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Eclaircie après la pluie -
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27 mars 2010

Crimes et châtiments. Représentation dans la peinture-+

Non ce ne sera l'article d'un critique littéraire débutant qui souhaite s'attaquer au plus grand roman de DostoÏevski "Crimes et Châtiments" qu'il a écrit après avoir passé 4 ans au bagne mais celui d'un lecteur d'actualités qui s'intéresse à l'actualité culturelle, aux expositions pour bobos, à la capitale, et plus précisément, à la grande exposition du Musée d'Orsay sur ce thème, telle que l'avait imaginée Robert Badinter, l'ancien Garde des sceaux de Mitterrand qui a aboli la peine de mort en France, en1981 alors que l'opinion, sondée, était pour cette peine capitale qui permettait selon elle, de mettre hors d'état de nuire des hommes particulièrement monstrueux. Cela fait maintenant trente ans.
A la Révolution, Le Peletier de Saint-Fargeau avait déjà réclamé la suppression de la peine de mort (Cela ne l'a pas empêché de demander la mort de louis XVI, lui-même est mort assassiné). Il faudra attendre près de deux siècles pour que celle-ci soit effective. Cependant la Révolution a au moins permis que cette exécution par la Guillotine soit rendue plus efficace que celle aux méthodes manuelles qui avait cours auparavant : elle inventa cet instrument qui prit plein de noms dont un des plus célèbres est "la veuve".
Par une coïncidence inouïe, cette semaine de mars a été aussi marquée par un condamné à mort du Texas, marié à une abolitionniste française, qui clame depuis 10 ans son innocence et qui a vu son exécution retardée, trois quart d'heure avant de passer sur la chaise électrique .
On voit que dans certains états, on applique encore la loi du Talion (La Loi du talion, une des plus anciennes lois existantes, consiste en la juste réciprocité du crime et de la peine. Cette loi est souvent symbolisée par l’expression Œil pour œil, dent pour dent.) qui consiste  à tuer les meurtriers. Pourtant les pays qui ont aboli la peine de mort, ne sont pas moins sûr que les autres. Ces États qui tuent, ne sont pas sensibles à ces arguments, c'est le châtiment suprême qui est recherché, la vengeance définitive qui doit laver le mal en faisant disparaître son auteur.
Ce n'est pourtant pas une justice divine mais celle de simples mortels. Un commandement ne recommande-t-il pas : "Tu ne tueras point". ce commandement, dieu se l'applique à lui-même, n'a-t-il pas laissé la vie sauve à Caïn, le premier véritable homme, fils d'Adam et Ève, pourtant fratricide puisque celui-ci a tué son frère Abel (ce meurtre est fondateur de la religion chrétienne. Il figure dans l'ancien testament, dans le chapitre 4 de la genèse). Caïn a vécu mais a été rongé par le remord jusqu'au fond de sa tombe.
Ce meurtre fut décrit par Victor Hugo par un vers célèbre :
"L'œil était dans la tombe et regardait Caïn" (La légende des siècles).
L'auteur de ce vers a aussi écrit "Dernier jour d'un condamné".

Un timbre allemand imprimé en 1988 à l'effigie
de Hannah Arendt

Ce texte fondateur nous rappelle l'universalité du mal, dénoncé par Hannah Arendt pour comprendre la folie du troisième Reich.

Camus condamnait aussi la loi du Talion :

"Qu'est-ce que la peine capitale sinon le plus prémédité des meurtres ?".

M.Robert Ménard, ex. RSF  qui défendait les journalistes muselés dans les pays totalitaires et parfois exécutés est maintenant pour la peine de mort comme le révèle le quotidien Rue89 (cliquez ici si vous voulez voir l'article de Rue89 qui relate cette nouvelle).

Cette exposition voulue, il y a bien longtemps,(il y a plus de 10 ans) par R. Badinter, celui-ci s'est adjoint les lumières du conservateur général Jean Clair, membre de l'Académie française. Ils tentent d'analyser le regard des artistes sur le rime, de l' homme seul avec sa conscience  ou celui de l'État qui punit le crime par le crime prémédité, par la peine de mort.


Selon Michel Serres, qui a écrit le catalogue de cette exposition, l'homme  est le seul animal avec le rat à tuer sans raison fondamentale (comme trouver sa nourriture, défendre sa vie menacée).

Pourquoi l'Homme tue ? Est-ce que l'art répond à cette question ? L'artiste est-il un oracle ?

Pour Hugo, comme pour Camus la condamnation de la peine de mort est une évidence.
On le voit les peintres ont plus représenté le crime, car plus spectaculaire que le châtiment humain, le laissant aux écrivains et aux philosophes.

Hurlons avec Badinter, avec les loups,
" L'homme est un rat pour l'homme." d'après la formule de M. Serres, pire qu'un loup affamé.

Cette exposition tente au travers du regard des artistes et de 450 œuvres, de leurs documents ou objets, d'aller plus loin sur les mythes fondateurs de l'humanité qu'ils ont souvent représentés ou qui les a inspiré, telles les peintures de Goya, de Cézanne, de Géricault, de Degas par exemple...pour ne parler que des principaux artistes du dix-neuvième siècle qui sont exposés à Orsay :

Peinture de Goya qui à l'origine était peinte sur le mur de sa maison, représentant Cronos (Saturne disent latins) dévorant un de ses enfants (infanticide) qui pourrait lui disputer son pouvoir comme le raconte la mythologie grecque. 

 

Le meurtre peint par  Cézanne

 

Les martyrs et la crucifixion :

http://i84.servimg.com/u/f84/11/64/82/51/martyr22.jpg

 

- Assassinat

 

René Magritte " L'assassin menacé (1927)"

Magritte, grand amateur de fantastique puise son inspiration dans les nouvelles d'Edgar Poe ou dans Fantômas. Il fait naître chez le spectateur des sentiments de malaise devant des situations étranges.
L'angoisse est palpable dans son tableau L'Assassin menacé de 1927 où un meurtrier, après avoir assassiné une personne dans sa chambre, écoute la musique d'un phonographe, alors qu'à l'extérieur, des hommes l'attendent, prêts à le capturer

- Scènes de massacres (de bataille, de guerre, de génocide...)

 

Fichier:Eugène Delacroix - Le Massacre de Scio.jpg

Eugène Delacroix "le massacre de Scio" (1824)

 

Jean Clair et Robert Badinter ont mis des bornes historiques à cette exposition : 1791-1981 : De la Terreur à l'Abolition.
Avec la Révolution, est né  la Guillotine, moyen plus sûr (et démocratique : même mort pour tout le monde) et plus rapide (symbole d'une mécanisation en cours comme le montrera la terreur) de donner la mort, en spectacle au bon peuple révolutionnaire. Cette guillotine sera sortie par R.Badinter du musée des prisons pour trôner au milieu de la première salle de l'exposition du musée d'Orsay où elle accueille toujours les visiteurs qui la regardent d'un œil apeuré.
Avant la Révolution, la justice était dictée par la religion qui n'avait pas démérité, pas seulement sous l'inquisition, mais aussi sous tous les pouvoirs absolus en complicité avec les rois qui ont été abattus depuis Louis XVI et Marie Antoinette et leur Justice.
Certes la Terreur fera chauffer la Guillotine et éliminera de nombreux révolutionnaires dont Danton et Robespierre qui paraissaient irréprochables.

 


  10 mars   1794 : Création d'un tribunal révolutionnaire extraordinaire communément appelé "Tribunal révolutionnaire". Les jurés sont choisis en nombre égal dans tous les départements. Le tribunal dépend directement de l'accusateur public, Fouquier-Tinville, qui décide si les suspects doivent être traduits ou non en justice. Ses sentences seront souvent radicales : l'acquittement ou la guillotine. Le but de cette cour de justice est selon les révolutionnaires de lutter contre "toute entreprise contre-révolutionnaire, tout attentat contre la liberté, tout complot royaliste." En faisant allusion à la période de troubles et de massacres que vit la France, Danton déclare : "Soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être." Le tribunal révolutionnaire fonctionnera à plein régime jusqu'au 31 mai 1795, date à laquelle il sera définitivement supprimé.
   


Exécution de Danton            5 avril   Danton et Desmoulins à l'échafaud

Danton, Camille Desmoulins, Hérault de Séchelles et Fabre d'Eglantine  sont arrêtés, jugés par un  tribunal révolutionnaire puis guillotinés. Robespierre et Saint-Just qui dominent la convention entendent ainsi chasser les "indulgents" du pouvoir.



Danton et Desmoulins à l'échafaud

 

Danton guillotiné :

j'espère que mes derniers mots au bourreau resteront célèbres a-t-il dit : "N'oublie pas de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine !".

La Révolution française a permis de rendre la justice en public alors qu'auparavant celle-ci était rendue à huis clos et sans avocat.

Ainsi progressivement le spectacle judiciaire  a excité la curiosité les masses et au 19ème sont nés les gazettes judiciaires comme "la gazette de tribunaux" où on a pu voir le visage des accusés et ce jusqu'à aujourd'hui où il est interdit cependant de filmer les procès à l'exception des procès Barby et Papon, 2 acteurs de la seconde guerre mondiale, l'un allemand, l'autre français, l'un à Lyon, l'autre à Bordeaux, les 2 villes qui vont s'affronter en 1/4 de finale de la "Champion League" !

Exposition du musée d'Orsay (Pour plus d'informations, cliquez ici),  

Fichier:Prudhon juctice.jpg

Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823)
La justice et la vengeance divine poursuivant le crime
1815-1818.

Les copies de cette toile ont orné les murs des palais de justice.

Pendant ce temps au musée maillol est exposée...la vie :

 

Les "Vanités" hantent le musée Maillol... à la vie, à la mort

 

 

sa vanité et son pendant la mort.

De l'imagerie médévale à la scène contemporaine, le musée Maillol explore le thème des vanités. Remontant le fil du temps, les 150 pièces exposées démontrent comment chaque civilisation s'est appropriée la mort. Et le cycle de la vie.

La dernière partie  propose une autre vision de la mort, celle du pop-art. Des crânes roses et verts d’Andy Warhol aux graffitis "vaudouisants" de Jean-Michel Basquiat, la mort est détournée et colorée. Du côté de la scène allemande, les nouveaux fauves s’emparent du sujet. Ce sont les années sida. Gerhard Richter, Georg Baselitz ou Markus Lüpertz font ressurgir des portraits posthumes et ressuscitent des peintures réalistes de crânes.
A l’aube du XXIe siècle, l’épouvante devient phénomène de mode, évacuant toute notion d’effroi. La photographe américaine Cindy Sherman fleurit un crâne tandis que la vidéaste serbe Marina Abramovic promène un squelette sur son dos.

Loin d'être une célébration macabre, l’oxymore du titre de l'exposition "C’est la vie", sous-titrée "Vanités : De Caravage à Damien Hirst" résonne comme un hymne à la vie.

Au 20ème siècle et même au 21 siècle on se passionne encore pour les procès, nouvelle tragédie des temps modernes qui nous concernent, tant nous éprouvons avant de les réprouver, de les refouler dans notre inconscient (diraient les psychanalystes auxquels nous confions nos tourments moyennant rétributions, comme à de nouveaux prêtres écoutant leur ouailles en confession, gratuite mais dangereuse pour les jeunes enfants qui sont sommés de confesser l'éveil de leur sexualité), les mêmes sentiments, les mêmes émotions.
Qu'est-ce qui fait que le meurtrier qui nous ressemble tant soit passer à l'acte et pas nous ?
En inventant nos mythes et légendes fondateurs, nous avons refoulé le chaos, le  Néant, en inventant des règles pour vivre en harmonie dans une société pacifiée où nous ne supportons plus la violence, où nous glorifions le travail au point d'en donner à nos prisonniers, après l'avoir tant dédaigné ; nous avons condamné le fratricide , le parricide, les infanticides, les régicides, les ethnocides, les génocides, les suicides, les supplices (cherchez l'intrus). Nous commençons à dénoncer la pédophilie (mollement chez les curés et les instits), l'homosexualité (elle encore un crime dans certaines banlieues où les grands règnent avec les caïds) le tourisme sexuel (n'est-ce pas notre ministre de la culture), les viols (n'est-ce pas notre meilleur cinéaste français d'origine Polack  et juif), les femmes mûres délaissées (n'est-ce pas Sylvie)  par de vieux machos (Ils se reconnaîtront , on ne supporte plus les balances depuis Vichy), le harcèlement ( on le supporte mollement depuis le salariat et malgré les lois que personnes n'appliquent depuis qu'elles sont si nombreuses et qu'on sait, depuis Sarkozy, qu'elles sont faites par des hommes politiques qui cherchent à être réélus), la discrimination (pas vrai Mohamed), la pollution (pas vrai Sarkot-Hulot/te-Borlot-Jouannot/Lapin-L'hélicot), le réchauffement climatique (pas vrais les climato-sceptiques), négation (n'est-ce pas Dieudonné) de la (bio)diversité (n'est-ce pas Madame qui n'aime pas qu'on lui tienne la porte)...

Le châtiments des criminels :

- par la guillotine

Pendant la Grande Terreur, en 1793 et 1794, environ 17.000 condamnés auront à la connaître. Elle recueillera en France un vif succès populaire jusqu'au 29 juin 1939, date à laquelle les exécutions cessent d'être publiques.

Les armées de la Révolution et de l'Empire diffusent l'invention dans les pays conquis. C'est ainsi que la guillotine sera utilisée jusqu'au milieu du XXe siècle comme instrument d'exécution dans certains Länder allemands telle la    

La dernière exécution remonte en France au 10 septembre 1977.

 

 Exécution de Louis XVI, place de la     La guillotine, machine à tuer inventée
révolution, le 23 janvier 1793                par la révolution

- Par le peloton d'exécution commandé par les grands criminels dont la grandeur nous fascine encore aujourd'hui, tel Bonaparte devenu Napoléon (de révolutionnaire à Empereur, de Général à massacreurs comme les grecs pendant la guerre de Troie).

 

http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/files/2009/03/francisco_de_goya_y_lucientes_023.jpg
Goya - Tres de Mayo (1814)

Tres de Mayo (en français Trois mai) est le plus célèbre tableau du peintre espagnol Francisco Goya, conservé au musée du Prado à Madrid, cette toile est également connue sous le nom Les Fusillades du 10 mai ou en espagnol sous les noms de El tres de mayo de 1808 en Madrid

 

Ce tableau est la suite directe des évènements de la nuit du 2 au 3 mai 1808 où les soldats français - en représailles à la révolte du 2 mai - exécutent les prisonniers espagnols qu'ils ont faits au cours de la bataille.

Le sujet de la toile, sa présentation ainsi que la force émotionnelle qu'elle dégage font de cette toile l'une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à la guerre.

L'exécution  par un faux-vrai peloton, tournée en dérision par un peintre chinois contemporain :

Peloton d'exécution par le peintre chinois yue-Minjun

 

- par la chaise électrique :

Andy Warhol <i>Big electric chair </i>, 1967-1968 Encre sérigraphique et peinture acrylique sur toile, 137,2x185,3 cm Paris, musée national d'art moderne

Andy Warhol Big electric chair , 1967-1968

Encre sérigraphique et peinture acrylique sur toile, 137,2x185,3 cm Paris, musée national d’art moderne

 

 

- Par la guerre ; Edgar Degas : "Scènes de guerre au Moyen-Age"

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0024/m503104_93de6051_p.jpg

Les malheurs de la ville d'Orléans (1865)

Si Degas fait officiellement partie des impressionnistes, il ne les rejoint pas dans leurs traits les plus connus. Sa situation d’exception n’échappe pas aux critiques d’alors, souvent déstabilisées par son avant-gardisme. Degas exécuta de nombreuses copies des grands classiques du Musée du Louvre. En Italie où il visite méticuleusement palais et musées.                     Dans ses premières œuvres dominent les thèmes historiques En 1855, il commence à suivre des cours à l’ École des Beaux-Arts de Paris ; cependant, préférant approcher directement l’art des grands maîtres classiques, il entreprend de 1856 à 1860 de nombreux voyages en Italie, où il se lie d’amitié avec le peintre Gustave Moreau.

- Géricault aime les scènes morbides où il peint les hommes de guerre (les officiers et soldats).
Fils de famille, Théodore Géricault suit ses parents à Paris et fait ses études au lycée Louis-le-Grand. Son goût le portant vers la peinture, il entre dès 1808 dans l'atelier de Carle Vernet, où il s'initie à la technique de David. Parallèlement, il plante son chevalet au Louvre et s'emploie à faire des copies de grands maîtres – surtout Rubens et les peintres de la Renaissance italienne.
Première peinture qualifiée de « romantique », puis prennent place d'autres portraits de soldats qui annoncent Gustave Courbet (Officier de carabiniers, Rouen) ou qui sacrifient à une inclination pour le morbide (la Charrette de soldats blessés, Fitzwilliam Museum, Cambridge [G-B]).
Géricault fait « son » voyage d'Italie en 1816-1817. À Florence, puis à Rome, il avoue son admiration pour Michel-Ange et pour Raphaël. De cette époque datent des dessins qui traduisent son assimilation personnelle du classicisme.

http://a34.idata.over-blog.com/0/44/43/00/-chocolat-et-fantaisies/gericault-pied-main.jpg

Géricault - Etude : pieds et mains

 

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