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Eclaircie après la pluie -
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19 mai 2010

Vincent Van Gogh par lui-même, ses autoportraits

Peintre ignoré de ses contemporains, pourtant Vincent n'est que peinture.


A travers l'autoportrait, il se cherche, se scrute, se dévoile puis se perdra lui- même.
Ces autoportraits retracent sa vie.
Il la jalonne comme pour s'assurer que son regard sur la nature ne l'a pas complètement consumé.
Par la peinture il se retrouve.

Je fus fasciné par ce peintre reconnu enfin. Je dévorai ses lettres à son frère et marchand de tableaux, Théo qui fut son seul confident, partageant en commun la passion de la peinture.

Vincent Van Gogh a écrit à son frère, Théo, quelques 900 lettres entre janvier 1874 et le 29 juillet 1890, jour de sa mort. 17 ans de correspondance choisie retracée dans un ouvrage comprenant en plus des dossiers thématiques.

Une correspondance puissante dont on ne ressort pas indemne. Vincent, l'érudit, l'incompris, le perfectionniste, le puriste, le talentueux, ... Le lien qui l'unit à Théo, de quatre ans son cadet, est exceptionnel. Une relation bien plus que fraternelle, deux âmes soeurs.

Le 29 juillet 1890, dans le champ de blé qu'il a peint quelques jours avant, Vincent se tire un coup de revolver. Le chagrin brise Théo. Son unique souci est alors de préserver l'œuvre et la mémoire de son frère. Tout en s'épuisant à la tâche, il quitte son travail et perd brusquement la raison. Il doit être interné et meurt le 25 janvier 1891, moins de six mois après son frère. Enterré en Hollande, ses restes seront transférés par sa veuve, Jo, 23 ans plus tard aux côtés de Vincent. Jo réussira au-delà de toute mesure à livrer l'œuvre au public.

Vincent est né le 30 mars 1953 au presbytère familial de Groot-Zundert. Il est, après la naissance d'un garçon mort-né, du même prénom, un an auparavant jour pour jour, l'ainé d'une famille de 6 enfants. En 1957, nait son frère Théodorus dit Théo : c'est avec lui qu'il se sentira le plus proche.

LE MYTICISME

Le premier portrait de Vincent, à ma connaissance, est une photographie d'un fils de pasteur de 8 ans, né le 30 mars 1853, un an jour pour jour après un frère mort-né prénommé comme lui, Vincent Willem. Il faut effectivement se rassurer qu'on est bien soi et pas seulement l'enfant fantasmé que la famille aurait pu avoir, celui qui est le véritable ainé mais qui est malheureusement mort à la naissance et qui aurait certainement complètement comblée ses parents.

 

  Vincent à 13 ans                          Vincent à 18 ans

Après des études médiocres (école  publique de sa ville de 1861 à 64, puis  2 pensions de 64 à 68, où il apprend le français et l'anglais et où il s'exerce au dessin) , il a été engagé par la maison Goupil et Cie, (une Galerie dont le siège et deux boutiques sont à Paris) à La Haye, en juillet 69, à 15 ans donc.  Il exercera le métier de vendeur de  reproductions de tableaux dans la succursale hollandaise qui avait appartenue à son oncle auparavant.
Il ne cessera pas alors d'écrire à son frère Théo durant 17 ans, avec seulement trois courtes interruptions. 

Fichier:Theo van Gogh (1888).jpg

Théo Van Gogh

etSuccursale de La Haye de la galerie d'art parisienne Goupil & Cie

Le premier contact de Vincent avec l'univers artistique est, en 1869, son entrée comme commis à la succursale de La Haye de la galerie d'art parisienne Goupil & Cie. Il y vend des reproductions d'œuvres d'art où son frère Théo prendra sa succession.

 

Sur intervention encore, de son oncle, Théo, cette fois-ci, travaillera à la succursale de Bruxelles de la Maison Goupil et Cie, en décembre 1871. Et ensuite à La Haye, où il prendra la place de son frère, ayant obtenu de la promotion.
Vincent est effectivement nommé à la succursale de Londres, ne vendant qu'aux marchands, ce qui lui donne du temps. Il s'y installe après un périple à Paris où il visite Le Salon, les musées du Louvre et du Luxembourg.
A Londres, Vincent va s'installer dans un logement modeste en 1873. Il s'initie à la peinture anglaise, principalement aux paysagistes anglais (Constable, Turner, Gainsborough...). Il fera un deuxième séjour à Londres en 74 et 75 accompagné de sa sœur Anna venue chercher un travail en Angleterre,  après avoir rendu visite à ses parents à Helvoirt où son père avait été nommé  pasteur en 1871.
Vincent avait été épris d'une jeune fille, fille de sa logeuse, lors de son premier séjour à Londres et avait subi l'humiliation d'avoir été éconduit, la jeune fille ayant été fiancée secrètement.
Vincent est désemparé, d'abord par cette déception amoureuse et ensuite de n'avoir pu trouvé un travail pour sa sœur.
Il n'a plus envie de dessiner, ni d'être un employé zélé, ponctuel et honnête. Il traverse quelques semaines de dépression. En P.S. d'une lettre à son frère, Il écrit ceci : "L'homme ... [est ici-bas] pour arriver à la noblesse et dépasser la vulgarité où se traîne l'existence de presque tous les individus".
Vincent  est certes désespéré, mais il est ambitieux, au point de vouloir laisser une trace sur cette terre. Il y réussira sans le savoir un jour. Il se suicidera avant d'avoir connu la consécration (n'est pas Matisse qui veut).
Finalement, la Maison Goupil le nommera au siège à Paris il espère qu'un changement d'atmosphère lui sera salutaire) où il loue une chambre à Montmartre. Il visite  les musées dont le Louvre et le musée Luxembourg et l'exposition Corot qui vient de mourir et les maîtres hollandais du XVII e siècle. Négligeant de plus en plus son travail, il mécontente beaucoup de clients. Chaque jour, il lit la bible.
Il écrit à son frère Théo des lettres où transparaît son mysticisme naissant. Seul Dieu a de l'importance et il quitte Paris et la galerie Goupil où il travaillait depuis sa sortie sans gloire  de l'école. Il quitte le sol français, rend visite à ses parents, à Etten (près de Breda) où son père vient d'être nommé. Il a une promesse d'embauche comme instituteur en Angleterre. Il démissionne de son emploi en avril 1876 et se rend à Ramsgate où il a ce poste d'aide instituteur; pendant un mois il est à l'essai et n'a pas de salaire pour ce travail où il doit aussi surveiller la toilette des jeunes garçons. Il n'a que le gîte et le couvert. De Ramsgate, son école déménage dans un faubourg ouvrier de Londres et Vincent cherche à y enseigner la parole de Dieu, au moyen de la Bible lu aux ouvriers qu'il côtoie.

Fichier:Jean-Baptiste-Camille Corot 025.jpg

La cathédrale de Mantes (1860) Corot

Il continue de visiter les musées et les pasteurs et change d'école à la rentrée. Dans celle-ci, dans celle du révérend  Jones, il peut lire les textes divins ("les écritures saintes", si vous préférez) et posait une question qui le hante : "Qui me délivrera du cadavre de ce mort ? " De quel mort parle Vincent ? Du Christ ou de celle de son frère qui a une tombe dans le cimetière de sa ville natale où son nom et son prénom sont gravés sur la pierre tombale ?
Devant son talent de prédicateur, il est déchargé de quelques astreintes d'enseignement par M.Jones qui lui permet de dire son premier sermon le Dimanche 4 novembre 1876  :"je ne suis qu'un hôte sur la terre...". Ce sermon s'achève par la description "d'un beau tableau : il figurait  un paysage...","j'avais un peu l'impression d'émerger à la lumière amie du jour au sortir d'un souterrain sombre...".
Quelques jours avant Noël il écrit un véritable sermon à son frère Théo, il lui dit que le Seigneur lui est apparu :"il y a là un ami qui vous étreint encore plus étroitement qu'un frère". Dans la marge, Vincent dessine des églises.
Il rentre à Etten, épuisé, illuminé... Son père le convainquit de ne pas repartir en Angleterre et de reprendre un petit boulot. Toujours recommandé par son oncle, il sera vendeur de janvier à avril 1877 dans une librairie de Dordrecht. IL vit trè seul, assiste fréquemment à des offices religieux et traduit des passages de la bible en plusieurs langues . Il dessine aussi
Théo est inquiet pour son frère qui veille des nuits entières, lisant sans discontinuer la bible qu'il voudrait avoir entière dans la tête, pour vivre selon ses paroles. (NDLR: ne dit-on pas "paroles d'évangile").
Vincent admire Rembrandt et plus particulièrement le tableau "les pèlerins d'Emmaüs" que celui-ci a peint en 1648 : " Quiconque regarde sa peinture saura bien qu'il y a un Dieu".

Les Pèlerins d'Emmaüs

Les pèlerins d'Emmaüs (1648) de Rembrandt

Sa foi l'emporte. Il sera pasteur comme son père et son grand père avant lui. Son père convaincu de la vocation religieuse de Vincent accepte de le laisser partir pour Amsterdam passer son examen de théologie où ses trois oncles seront mobilisés pour l'aider et le conseiller, l'héberger dans ses études longues et difficiles. Il habite chez son oncle Johannes qui dirige les chantiers navals de la ville.
Les peintres lui serviront de repères, se souvenant d'une maxime de Corot quand il entreprend un travail acharné : "Il n'a fallu pour cela que 40 ans de travail, de pensée et d'attention." Ou il se souviendra d'un endroit d'Amsterdam où il se promène,  peint par Rembrandt ou quand il pense à des peintres quand il décrit des paysages dans ses nombreuses lettres.
Mais Vincent réalise peu de progrès, malgré son obstination.  Quand il reconnaît son travail insuffisant, il se mortifie en se donnant des coups de bâtons dans le dos,  "il m'en coûte de plus en plus d'efforts. Je travaille difficilement.(...) Il faut que je travaille.(...) c'est l'affaire de ma vie, la course pour l'existence, ni plus ni moins." écrit-il.
Cela ne l'empêche pas de retourner voir régulièrement le tableau de Rembrandt, "les syndics des drapiers" ou de se soucier auprès de Théo, de l'avenir de Mauve, leur cousin peintre.

Fichier:Rembrandt Harmensz. van Rijn 092.jpg

Le syndic des drapiers (Rembrandt -1662)

"Instinctivement, pendant que j'écris, je fais de temps à autre un petit dessin.(...) Pas grand chose d'extraordinaire, mais cela me vient si distinctement, si nettement parfois dans la tête."
Le 4 décembre 1877 son oncle Hein meurt." Remercions Dieu que sa délivrance soit enfin venue." C'est peu comme oraison funèbre. A cette même époque deux peintres , qu'il appréciait, meurent, il semble plus affecté : "Ce doit être une bonne chose d'avoir conscience en mourant, d'avoir fait des choses vraiment bonnes, de savoir, que grâce à cela, on restera vivant au moins dans la mémoire de quelques-uns, et de laisser un bon exemple à ceux qui nous suivent."

Au mois d'octobre 1878, après 15 mois de préparation, Vincent Van Gogh est refusé à l'université de théologie d'Amsterdam. Est-ce le bon exemple qu'il souhaite laisser ?

Les études lui paraissant particulièrement ardues pour devenir simple prêcheur, à lui qui connaît bien la Bible, il renonce à les poursuivre à l'université.

Malgré l'humiliation et la déception de son échec, en juillet 1878, Vincent repart pour Etten, chez ses parents et voit toujours des pasteurs en Belgique, il veut que sa vie soit tournée vers le pastorat. Dès  son retour à Etten,  il rédige ses impressions sur la toile de Rembrandt "la maison du charpentier", qui est conservée au musée du Louvre bien qu'il  place l'idée d'évangélisation  au dessus de tout.
Il entre pour seulement 3 mois au noviciat de Bruxelles pour obtenir un poste de prédicateur laïque. Mais on ne peut le garder  bien que sa formation ne soit pas achevée. Son indépendance, et ses emportements brusques font que ses supérieurs ne lui donne pas le titre d'évangélisateur.
Il ne rentre pas à Etten et se rend, au début de l'hiver 1978 dans le Borinage, une région du Hainaut, pour transmettre l'évangile aux pauvres, mineurs pour la plupart.
Il évangélise en ne dépendant de l'autorité de personne. Toutefois l'école d'évangélisation de Bruxelles pour ne pas rentrer en conflit avec lui, lui offre un poste, à Wasmes, d'évangélisateur laïque.
Pour gagner la confiance des mineurs, il veut vivre comme eux, descend au fond des mines de charbon, il habite une baraque et dort sur la paille.
La peinture est loin pour Vincent, il s'en ouvre à son frère avec lequel, il veut rester complice : "Ne perds pas de vue que je comprends peu ou prou quand tu me parles de peinture...Il n'y a pas de toiles dans le Borinage et en règle générale on y ignore que c'est qu'une toile." Il poursuit, "La plupart des ouvriers sont maigres et pâles de fièvre ; ils ont l'air fatigués, épuisés ; ils sont tannés et vieillis avant l'âge"...". "La plupart du  temps, il flotte...Cela fait penser à un tableau de Rembrandt, de Michel ou de Ruisdael."

Fichier:Jacob Isaacksz. van Ruisdael - Le Moulin de Wijk-bij-Duurstede.jpg

Jacob de Ruisdael- le moulin Wijk-Duurstede (1670)

L'engagement de Vincent n'est pas renouvelé par les autorités religieuses qui ont peur de sa fougue et de son abnégation.
Il est ulcéré et désemparé par cette décision. Il se rend à pied, à Bruxelles sans attendre. Là, il parle avec le pasteur Pietersen de peinture ou de la Bible. Il lui montre quelques dessins qu'il lui a demandés. Il se confie à son frère Théo par ses lettres qui les relient sans cesse :"Je dessine souvent tard dans la nuit pour fixer quelques souvenirs et consolider les idées que me suggère la vue des choses....J'ai acheté à Bruxelles un grand album à dessin en papier Vieille-Hollande, chez un bouquiniste. C'est mon premier achat de peintre." Néanmoins, il ne renonce pas à évangéliser les pauvres et Vincent s'installe, en août 1879, chez M. Frank, évangéliste à Cuesmes, près de Mons.

 

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La maison du marais à Cuesmes (1879-80)
Fusian et crayon sur papier (23 x 50)

Il reste isolé, méprisé et résolu à ne  pas  apprendre n'importe quel métier comme le lui demande son frère Théo, porte-parole de la famille. Vincent est blessé par l'idée que son frère puisse le soupçonnr d'être pris en charge  :

"Sentir que je suis devenu un boulet pour toi et pour les autres, que je ne suis bon à rien, que je serai bientôt à tes yeux comme un intrus et un oisif, de sorte qu'il vaudrait mieux que je n'existe pas... Si cela était, je préférerais ne pas trop m'attarder en ce monde."

Compte tenu de ce que l'on sait de sa mort, ces pensées prennent tout leur sens.
Vincent ne change rien à sa résolution de vivre parmi les pauvres. Sans diplômes, sans autorisation des autorités religieuses, sans argent, Vincent veut continuer d'évangéliser.

Il ne parvint pas à convaincre Théo qui le condamne.
Vincent va se taire durant 9 mois. Il ne veut pas abandonner la voie de la vrai vie.
Affamé, abandonné de tous, il retourne en juillet 1880 à Etten sans le savoir, il est entretenu financièrement par son frère. Il revient au Borinage et pour la première fois, il ressent une grande nostalgie pour "le pays de la peinture", son pays natal la Hollande. Vincent parle de plus en plus à Théo de dessins qu'il étudie en recopiant les traits du visage dessinés par des maîtres. Il ne cesse de dessiner et finalement le dessin l'emporte :
"j'espère bien encore faire quelque griffonnage où il pourrait y avoir quelque chose d'humain.".

Dessin d'un humain faucheur par Vincent (1885)

Menant une vie d'errance, de souffrances et de privations, Vincent s'exerce au dessin en s'inspirant de la vie des mineurs. Il comprend alors ce qu'il est venu chercher parmi eux:
"J'ai senti mon énergie revenir, et je me suis dit: quoi qu'il en soit, j'en remonterai encore, je reprendrai mon crayon que j'ai délaissé dans mon grand découragement et je me remettrai au dessin, et dès lors à ce qui me semble, tout a changé pour moi, et maintenant je suis en route et mon crayon est devenu quelque peu docile".

Il se consacre alors à son art. Éperdument, il dessine et peint des travailleurs de la mine mais aussi des paysans. Vincent voue une véritable admiration à Jean-François Millet  et il s'en inspire très largement pour ses "bêcheurs", l'une des premières œuvres recensées du célèbre peintre.

 

Millet - La Méridienne-SC.JPEG-La méridienne- ou -La sieste d'après Millet- de Vincent Van Gogh

La méridienne de J.F.millet(1866) - La sieste de Van Gogh(1890)

Vincent se souviendra de son goût pour le naturaliste millet. Il écrit à Théo en avril 1885 : "Millet est le père Millet. C'est à dire le conseiller et le guide des jeunes peintres en toutes choses...".
Millet a été élevé à la campagne. Ses œuvres montrent la vie quotidienne des paysans. Millet n'a pas besoin de peindre sur le motif ou avec un modèle, il a une mémoire.
Les 2 œuvres présentent exactement le même sujet inversé. Vincent  a du recopié une estampe qu'il avait en sa possession. Mais il ne se contente pas de recopier Millet, il le traduit au lieu de le magnifier. Van Gogh réalise cette même scène de paysans endormis et se reposant à l'ombre d'une meule pendant une journée de travail, en ne se contentant pas d'être réaliste ou romantique, mais il peint à la façon des post-impressionnistes,  avec une palette fougueuse et avec des tons plus colorés.
Avec l'apparition de le photographie le peintre n'a plus à reproduire le réel mais leur expression devient plus personnelle. Dans ces toiles on entend le silence de Millet, on voit la joie de Van Gogh.
Vincent a bien fait d'inverser les toiles et de modifier la position des faucilles, il exprime par là sa singularité même s'il peut nier son influence qui va jusqu'à l'admiration pour ne pas dire "la fascination divine". Il écrit ceci à son frère qui rend bien compte de cette fascination, à propos d'une vente de tableaux de Millet à Drouot :
"Quand je suis arrivé dans la salle où étaient exposées les ouvres de Millet, j'ai éprouvé quelque chose dans le genre : déchausse-toi, le lieu que tu foules est sacré."

L'AUTODIDACTE       

C'est seulement en août 1880 à l'âge de 27 ans, que Vincent décida de devenir peintre.

Vincent Van Gogh est un peintre  largement autodidacte.Il commence par copier des dessins, particulièrement des scènes de la vie paysanne de Jean-François MILLET, auquel il voue une estime quasi religieuse.

Mais Vincent ne connaît pas le dessin, il griffonne.
Il ne connaît pas l'anatomie, ni la perspective. Il envisage de rentrer à l'école des beaux-arts de Bruxelles. Cependant, velléitaire et indépendant, n'ayant connu que l'échec dans ses études, il préfère travailler seul, avec un artiste qui le conseille et lui apprendra "les lois de la proportion, de l'éclairage, des ombres et de la perspective". Il travaillera quelque fois avec le peintre hollandais Anton Van Rappard.
C'est un jeune peintre Hollandais qui fait ses  études à Bruxelles et que son frère a rencontré à Paris.
Tout sépare les deux jeunes hommes.

  • L'un est aristocratique et riche ;
  • l'autre est miséreux,

    entretenu par son frère Théo qui lui verse 60 francs par mois, Alors que la chambre où Vincent loge  lui coûte 50 francs mais Vincent veut croire que plus vite il saura dessiner, plus vite il pourra gagner sa vie.

Il revient à Etten affamé, en guenilles, ce qui lui donne une allure de vagabond. Il continue d'apprendre :
"il faut que je dessine sans désemparer, des bêcheurs, des semeurs, des laboureurs, des hommes et des femmes. Étudier et dessiner tout ce qui participe à la vie campagnarde."
Vincent progresse mais doute.  Il se fait aidé par un peintre, membre de la famille, par Mauve :
"j'espère aller d'ici peu en visite chez Mauve, pour savoir si je vais me mettre à peindre, oui ou non."
Après nombre de tergiversations et de faux-fuyants Vincent commence à se reconnaître pour la première fois.
Pour la seconde fois, il est repoussé en amour par la fille du pasteur Sticker d'Amsterdam. Pour apitoyer le père de sa belle, appelée Kate, il brûle, en vain, sa main sur la flamme de la lampe à pétrole.

C'est dans l'atelier de Mauve qu'il peindra sa première nature morte. Puis d'autres :

Vincent Van Gogh - Nature morte à la Bible ouverte
Nuenen, avril 1885 - Huile sur toile, 65 x 78 cm
Amsterdam; Rijksmuseum

De retour chez ses parents à Etten, il les quitte après une dispute avec son père, à noël où il refuse d'aller à la messe, au temple, arguant qu'il trouve la religion horrible.

II retourne à La Haye chez Mauve qui continue à lui prodiguer des conseils tout en interdisant qu'on le présente à qui ce soit. (Anton Mauve (1838-1888) travailla à La Haye et à Laren, où il fonda une école. Vincent Van Gogh, son cousin, suivit ses leçons à La Haye en 1882 et 1883).

Il fait la connaissance d'une pauvresse, une prostituée qu'il aborde "par besoin d'affection et par mesure d'hygiène". Elle s'appelle Sien Hoornik, elle a 32 ans, elle est vérolé alcoolique et enceinte. Mais Vincent trouve qu'elle ressemble "un peu à une figure de Chardin". Vincent assimile cette femme à un portrait de peintre. En posant pour lui, elle le conforte dans sa décision de peindre  mais Mauve et ses amis se détournent de lui qui ne supporte pas la moindre restriction.
Mais Vincent ne peut pas changer, bien qu'il soit conscient de la gène que son état peut lui causer :
"j'aurai beaucoup à souffrir, précisément de certains traits caractéristiques de ma nature auxquels je ne puis rien changer.D'abord mon aspect, ma façon de parler et de m'habiller, ensuite le milieu que je fréquente et que je continuerai à fréquenter même quand je gagnerai plus d'argent parce que ma façon de voir et les sujets que je dessine l'impose impérieusement."
Pour Vincent la peinture décide de toute sa vie. Il doit respecter son métier de peintre.
"Je dessine pour amuser les gens, pour attirer leur attention sur ce qui en vaut la peine et qu'on ne voit pas toujours.". Donner à voir ce qui ne serait pas vu sans la peinture.
Un mois après la mort de son mentor (Mauve), Vincent peint en mars 1888 un tableau qu'il intitule "Souvenir de Mauve" :

Fichier:Van Gogh - Pink peach trees - Souvenir de Mauve.JPG

 

Ses rapports sociaux deviennent quasi-inexistants à cause de sa misère physique, de son intransigeance, de ses opinions et de son exigence.
Misérable ( il ne vit que de l'argent que Théo lui donne, il est volé par ses modèles) réprouvé par sa famille quand elle apprend qu'il veut épouser cette prostituée, épuisé (il erre dehors à 4 heures du matin pour dessiner à une meilleure heure), il est admis à l'hôpital communal de le Haye pour une blennorragie

Sorrow par Van Gogh (1882). Une "figure" de sa compagne Sien

Théo demande à Vincent de renoncer à épouser cette femme aux seins lourds et au corps déformé et Vincent cesse de parler mariage avec son frère. Théo ne veut parler qu'au peintre.  Vincent devient peintre.
"Peindre nous récompense plus de nos peines que dessiner
.", " Je sens que la notion de couleurs se fait jour en moi pendant que je peins."
Mais l'acharnement avec lequel  il travaille ne vient pas à bout de périodes d'abattement causées par les soucis d'argent.
Il part seul dans la région de la Drenthe dont la nature est une grande inspiratrice. Millet l'inspire aussi encore.

http://imagecache6.allposters.com/LRG/35/3588/LML2F00Z.jpg

PAYSAGE lugubre de la Drenthe

Le séjour de Vincent dans cette région ne peut durer plus longtemps, faute d'argent. La solitude le pousse à rentrer à Nuemen, en décembre 1883, au presbytère familial où ses parents sont désormais installés ( dans le Brabant, près d'Eindhoven), parents qu'il n'a pas vu depuis 2 ans, depuis la dispute avec son père.
Il a toujours au fond de la gorge un goût d'échec, il a l'impression de tenir pour sa famille le rôle : " d'un chien hirsute qu'on hésite à laisser rentrer avec les pattes mouillées.".

 

A suivre - Van Gogh peintre de figures

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Commentaires
A
Un grand merci pour cette superbe page qui m'a pris un long moment a lire mais dont je n'ai pu me decoller jusqu'a la fin. Les photos sont egalement magnifiques. Bravo encore<br /> amicalement<br /> Gilles
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