d'individualisme et elle demandait aux gens de s'occuper plus des autres, d'avoir plus de rapports entre eux.
Que vient faire ce concept dans le débat public au moment où l'on place des limites pour l'Etat-providence, mais où aussi on dit aussi que le modèle social européen, a joué un rôle d'amortisseur à la crise et au moment où l'Amérique, modèle de libéralisme adopte son "Healthcare" pour soigner aussi ses pauvres qui n'ont pas les moyens d'avoir une caisse privée de sécurité sociale.

Avait-on besoin d'aller chercher ce vieux concept anglo-saxon de "soin mutuel" ?

C'est le moment de réviser son anglais courant que tout honnête français doit connaître à l'heure de la mondialisation.

  • Quand on quitte quelqu'un on lui dit : "take care" = prends soin de toi. (C'est plus classe qu'un simple "au revoir" : see you later).
  • Quand on s'en fiche... on dit : "I don't care".

La première secrétaire du PS Martine Aubryet Ségolène Royal lors d'un meeting pour les élections européennes en 2009, à Rezé (Loire-Atlantique).

 

Ce vieux concept a été créé au siècle des lumières et repris par des penseurs contemporains anglo-saxons,  notamment par une féministe américaine Joan Tronto dont le livre  paru en 1993, a été traduit en français par Hervé Maury en 2009, publié par la maison d'éditions "La découverte" et intitulé "Un monde vulnérable, pour une politique du care".
Mme Tronto nie que ce concept ait influencé Obama pour sa Loi sur le Healthcare, mais se réjouit que le PS français l'ait repris dans cette période de crise donc de souffrance pour les plus fragiles qui y sont  directement exposés.

Un monde vulnérable

Mme Tronto d'après Olivier Schmitt du monde ( qui a du essuyé les foudres de J.M.Apathie, éditorialiste à RTL , ce qui a fait réagir le journaliste Roger-Petit sur son blog. Vous pouvez suivre l'ensemble de la polémique en allant sur son blog, si vous cliquez ici) distingue 4 phases dans le "care" :

  1. "caring about" = se soucier de
  2. "taking care of" = s'occuper de
  3. "care giving" = prendre soin
  4. "care receiving" = recevoir le soin

Le soin et la réception du soin appartient plus, au plus "faibles" donc aux femmes, aux émigrés et autres "outsiders"... Ainsi, il est dévalorisé et les personnes qui effectuent le travail de soin le sont également.
Le "care" exige davantage que les bonnes intentions, il nécessite attention, responsabilité et compétence.
Le "care" qui ne s'applique pas qu'aux personnes mais aux biens aussi, s'ajoute à d'autres valeurs démocratiques telles que les droits de l'homme, aux respects des lois, à la réflexion des citoyens.
Les hommes politiques doivent être attentifs à ce que cette valeur soit intégrée dans nos institutions.

C'est ce concept philosophique où on est plus attentif aux besoins sociaux, aux besoins des autres que Martine propose au PS. A charge pour lui de traduire cette devise républicaine : Égalité, Solidarité, Fraternité, dans son programme et de défendre les services publics qui sont bien le reflet de ces préoccupations des personnes plus de bien-être cela passe par une meilleure éducation dans nos écoles, de meilleurs soins de santé, des services collectifs de proximité,  des ressources moins inégales.
Est-ce être nunuche de proposer cela, de réaliser ce programme ?
Si la gauche gagne les élections locales, c'est parce qu'elle compensent l'égoïsme des "forts" qui nous gouvernent.
Nos institutions nationales publiques ou privées ont besoin de plus de soins. La politique de Sarkozy consiste à les donner au privé.
Sarkozy et la droite prônent la méritocratie en se gardant les places (N'est-ce pas fils Jean), la gauche avec Dubet revendique "l'égalité des places"  (voir le livre que ce sociologue a écrit à ce sujet) : cela revient à préférer l'obligation de résultats et plutôt que l'obligation de moyens que prône la droite parce que chacun pourrait employer ces moyens en liberté et dans une (pseudo) égalité.

Le gouvernement en manque de confiance et se méfiant du redressement de la gauche a envoyé une femme ministre, Mme NKM, propre sur elle, réfléchie, au charbon pour contrer l'offensive de Martine.

Fichier:NKM2006.jpg

Nathalie Kosciusko-Morizet

Elle lui adresse, dans un article du monde (a-t-elle droit à un "droit de réponse" ?), le reproche d'avoir troqué le concept bien français de solidarité ( écrit au fronton de nos mairies) pour celui de "soin", emprunté aux anglo-saxons.
D'autant qu'il s'agit, souligne Nathalie, d'un concept ancien de 30 ans, mis en avant par une psychologue anglaise, féministe de surcroit.
Martine se serait emparer de concept comme d'un slogan politicien qui défendrait le "retour à l'assistanat social" et qui plein de "bons sentiments" inefficaces pour traiter les problèmes actuels de nos "ainés".
Nathalie trouve ce concept réducteur. Il réduirait l'identité de la femme aux soins des enfants, des malades, de ceux qu'il faut accompagner dans leur grand âge. Les femmes seraient vouées au social.
Il me semble que Martine veut, au contraire, lutter contre l'inégalité des genres que chacun peut constater aujourd'hui, en entrainant le "care" dans le débat politique.

En outre Nathalie reproche à Martine de confondre le problèmes du financement des retraites avec celui du "soin", sans nier les problèmes de dépendance auxquels sont confrontés nos ainés et veut garantir à tous l'égalité des chances  qui seule peut permettre à chacun de mener son existence en fonction des capacités qui sont les siennes. Bref Nathalie pense que chacun doit se débrouiller à sa place (nous étions sur la même ligne au départ et nous avons bénéficié des mêmes moyens) et s'il arrive le dernier sur la ligne d'arrivée, c'est la faute à pas de chance.
L'aile droite du partie, incarnée par Manuel valls doute du nouveau concept de "care" chère à Martine, sa concurrente aux élections primaires qui seront organisées par le PS avant les élections présidentielles. Dans une tribune du Monde, il fustige"une erreur profonde" et " un recul de la gauche": "l'individu est ni malade, ni en demande de soins." Il dénonce également "une vielle idée des années 1980". Finalement il n'est pas très éloigné de NKM.
Le canard enchainé s'en mêle aussi en voyant das ce concept de "care" une résurgence de la charité chrétienne. Tous les chemins mènent à Compostelle. A votre bon "care"SVP". On en a pas fini avec les jeux de mots . La politique du soin. Soin, soin.

C'est pas parce qu'une idée est vieille qu'elle n'est pas intéressante. On pourrait multiplier les exemples, mais je ne prendrai que l'exemple de la philosophie grecque qui semble être au goût du  jour aujourd'hui, avec le concept de bonheur notamment qui est d'ailleurs contesté.
C'est vrai que le concept de "care" est une notion philosophique anglo-saxonne (ce qui la rend tout de suite suspecte au yeux des Français) utilisée par David Hume et Adam Smith notamment, au siècle des Lumières, notion modernisée d'abord par la féministe nord-américaine Carol Gilligan. cette féministe souhaitait que les hommes prennent part à cette notion de prendre soin des autres.

Ses travaux ont inspiré ceux de Joan Tronto que nous avons déjà évoquée. Celle-ci a modernisée la notion dans son livre " Un monde vulnérable, pour . une politique du care". Das son approche du care, martine Aubry s'est ostensiblement inspiré de ct ouvrage :le care réclame "un autre développement économique, social et durable, mais aussi un autre rapport des individus entre eux."
Anthony Giddens, stratège de Tony Blair, a été aussi inspiré par cette notion, rappelle malicieusement le journaliste Roger-Petit dans son blog.
Le "care"  rappelle aussi les notions "d'ordre juste" et de "frater-ni-té" proférés par Ségolène Royal.

On le voit le débat commence à s'installer dans la sphère politique française, même notre Président-Zébulon-réformateur aspire après mûre réflexion, à être un président-protecteur dans son deuxième mandat.
Peut-être les Français préféreront être protégés par Martine plutôt que par ce petit macho de Sarko qui ne lit pas tous les livres, hélas ?
Verrons-nous peut-être M.Sarkozy, dans un débat télévisé, dire à Martine :
" Madame Aubry, vous n'avez pas le monopole du  care !".
Après Martine Aubry qu'Apathie affuble du caractère méprisant

et  misogyne de "nunuche", Sarkozy ne va-til pas être traité avec dédain de "boy-scout" par tous les bouffeurs de Chrétiens. Il nous avait habitué à être plus viril quand il interpelait, pour leur casser la figure, tous ceux qui lui manquaient de respect ?

Une politique du soin ? Eh quoi encore.
On ne va pas encourager l'assistanat, père de l'irresponsabilité.
Les vieux ? Qu'ils financent eux-mêmes leur retraite.
Les malades ? Qu'ils se débrouillent pour être en meilleure santé.
Les enfants en bas âges ? Que la femme les gardent au lieu d'aller travailler. Les SDF ? il y a assez de places au chaud comme ça, c'est eux qui ne veulent pas aller dans les foyers que l'on construit pour eux.
Les condamnés ? Ils ne vont pas vivre à l'hôtel quand même et avec la télé en plus 
Les chômeurs ? Ils ne veulent pas travailler, on est obligé d'employer des sans papiers dans les boulots qu'ils refusent.

S'occuper des autres,en plus, ce n'est pas très valorisant, ça ne permet  de se payer une Rolex.

Oui "on peut prendre soin de vous". C'est une question de volonté politique et beau slogan pour gagner des élections nationales."Yes we can care! ".

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a expliqué au Monde Magazine,daté du samedi 5 jun 2010) le contenu de sa société du "soin". Ce fut pour elle l'occasion d'affirmer qu'elle ne se référée à aucune théorie (elle pense toute seule, elle na besoin d'aucun penseur) disant qu'il existait au moins 6 ou7 courants affiliés à cette société du "care", montrant par là qu'elle les connaissait, et elle ajouta après cette négation, l'air de ne pas y toucher :" je pourrais vous citer Lévinas qui parlait aussi du soin, et qui l'utilisait dans le même sens que moi, une société de l'attention aux autres, une société d'émancipation.
Cela s'appelle une" prétérition", ne citer aucune affiliation tout en citant le philosophe Lévinas qui est une référence mondiale.

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Commentaires
A
Une remarque incidente (a moins que...)<br /> <br /> Une simple remarque au plan onomastique avec une curieuse opposition dans l'article entre Nadine et Martine d'une part et Fabius Sarkozy Valls de l'autre. La différenciation sexuelle transcendrait-elle de façon subliminale l'opposition politique ? <br /> <br /> Quid de Jack?<br /> <br /> Plus sérieusement penses-tu, Laurent, qu'on pourrait chercher quant aux origines de cette idée - je préfère les mots de solidarite ou de fraternité- du côté de l'inspiration chrétienne de la social démocratie, notamment dans les pays nordique ?<br /> Alain
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