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Eclaircie après la pluie -
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11 février 2010

Reconstruire Haïti

Haiti, drapeau haitien, Drapeau Haiti - 90 x 150 cm, Wikipédia : Haïti est un État, situé en Amérique, dans la partie ouest de l'île d'Hispaniola, l'autre partie étant occupée par la République dominicaine. Port-au-Prince en est la capitale. Son ancien nom est Saint-Domingue.

                 Drapeau haïtien
(avec au centre l'emblème de la nation haïtienne qui porte la légende "l'union fait la force").

La devise nationale est: Liberté - Égalité - Fraternité.

Le pays est installé dans l'urgence, un mois après le séisme : libérer les morts encore enfouis sous les éboulis de leur demeure, soigner les blessés, bien souvent amputer,  se nourrir et vivre ailleurs que dans la rue. Ce pays dévasté, livré à lui-même ou à l'aide immédiate des États-sauveurs ou des ONG, doit se reconstruire à partir de rien.
Il faut tout repenser avec les Haïtiens et non sans eux, au-delà de l'aide d'urgence.

http://www.rfi.fr/actufr/images/101/chine_tremblement_de_terre432.jpg

Port-au-Prince.
D'abord retrouver les blessés sous les décombres

Le directeur de MSF affirmait de son côté que " les églises, les associations, les comités de quartier formaient le tissu social permanent d'une nation".
Les États (pourquoi pas l'association les "amis d' Haïti", coordonnés par la France et les États-Unis) doivent remettre en route les institutions haïtiennes, sans mise sous Tutelle.
Il faut confier aux haïtiens eux-mêmes la reconstruction de leur pays et leur donner les moyens de créer leurs propres emplois (et non en faisant venir uniquement des entreprises extérieures avec des employés étrangers).
On ne parle dans les médias que des sauveteurs blancs au beaux uniformes qui ont dégagé des centaines de corps au péril de leur vie. On passe sous silence la solidarité inter-haïtienne. Beaucoup de haïtiens sans abris ( près de 1 millions de personnes déplacées) et sans ressources ( 78% de la population a moins de 2 Euros par jour de revenus, alors que les prix se sont  envolés) n'ont vu aucun secours (indispensable mais insuffisant) et n'ont pu compter que sur eux-mêmes ou sur cette solidarité inter-haïtienne, certes moins spectaculaire pour fournir de belles images au Journal Télévisé du soir que le téléspectateur regarde d'un œil distrait en surveillant les "yeux" qui pourraient surnager sur sa soupe.
Voir à ce sujet l'émission de Daniel Schneiderman "Arrét sur images" consacré au traitement de ces sauvetages dans les JT.

On ne parle pas non plus des effets secondaires de l'aide d'urgence
sur le devenir du pays. En effet si l'aide est concentré sur Port-au-Prince pour des facilités d'organisation, les rescapés vont rester pour obtenir des rations de survie dont ils deviendront dépendants, alors qu'une grande partie de la reconstruction se fera dans les autres provinces où la majorité des habitants sont restés paysans. N' oublions pas que avant de se retrouver chômeurs dans la capitale, 70% des haïtiens était d'origine rurale.
On ne dit pas que la nourriture distribuée,  c'est la mort de l'agriculture haïtienne locale.
C'est un effet paradoxal de l'aide d'urgence. Mais à long terme, elle peut se révéler néfaste.
Il en est de même pour les sans-abris que l'on reloge le plus rapidement possible sous des tentes qui ne peuvent être qu'un abri provisoire qui risque de se prolonger.
Illustration par le travail d'une ONG, Caritas : " A Port-au-Prince, les rues sont toujours encombrées la nuit par des centaines de campements de fortune. Caritas achète des tentes en grand nombre pour mettre les victimes du séisme à l’abri.
Une course contre la montre est engagée, à l’approche de la saison des pluies et des tempêtes tropicales. Ces événements climatiques sont attendus à partir d’avril. Caritas Autriche gère l’achat de 10 000 à 15 000 tentes pour le compte du réseau mondial des Caritas. Le Secours Catholique-Caritas France participe au financement. L’Organisation internationale des migrations fournit de son côté près de 30 000 tentes familiales pouvant accueillir 150 000 personnes. Des « villages » et des « villes » de tentes vont être installés aux abords de la capitale, a indiqué le ministre de la santé haïtien. Ces installations parent au plus pressé. Elles devraient être provisoires. L’Office international des migrations  (qui dépend de l'ONU) en appelle déjà à la construction rapide de logements en dur. Ceux-ci seront-ils parasismiques, à l’image de la tour de l’opérateur de téléphonie mobile Digicel ? L’immeuble a résisté au séisme. Dés le soir de la catastrophe, des employés et des techniciens travaillaient au rétablissement des communications
".
Frêche ( le Président, cultivé, de la Région "Languedoc-Roussillon" abandonnée par ces Jacobins de parisiens) dirait que ces tentes ont des têtes pas "catholiques" bien que montées par le Secours catholique , soulevant ainsi l'ire tardif de Martine Aubry, la Présidente élue du Parti de la rue Solférino à Paris, pas à Lille où Martine est Maire (je le rappelle pour ceux qu'ils l'auraient oublié), avec un e même si ça ne se voit pas .

La communauté internationale a l'air consciente du problème, puisqu'une conférence s'est tenue rapidement à Montréal qui réunissaient les premiers donateurs, c'est à dire essentiellement les pays riches et l'ONU, jusqu'ici dominée par eux.

http://www.infohaiti.net/photos/images/bill_clinton_6juil_2.gif

Bill Clinton émissaire des Nations Unies à Haïti

Bill Clinton, envoyé spécial de l'ONU s'était une première fois rendu à Davos pour convaincre les investisseurs privés de faire du business avec Haïti (avait-il était entendu, alors que la Banque Mondiale classe ce pays  parmi les moins accueillant pour les investisseurs du fait d'une corruption généralisée ?). Il avait visité le pays et ce qu'il en restait avec 200 entrepreneurs, après l'ouragan qui avait dévasté l'île en 2008.
Une aide avait été apportée au pays, que le gouvernement mal élu et corrompu s'était empressé de dilapider. A Haïti c'est l'ensemble de la fonction publique qui est corrompue sans être inquiétée car fermant les yeux sur la prévarication du gouvernement. Ce gouvernement et l'ONU a été incapable de dire où était passé l'argent donné pour reconstruire et relancer l'économie d' Haïti.
Beaucoup d' Haïtiens se sont plaints d'ailleurs de l'inactivité de leur gouvernement pendant la catastrophe et avant qui a préféré se rendre au sommet de Montréal sur le reconstruction du pays que d'aller dans les quartiers dévastés, les mains vides, pour soutenir sa population.

Le premier ministre d'Haïti Jean-Max Bellerive, le ministre canadien des Affaires étrangères Lawrence Cannon et la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

Le premier ministre d'Haïti Jean-Max Bellerive,

le ministre canadien des Affaires étrangères Lawrence Cannon et
la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, à la conférence de Montréal

A Montréal la communauté internationale préfère que les haïtiens soient représentés par leur gouvernement qu'il ont longtemps laissé faire avec l'aide des ONG et de l'ONU qui malgré son action également contestée reste présente à Port-au-Prince.
Ainsi la reconstruction sera co-pilotée par les autorités haïtiennes qui auront besoin de l'implication de tous (avec un contrôle renforcé sur le gouvernement et l'ensemble de la fonction publique pour éviter, notamment, de laisser la corruption impunie ?) et la communauté internationale.
C'est ce que laisse entendre le Devoir, quotidien du Québec :
"La conférence sur Haïti, qui a réuni les représentants de différents pays donateurs aujourd’hui à Montréal, leur a permis de rédiger une feuille de route et de jeter les bases d’une autre rencontre, qui aura lieu en mars prochain au siège des Nations unies, à New York. Ainsi, ils se sont entendus pour remettre sur pied les institutions économiques, démocratiques et de développement social d’Haïti, dans le respect de sa souveraineté et des principes de durabilité, d’efficacité et de reddition de comptes.
Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon, qui présidait la réunion de Montréal, l’a annoncé en fin d’après-midi lors de la conférence de presse finale.
Les représentants de près d’une quinzaine de pays de même que d’organisations internationales étaient à Montréal pour discuter de l’aide humanitaire nécessaire et de la reconstruction de la Perle des Antilles, dont la capitale Port-au-Prince s’est littéralement effondrée le 12 janvier.
Et de l’avis général, cette nouvelle page de l’histoire haïtienne devra être dirigée par le gouvernement du pays lui-même."

L'heure est semble-t-il maintenant a une concurrence accrue entre les membres de cette communauté internationale représentait par les diverses institutions internationales ou les États ou les ONG ?
Bill Clinton et l'ONU ont d'ores et déjà débloqué une aide d'urgence de 100 000 millions de dollars. De son côté la communauté européenne a dit qu'elle allait consacrer plus de 400 000 millions d'euros à la reconstruction Haïti. Et  l'ANSUR vient de se réunir le 10 février à Quito en Colombie pour discuter entre les 12 membres de cette jeune organisation d' Amérique du Sud d à cette question. Elle a débloqué 100 000 millions et demander à la banque interaméricaine dont l'activité consiste à financer des projets de développement en Amérique du Sud et dans les pays de la Caraïbe, de développement de consacrer 200 000 millions à Haïti.

http://www.lenouvelliste.com/images/nouvelliste/2010-02-09/quito.jpg

René Préval à Quito avec le président équatorien.

Le coût de la reconstruction est évaluée entre 4 et10 milliards de dollars, suivant ce que propose les uns et les autres, entre grandes œuvres architecturales et constructions légères. La reconstruction devrait durer 10 ans  selon le ministre canadien des affaires étrangères et devrait se dérouler étapes par étapes.

Village de tentes à Haïti après le séisme (20/01/2010)

L'organisation internationale pour les  migrations (l'OIM) a chiffré

à 100.000 le nombre de tentes nécessaires

D'abord les réseaux (eau, assainissement, électrique, routes notamment pour rétablir les transports en commun...) seront rétablis.
Puis il faudra remettre en fonction les immeubles des institutions aux fonctions sociales collectives telles que les centres de soins divers, les écoles, les prisons, les postes de police, les bâtiments administratifs.
Enfin il faudra regarder l'état des immeubles privés et des maisons individuelles ; en attendant il faudra consolider les constructions qui pourront être sauvées, et bâtir des constructions légères mais durables pour les plus pauvres pour remplacer les nombreux bidonvilles et leurs habitats de fortunes qui se sont effondrés sans causer heureusement trop de morts par rapport au maison en mauvais béton.

Bref, il n'y a pas de bonnes solutions et peu coûteuses, tellement les sans-abris sont nombreux, entassés sur des places de Port-au-Prince ; des camps de réfugiés s'installent au risque de durer, d'autant que la saison des pluies est prévue pour mai-juin.
Il faut faire vite pour remplacer ces tentes qui constituent pour les familles une amélioration de leurs conditions de vie, par des habitations légères à ossature bois et bâches pour le toit, appelées à durer plus longtemps même provisoirement. Ces habitations d'urgence en kits de 18 m2 chacun, ont déjà étaient expérimentées au Pakistan pour héberger en urgence des victimes d'un tremblement de terre. Il s'agit d'un module de base qui peut être adapté aux situations familiales. Pour les monter les Haïtiens pourront  être mis à contribution moyennant salaires pour le pays retrouve un début d' activité économique.
Il serait souhaitable aussi que le maximum de personnes  ait une formation  aux constructions et aux normes parasismiques et anticycloniques. Ce qui manifestement a manqué pour sauver de nombreuses vies humaines.

Plusieurs scénarios sont envisagés.
- Déplacer des populations à la campagne et reconstruire sur des terrains plus éloignés des zones sismiques ou
- Déblayer rapidement les décombres dans port-au-Prince et installer ensuite des abris sommaires, en revenant dans son quartier où l'on noue plus facilement des solidarités qui seront nécessaires pour gérer les traumatismes qui ne manqueront pas de réapparaître.
Il faudra tirer les leçons des catastrophes récentes où les abris d'urgences sont toujours là. Or l'abri de survie peut être améliorer par les personnes qui y vivent et en font un habitat durable. Il est préférable de construire avec des matériaux trouvés sur place mais Haïti manque de ressources.
Toute construction doit partir de la culture des habitants à reloger et cette période de crise doit être mise à profit pour repenser le "vivre ensemble". il faut réfléchir avant d'adopter l'enchaînement  des solutions, entre  le provisoire et le durable.

3.sigli170906_014.jpgindonesie_clinique.jpg

Des logements provisoires en dur en Indonésie
proposés par la Fondation "les architectes de l'urgence
"

Il est vrai que la trop grande centralisation autour et dans Port-au-Prince a fait perdre à Haïti une grande partie de son PIB et la localisation des personnes devra aussi tenir compte de cet inconvénient. Ainsi la Banque Interaméricaine a un projet de constructions de 30 000 maisons à Croix-des-Bouquets, à 17 km de Port-au-Prince.

Liens: Fondation Architectes de l'urgence

Cette fondation, cofondée avec l’Ordre des Architectes français a pour but :
- de soutenir et développer l’engagement humanitaire des architectes en France et dans le Monde et de contribuer ainsi au rayonnement de l’architecture,
- d’apporter la compétence des architectes au secours des populations éprouvées par les catastrophes naturelles, technologiques ou humaines,
- d’encourager la formation des architectes en France et dans le Monde,
- de conserver et promouvoir le patrimoine architectural, historique et culturel mondial.
Site de la Fondation en cliquant ici

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