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Eclaircie après la pluie -
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4 mars 2010

Utopie pour le meilleur et le pire

 Le mot utopie apparaît pour la première fois en 1516 sous la plume de l'Anglais Thomas More (1478-1535) qui a appelé son île imaginaire,  Utopia.

N'oublions pas le modèle de "la cité idéale" décrite par Platon dans "la République", livre qu'il a écrit vers le 4ème siècle A.C., et reprenant les dialogues de Socrate, où l'homme, oubliant le Paradis divin promis pour demain, commence une vie heureuse, file le bonheur ici et maintenant sur cette terre où il est né, où Dieu l'a fait naître mortel, presque à son image, le sortant de sa cuisse. Toutes ces chimères témoignant d'une société meilleure a toujours été imaginée par les hommes, insatisfaits du sort que leur réservait l'élite des élus qui gouvernaient à leur destinée.
L'utopie ne permet-elle pas de rêver à un futur meilleur qui rendrait tous les hommes heureux ici-bas sur cette terre.
C'est un travail d'imagination, de pensées, de conception qui réjouit ceux qui doivent penser, nos intellectuels ( les philosophes, les littéraires), tous les créateurs dignes de ce nom, tous ces artistes (architectes, écrivains...), ces révolutionnaires, à qui nous rendrons hommage ici, parce qu'ils nous ont fait rêver aussi avec eux. Nous aussi, nous avons cru au progrès, même si parfois on s'est réveillé en plein cauchemar.

Finalement, il y a trois sortes d'utopies fondatrices :

  • une société idéale toute entière (catégorie à laquelle on peut rattacher Thomas more, Platon, et les socialistes du 19ème siècle, les révolutionnaires se réclamant du marxisme ),
  • les micro-utopies qui concernent un groupe de personnes qui décident de vivre selon leurs principes, leurs valeurs en marge de la société actuelle (on peut ranger dans cette catégorie les soixante-huitards - rejetés par tous les libéraux - , qui décidèrent de vivre dans le sud de la France avec les chèvres, les membres de l'abbaye de Rabelais, les membres plus ou moins volontaires des phalanstères ou des micro-sociétés idéales imaginées par des esprits altruistes, tout comme certains architectes qui imaginèrent des bâtiments pour les... ouvriers ou le film Métropolis de Fritz Lang),
    enfin on peut ranger parmi les utopies,
  • les sociétés reconstruites par un seul homme tel Robinson Crusoé, reparti de rien sur son île déserte ou Vendredi imaginé par Michel Tournier.

Commençons par les utopies totales, celles où est conçue par l'esprit, a priori, la société idéale (concevoir une société non idéale serait absurde, la société réelle est bien mieux placée pour ça), les sociétés actuelles sont d'ailleurs rejetées par tous  les utopistes, à commencer par la religion qui n'imagine même  pas que le bonheur puisse existait sur cette terre ; l'homme sera enfin heureux après la mort, au Paradis, s'il est élu.

http://i82.servimg.com/u/f82/11/02/16/90/a300010.jpg

Adam et Ève chassé du Paradis - Peinture de Miche-Ange

Ces utopies totales ont été souvent qualifiées par les contre-utopistes de totalitaires, comme les sociétés réelles, issues du Marxisme ( le socialisme scientifique par opposition au socialisme qualifié d' utopique par Marx lui-même) ; comme quoi le passage de la conception à la pratique (à la praxis, dirait Platon avant Marx).
La plus effrayante, pas si ancienne, fut la Révolution cambodgienne qui aboutit à de vastes assassinats et à la déportation à la campagne, des citadins lettrés ; encore présentes mais pas si idéales que ça pour les nouveaux prolétaires qui n'ont pu faire partie de la classe des riches du Parti unique censé savoir seul ce qui est bon pour le peuple : la Chine et sa révolution culturelle des Gardes-Rouges, Cuba et son bon père Fidel et la Corée du Nord et sa clique au pouvoir; l'URSS et sa Nomenklatura a (presque) disparu avec les pays de l'Est qui sont devenus plus libéraux que les commissaires de la Communauté Européenne, mais les rideaux de fer de tout acabits subsistent (l'utopie a encore de beaux jours devant elles ; les évangélistes de tous poils se frottent les mains). Voir "le livre noir du communisme".

Vue aérienne du Familistère.

Familistère Godin, phalanstère d'Arc et Senans, père des peuples

Alors que l'utopie me parait encore aujourd'hui plus indispensable.
Ce n'est pas parce que le socialisme réel n'a pas marché que nous allons attendre la fin de l'exploitation du capitalisme, la fin de sa dichotomie. Les riches d'un côté et les pauvres de l'autre. Je sais bien cette façon de dire n'a plus la cote mais elle décrit une réalité sans euphémisme, sans gants. Il y a d'un côté ceux pour qui la crise est fini et les autres ; ceux qui sont protégés (encore par la société, grâces aux utopies antérieures; si les ouvriers avaient écouté leur patron qui sait comment une entreprise marche - entreprise qu'il confond avec sa lessiveuse qui blanchit notre argent dans un paradis fiscal ; encore un paradis pour ceux qui ne paient pas les services publics qu'ils décrient par ailleurs - on serait toujours au 19ème siècle, avec les enfants dans les mines, 12 heures de travail par jour, sans congés hebdomadaires ou annuels.
Vous ne travaillez pas assez, disait notre candidat à la présidence, qui n'avait pas lu les rapports de l'OCDE ; d'ailleurs, il ne lit pas. La "princesse de Clèves" (écrit par Mme de La Fayette), c'est inutile pour gouverner, disait-il.
Ce qui est plus utile, est d'enrichir les riches qui l'ont bien mérité. Si les pauvres sont pauvres, c'est qu'ils l'ont bien cherché, ils n'ont pas saisi l'égalité des chances qu'on leur tendait.

On le voit bien, l'utopie est indispensable, tout comme la contre-utopie  qui ne doit pas être étouffée sous peine de revoir des Goulags ou des massacres.

Arc et Senans dans le Doubs, une saline idéale

On l'a bien compris les capitalistes, qui vilipendent les patrons véreux et veulent moraliser le capitalisme, se frottent les mains aussi, avec les conservateurs de tout poil. L'utopie serait morte avec le socialisme scientifique réel. La crise serait finie, derrière nous puisqu'on renoue avec la croissance. Oublié Stigliz et son rapport sur le calcul du PIB, oubliés les patrons-voyous, oublié le scandale de l'UIMM dont les dirigeants s'en sont mis plein les poches, oublié le déficit, les promesses du Grenelle, le diner symbolique du Fouquet's, oubliée la morale de Tony Blair.
"Vive la crise" disait déjà Yves Montand, on voit bien qu'il ne la subissait pas comme tous les chômeurs en fin d'indemnisation ou les licenciés des entreprises mondialisées qui font de gros profits en Bourse, grâce à l'argent placé par leur banque qui ne veut plus leur prêtait pour qu'elles investissent et créent de nouveaux emplois pour nos enfants.
Alors que l'utopie me parait encore aujourd'hui plus indispensable . Ce n'est pas parce que le socialisme réel n'a pas marché que nous allons attendre la fin de l'exploitation du capitalisme la fin de  sa dichotomie simpliste. Les riches d'un côté et les pauvres de l'autre. Je sais bien cette façon de dire n'a plus la cote mais elle décrit une réalité sans euphémisme, sans gants. Il y a d'un côté ceux pour qui la crise est fini et les autres ; ceux qui sont protégés (encore par la société, grâces aux utopies antérieures; si les ouvriers avaient écouté leur patron qui sait comment une entreprise marche - entreprise qu'il confond avec sa lessiveuse qui blanchit notre argent dans un paradis fiscal ; encore un paradis pour ceux qui ne payaient pas les services publics qu'ils décriaient par ailleurs - on serait toujours au 19ème siècle, avec les enfants dans les mines, 12 heures de travail par jour, sans congés hebdomadaires ou annuels. Vous ne travaillez pas assez disait notre candidat à la présidence, qui n'avait pas lu les rapports de l'OCDE ; d'ailleurs, il ne lit pas la princesse de Clèves, c'est inutile pour gouverner, ce qui est plus utile, est d'enrichir les riches qui l'ont bien méritaient. Si les pauvres sont pauvres, c'est qu'ils l'ont bien cherché,ils n'ont pas saisi l'égalité des chances qu'on leur tendait. Fritz Lang avait déjà divisait la population en deux dans son flm, Métropolis, la ville haute était réservée aux riches pendant que la ville basse était peuplée de pauvres. Cette dichotomie est présente partout : le centre et sa périphérie, sa banlieue au delà du boulevard périphérique, les précaires et les salariés protégés ...

On le voit bien, l'utopie est indispensable, tout comme la contre-utopie  qui ne doit pas être étouffée sous peine de revoir des Goulags ou des massacres. la revendication de liberté semble fondamentale, l'homme ne peut se satisfaire d'un bonheur imaginé sans lui. L'individu n'est pas identique à son voisin, son bonheur ne peut être coulé dans le même moule, il ne peut accepter un bonheur sans liberté et pourtant il ne se résigne pas :  "il y a pire que l'utopie réalisée, c'est l'absence d'utopie car à ce moment-là il n'y a pas non plus de contre-utopie, donc de débat".

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